Terrifier (2016) de Damien Leone

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Ce long métrage, d'abord passé inaperçu, a connu un regain d'intérêt grâce au succès surprise de sa suite "Terrifier 2" (2022) qui a amené au "Terrifier 3" (2023) qui a eu droit à une sortie en salles plus importante. Au départ il s'agit d'un personnage, Art le Clown qui apparaît la première fois dans le court métrage "The 9th Circle" (2008) où il n'était qu'un rôle secondaire. Mais un petit buzz très positif de fans ont poussé le réalisateur-scénariste Damien Leone a lui consacrer un prochain court métrage avec "Terrifier" (2011) avant de l'intégrer également dans le film à sketchs "All Hallow's Eve" (2013). En 2015 le cinéaste lance une campagne de financement participatif afin de financer l'adaptation de "Terrifier" en long métrage. Le projet prend son envol quand il reçoit le soutien de Phil Falcone qui devient producteur aux côtés de Damien Leone qui assume lui les casquette de producteur-réalisateur-scénariste-superviseur des effets spéciaux. Avec un budget limité de 35 000 dollars le pari est osé surtout avec un film interdit au moins de 16 ans en France, au moins de 17 ans aux Etats-Unis... Pendant la nuit de Halloween, plusieurs femmes tentent d'échapper à un meurtrier déguisé en clown funeste... 

Le casting est composé d'acteurs méconnus, souvent plus habitué aux apparitions et petits rôes. Art le Clown est incarné par David Howard Thornton qui remplace l'acteur originel du court métrage après avoir convaincu en envoyant une vidéo où il incarnait Art le Clown en mime. Citons ensuite Samantha Scaffidi aperçue dans "The Networker" (2015) et "Sarah Q" (2018) tous deux de John A. Gallagher, Jenna Kanell apparue dans "The Front Runner" (2018) de Jason Reitman, "Renfield" (2023) de Chris McKay ou "Bad Boys Ride or Die" (2023) de Adil El Arbi et Bilall Fallah, Katie Maguire apparue notamment dans "Red Canyon" (2008) de Giovanni Rodriguez, Catherine Corcoran  aperçue dans "Outsider" (2017) de Philippe Falardeau ou "Long Lost" (2023) de Erik Bloomquist, Pooya Mohseni apparue dans "Subways" (2014) de Dane Harrington Joseph ou "See You Then" (2021) de Mari Walker, Matt McAllister aperçu dans diverses séries TV, Cory DuVal apparu dans "Rent" (2005) de Chris Columbus ou "The Village Babershop" (2008) de Chris J. Ford, Gino Cafarelli aperçu dans "Raisons d'Etat" (2006) de et avec Robert De Niro ou "Fighter" (2011) de David O. Russell, Margaret Reed apparue régulièrement dans divers rôles dans la série TV "New-York Police Judiciaire" (2022-2020) et dans le film "The Jesus Rolls" (2019) de et avec John Turturro... Le clown tueur psychopathe est un sous-genre en soi tant il existe de films d'horreur sur ce personnage (au moins une centaine de films existent), on peut citer "Clownhouse" (1989) de Victor Salva, "Il est revenu" (1990) de Tommy Lee Wallace, "La Maison des Mille Morts" (2003) de Rob Zombie, "Balada Triste" (2011) de Alex de La Iglesia, "Dark Clown" (2014) de Conor McMahon, "Clown" (2014) de Jon Watts, "Circus Kane" (2017) de Christopher Ray ou les plus récents "Ca" (2017-2019) de Andy Muschietti... Mais dans ce film ce qui frappe en premier reste la singularité du clown, un clown entièrement muet et dont le look est dépourvu de couleurs, exit donc le nez rouge ou la grande bouche au rouge à lèvre outrancier, exit même le vert ou le bleu ici c'est la version démoniaque ++ de Marylin Manson et clairement visuellement ce clown est d'office aussi dérangeant que malsain. Ensuite on constate par contre que le style visuel est particulier, au grain de pellicule très eighties, la photographie granuleuse en fait quasi un film anachronique. Clairement on comprend que ce soit un film fauché, pourtant il y a des limites à l'excuse, son budget est largement supérieur par exemple à "Paranormal Activity" (2007) de Oren Poli. Mais il est tout à fait possible que ce soit un hommage en témoigne la dédicace du réalisateur aux maîtres du genre Wes Craven et Tobe Hooper.

En tous cas c'est efficace, le film s'inscrit aisément dans l'esthétique des années 80, le côté kitsch et vintage donne un certain charme avec une pointe de nostalgie. Mais il faut avouer qu'outre le style on se dit que tout le budget est passé dans les salaires car un générique nous avons seulement une petite dizaine de personnages dont 4-5 principaux, ce qui est étonnant puisqu'on est censé être la nuit de Halloween. La ville semble pourtant déserte et c'est peu de le dire, pas un pèlerin, pas une voiture pas un clients qui traînent pour quiconque. Sinon le cinéaste est un fan des films d'horreurs et ça se voit tant il recycle le cahier des charges du genre et ce, même si il réussit plusieurs séquences de façon particulièrement efficace comme dans le côté malaisant (la rencontre entre le clown et les deux femmes dans le fast food ou le clown efféminé clairement inspiré de Buffalo Bill dans "Le Silence des Agneaux" en 1991 de Jonathan Demme) que dans le côté gore (plusieurs passages sont particulièrement sanglant et/ou choquant). Par contre on est surpris de voir un gars frapper au crâne avec hargne et qui revient par le saint esprit avec une simple éraflure (?!). Par là même on est surpris par la fin, d'abord une fin qui paraît audacieuse mais non le réalisateur ne peut s'empêcher de passer la ligne jaune qui nous fait virer vers un soupçon de fantastique qui n'avait pas lieu d'être. Art le Clown est magnifiquement incarné par David Howard Thornton qui en fait d'emblée un des clowns les plus cultes du cinéma de genre. On en dira pas autant des jeunes femmes, aussi interchangeables les unes que les autres dont une surtout qui est particulièrement mauvaise, Samanta Scaffidi (la soeur) qui ne sait rien faire de bien, ni pleurer ni crier de façon crédible ni même cogner d'ailleurs. En conclusion un film d'horreur fauché mais qui reste un hommage gore et trash qui n'est pas déplaisant, pour les amateurs du genre et effectivement à éviter pour les plus sensibles et aux féministes qui risquent de prendre ça trop à coeur !

Note :  

12/20