Cinéma | LE ROBOT SAUVAGE – 16,5/20

Cinéma ROBOT SAUVAGE 16,5/20

De Chris Sanders

Chronique : Une merveille. Le Robot Sauvage est un petit bijou qui confirme le virage amorcé par Dreamworks avec l’excellent Chat Potté 2 (2022), comme beaucoup d’autres studios d’animation influencés par la claque visuelle assénée par Spider-Man Into the Spiderverse en 2018.
En s’affranchissant d’une recherche absolue de réalisme qui a longtemps prévalu, les animateurs retrouvent une licence artistique qu’ils avaient égaré en route. Le Robot Sauvage en est l’éclatante illustration. Il prend le risque de dérouter en adoptant un graphisme singulier et moins standardisé, une démarche qu’on pourrait assimiler à un retour aux sources et aux dessins à la main.
L’animation est somptueuse, la peinture exquise, que ce soit pour donner vie aux personnages, animaux ou robots, ou à des décors splendides, un océan hostile ou cette forêt foisonnante et fascinante. On le remarque d’autant plus lors des grands moments de bravoure qui cadencent le film avec une virtuosité étourdissante, un niveau de détail inouï, des mouvements de caméra ébouriffants, de jour, de nuit, sous la pluie… Épatant.
Mais ce style éblouissant n’a de sens que s’il sert un propos puissant. Or on retrouve la profondeur d’écriture et de traitement des équipes derrière la saga Dragons (Chris Sanders à la réalisation, Deblois à la production), franchise la plus forte émotionnellement de Dreamworks. Le Robot sauvage est une fable écologique qui unit la technologie et la nature dans un geste artistique d’une rare poésie. Mais c’est aussi l’histoire émouvante d’un apprentissage, une quête pour l’acceptation de soi, en même temps qu’une bouleversante réflexion sur la filiation et la transmission. La manière dont est traduit l’éveil émotionnel de Roz, une machine, grâce au dessin est stupéfiante. Cerise sur le gâteau, Le Robot Sauvage n’oublie pas d’être drôle, n’hésitant pas à faire parfois appel à un humour noir surprenant pour un film pour enfant, mais se reposant surtout sur un bestiaire aux mimiques burlesques hilarantes et sur des dialogues (du moins en VO) incisifs.
Doté d’un cœur énorme et à la hauteur de la poésie des plus beaux Pixar, Le Robot Sauvage est sans conteste l’un des films d’animation les plus marquants de ces dernières années.
Oui, on n’avait pas été autant ému par un robot depuis Wall-E.

Synopsis : Le Robot Sauvage suit l’incroyable épopée d’un robot – l’unité ROZZUM 7134 alias “Roz” – qui après avoir fait naufrage sur une île déserte doit apprendre à s’adapter à un environnement hostile en nouant petit à petit des relations avec les animaux de l’île. Elle finit par adopter le petit d’une oie, un oison, qui se retrouve orphelin.