Actrice notamment dans "L'Apollonide : Souvenirs de la Maison Close" (2011) de Bertrand Bonello, "Un Peuple et son Roi" (2018) de Pierre Schoeller ou "Brillantes" (2023) de Sylvie Gautier, Céline Sallette passe derrière la caméra pour la première fois. La cinéaste a eu l'idée de porter à l'écran la vie de l'artiste Niki de Saint Phalle (Tout savoir ICI !) après avoir lu une interview datant de 1965 sur le compte Instagram de l'actrice Juliette Binoche. Réalisatrice-scénariste co-écrit son scénario avec Samuel Doux qu'elle a connu sur le film "Rouge" (2020) de Farid Bentoumi et qui a aussi signé des films comme "Irréprochable" (2015) de Sébastien Marnier ou "Making Of" (2023) de Cédric Khan. Les deux auteurs ont décide de se focaliser sur la période 1952-1961. Céline Sallette a pu compter sur le soutien de Jalil Lespert, réalisateur-acteur également qui avait aussi un projet de film sur Niki Saint Phalle. Tous les deux ont le même agent et qui s'avère également celui de Charlotte Le Bon, actrice qui a comblé la réalisatrice constatant plusieurs points communs entre l'actrice et son personnage, à savoir qu'elles ont été toutes les deux mannequins, artistes (Charlotte Le Bon fait de la peinture et de la sculpture), elles ont une double nationalité et une ressemblance physique certaine. Par contre, la réalisatrice a dû faire sans les oeuvres de Niki de Saint Phalle dont les oeuvres sont protégées, mais Céline Sallette explique pourquoi cet obstacle a nourri sa narration : "Ce qui m'intéressait c'était de voir Niki se métamorphoser et le point de vue de l'oeuvre me semblait tout à fait approprié. Il ne s'agissait pas de savoir ce que le spectateur pouvait penser des oeuvres elles-mêmes, mais de voir l'artiste aux prises avec sa création, au plus près, dans sa catharsis."... 1952, Niki de Saint Phalle arrice des Etats-Unis et s'installe à Paris avec son mari et sa fille. Mais malgré la distance, Niki se voit régulièrement ébranlée par des réminiscences de son enfance jusqu'à souffrir d'une dépression nerveuse. Niki va pourtant trouver le moyen de se libérer par l'art...
Niki est donc incarnée par Charlotte Le Bon qui revient en France des années après "Iris" (2016) de et avec Jalil Lespert et qui revient devant la caméra après avoir elle-même réalisé son premier film avec "Falcon Lake" (2022). Les deux hommes de sa vie sont interprétés par l'acteur américain John Robinson vu dans "Les Seigneurs de Dogtown" (2005) de Catherine Hardwicke ou "Broadway Therapy" (2014) de Peter Bogdanovich et qui revient en France après "La Maison" (2022) de Anissa Bonnefont, puis Damien Bonnard vu récemment dans "Une Affaire d'Honneur" (2023) de et avec Vincent Pérez et "Un Silence" (2024) de Joachim Lafosse et qui retrouve après "Le Sixième Enfant" (2022) de Leoplod Legrand sa partenaire Judith Chemla vue dans "Un Hiver en Eté" (2023) de Laetitia Masson et "La Grande Magie" (2023) de et avec Noémie Lvovsky. Citons ensuite Alain Fromager vu récemment dans "Ma France à Moi" (2023) de Benoît Cohen et "Le Consentement" (2023) de Vanessa Filho, Virgile Bramly aperçu dans "Madame Claude" (2021) de Sylvie Verheyde et "Haute Couture" (2021) de Sylvie Ohayon, Grégoire Monsaingeon apparu dans "Jeune Femme" (2017) de Leonor Serraille ou "La Passagère" (2022) de Héloïse Pelloquet, Nora Arnezeder vue entre autre dans "Angélique" (2013) de Ariel Zeitoun, "Army of the Dead" (2021) de Zack Snyder ou "L'Enfant du Paradis" (2022) de Salim Kechiouche, Xavier de Guillebon qui retrouve Céline Sallette après "Mon Âme pour Toi guérie" (2013) de François Dupeyron et vu récemment dans "Le Comte de Monte Cristo" (2024) de Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte... Le film s'ouvre sur un plan quasi icônique qui résume le passé de mannequin de Niki de Saint Phalle avant d'entrer assez dans le vif du sujet, à savoir sa dépression nerveuse qui l'amène en hôpital psychiatrique en 1953. Charlotte Le Bon incarne une merveilleuse artiste avec toute son âme et c'est ce qui sauve le film qui se focalise essentiellement sur les failles psychologiques de l'artiste, ses états d'âmes ou ses déprimes. Malheureusement par le même coup la partie artistique est juste survolée et seulement effleurée. De même ses relations avec les deux hommes de sa vie se résume à l'écran deux histoires assez simples, la première comme une simple relation conjugale et familiale plutôt classique, l'autre comme les prémices d'une aventure.
Céline Sallette ne voit dans ce destin qu'une femme brisée par un lourd secret et qui tente de survivre avec ce drame enfoui, la cinéaste se sert donc de ce destin d'artiste pour servir son magnifique collectif 50/50 mais en vérité elle semble y voir un 80/20. Ainsi le film occulte tout l'art des ces deux hommes, Harry Matthews et sa littérature sont à peine évoquée, Jean Tinguely y est montré en artiste maudit ou du looser alors qu'il est déjà reconnu, le film occulte aussi toute l'influence qu'ils ont pu avoir sur elle. Notons que Niki de Saint Phalle a avoué que son passage en hôpital psychiatrique a formé son inspiration : "J'ai commencé à peindre chez les fous... J'y ai découvert l'univers sombre de la folie et sa guérison, j'y ai appris à traduire en peinture mes sentiments, les peurs, la violence, l'espoir et la joie." Jamais Célie Sallette ne semble s'intéresser à cette état de fait qui est pourtant très singulier vis à vis des points de vue habituels sur ce genre d'institution. Mais pire, la cinéaste est si obnubilé par le secret de la femme qu'elle en oublie l'artiste, ainsi on voit Niki/Le Bon chercher, faire mille choses, mais sans jamais voir ou même apercevoir ses oeuvres. L'art lui-même est absent du film. Quelle dommage que le fond de l'histoire soit si dirigé à un simple paramètre alors que l'artiste à une vie bien plus riche. Sur la forme, la réalisatrice sa rattrape, en soignant les décors entre autre où les couleurs s'imposent de plus en plus au fil du récit, idem les cages ou les barreaux s'estompent au fur à mesure. On aime aussi la jolie utilisation du split screen. Un biopic limité, des choix malheureux quand il s'agit d'une artiste dont on ne voit rien de son oeuvre de son évolution. Dommage...
Note :