All We Imagine as Light (2024) de Payal Kapadia

Premier log métrage de fiction pour l'indienne Payal Kapadia après déjà un documentaire, "Une Nuit sans Savoir" (2021) déjà remarqué au Festiva de Cannes. La cinéaste réitère et s'offre même un joli accueil au dernier Festival de Cannes avec en prime le Grand Prix. Co-production indo-européenne avec une forte participation française, la réalisatrice-scénariste explique son projet : "Les filatures de coton de Mumbai ont largement dessiné le paysage urbain des quartiers où se passe la première partie du film (Lower Parel et Dadar). Quand les filatures ont fermé leurs portes, les gens ont eu beaucoup de mal à rebondir. C'est à ce moment-là que de nombreuses femmes, dont les maris avaient perdu leur gagne-pain, ont commencé à entretenir leur famille. La plupart de ces femmes sont originaires des régions de Raigad et Ratnagiri." La cinéaste a décédé de tourner dans Mumbai même, ce qui a eu deux conséquences, la première est que la ville reste la capitale du cinéma hindi et que les coûts sont plus élevés qu'ailleurs ce qui a légèrement augmenté le budget, l'autre est qu'il n'a pas été possible d'obtenir toutes les autorisations de tournage, résultat, la cinéaste a tourné avec deux caméras, l'une pour les parties autorisées, une autre plus compacte pour tromper les autorités... 

Sans nouvelles de son mari depuis plus d'un an, Prabha, infirmière à Mumbai, s'interdit toute vie sentimentale. De son côtée, Anu, sa jeune colocataire fréquente en cachette un jeune homme qu'elle n'a pas droit d'aimer. Lors d'un séjour dans un village côtier, ces deux femmes empêchées dans leurs désirs entrevoient la promesse d'une liberté nouvelle... Ces deux femmes colocataires sont incarnées par Kani Kusruti vue entre autre dans "Biriyaani" (2020) de Sajin Baabu, "Tryst with Destiny" (2021) de Prashant Nair ou "Girls will be Girls" (2023) de Shuchi Talati, puis Divya Prabha vue dans "Kodiyil Oruvan" (2021) de Ananfa Krishnan, "Ariyippu" (2022) de Maresh Narayanan ou "Family" (2023) de Don Palathara. Citons ensuite Chhaya Kadam vue dans "Fatwa" (2022) de Pratik Gautam, "Jawan" (2023) de Atlee ou "Laapataa Ladies" (2023) de Kiran Rao, Hrihu Haroon vu dans "Thugs" (2023) de Brinda Master et "Mumbaikar" (2023) de Santosh Sivan, puis enfin Azees Nedumangad vu dans "Minal Murali" (2021) de Basil Joseph, "Kochaal" (2022) de Shyam Mohan ou "Theru" (2023) de S.J. Sinu... Le film est scindé en deux parties, qui s'explique aussi par les desideratas du tournage. Ainsi la première partie se situe dans l'effervescence de Mumbai (anciennement Bombay et ses 13 millions d'habitants), et surtout dans le secteur de l'hôpital où travaillent les deux colocataires et leurs collègues. Puis la seconde partie se déroule en province pendant les moissons, où les deux colocataires sont invités par leur troisième collègue.

Donc il s'agit d'amour, ou plutôt de relations conjugales, alors que l'une se refuse à une histoire d'amour car elle se considère mariée avec un homme disparu depuis longtemps des radars, l'autre hindoue a un amant musulman alors que ses parents lui cherchent un mari, et au milieu se trouve leurs collègues qui a des ennuis avec une entité qui souhaite son expulsion. En Inde ce speech se suffit à lui-même pour créer une histoire émouvante, tragique ou pas, ancrée dans une réalité qui peut qu'être passionnante. Dans le style la cinéaste reste focalisée sur un style documentaire, l'immersion est d'autant plus authentique. Mais l'ennui s'installe vite, on baille, on souffle et on se demande quand l'histoire va réellement commencer. En ville outre la drague du docteur pour l'épouse, le jeu de cache cache avec son amant l'autre il ne se passe quasi rien, aucune évolution dans les relations ni dans les personnages. On espère alors un rebondissement ou un twist en province, mais idem, le côté contemplatif s'accentue, mais rien ne se passe avant le dernier quart d'heure avec deux "twist" aussi inepte qu'inoffensif tandis que la question de l'expulsion est tout bonnement occultée. En résumé la réalisatrice-scénariste avait une idée en or mais qu'elle a laissé au statut d'une simple ébauche sans que rien ne soit réellement exploité. Et au final, on se dit que même le titre est plutôt abscon. Reste un magnifique trio d'actrices, quelques instants de grâces et quelques jolis plans. C'est trop peu, juste assez pour une sieste. Dommage...

Note :                 

Imagine Light (2024) Payal KapadiaImagine Light (2024) Payal Kapadia

10/20