La dernière marche

dernière marcheCouloir pour l'échafaud

Une sœur va accompagner un condamné à mort dans ses derniers jours dans un film mis en scène par l’acteur Tim Robbins ; il y a déjà de quoi aiguisé ma curiosité. A priori, un peu peur du film simpliste américain ; quel étonnement de voir un sujet aussi grave traité avec autant d’intelligence tout en restant à la portée de tous.  Aucun manichéisme, aucune facilité scénaristique, aucun misérabilisme ; Tim Robbins tient son plaidoyer contre la peine de mort sans s’appuyer sur un condamné à mort dont on douterait de la culpabilité ou qui serait éminemment sympathique. Sean Penn joue un condamné à mort antipathique coupable d’un crime atroce ; mais il est à l’image de ceux qui peuple les couloirs de la mort : des pauvres à l’enfance et la jeunesse gâchées et souvent faisant partie de la minorité noire. Mais Sean Penn est blanc. Au cœur de son film, il met une sœur tout entière tournée vers la rédemption du condamné ; là aussi çà aurait pu tourner à la bondieuserie ; elle sert seulement à remettre l’humain et l’humanité au cœur du débat sur la peine de mort. Lorsque la société réclame la peau de celui qui est considéré comme un monstre dénué d’humanité, ne sombre-t-elle pas immédiatement elle-même dans la facilité de la barbarie? Une réplique de Sean Penn à ce propos est cinglante : l’Etat est aussi criminel que lui car il tue aussi. Tim Robbins a donc bon goût de ne jamais excuser le criminel.

Donc peu importe les prédispositions politiques de chacun et ses idées sur le sujet ; ce film pousse à la réflexion et au débat sur un sujet parfois clivant. Il choisit le parti pris de mettre l’amour, la rédemption au-dessus de la haine et de la vengeance ; l’approche primaire du sujet est reléguée au second plan.

Outre cette intelligence du réalisateur, le film doit sa force impressionnante à l’interprétation magistrale de Sean Penn et de Susan Sarandon. Ils sont tous les deux d’une justesse émouvante, d’une sensibilité incroyable. Sean Penn provoque la crainte, le rejet pour exploser dans le registre de l’émotion. Si au départ rien n’est fait pour nous rendre son personnage humain et sympathique, il est de ces rares comédiens qui savent interpréter des personnages sombres et difficiles et faire basculer le public de l’effroi aux larmes en un claquement de doigt. Susan Sarandon, quant à elle, n’a pas volé son Oscar de la meilleure comédienne pour le rôle d’Helen Prejean.

Voilà un film qui aurait bien des vertus pédagogiques auprès d’un public aux idées bien arrêtées et au jugement simpliste.

Un grand film tout public

Sorti en 1995

Ma note: 18/20