The Crow (1994) de Alex Proyas

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après un premier film avec "Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds" (1989), le réalisateur Alex Proyas choisit d'adapter le comics éponyme (1989) de James O'Barr. Le scénario est signé de deux romanciers, David J. Schow spécialiste de l'horreur avec des romans comme "The Kill Riff" (1988), "The Shaft" (1990) ou "The Big Crush" (2016), puis John Shirley spécialiste de la SF et de la fantasy à qui on doit entre autre "Transmaniacon" (1979), "Wetbones" (1991) ou récemment "SubOrbital 7" (2023). Le film a la particularité d'être écrit par deux auteurs de genres bien spécifiques qui ne vont pourtant jamais réitérer l'expérience pour le grand écran. Le tournage est malheureusement endeuillé par la mort de son interprète principal, Brandon Lee tué suite à un incident de tir et qui renvoie donc à l'accident mortel de son père, un certain Bruce Lee. Pour terminer le tournage une doublure et utilisé ainsi que quelques effets numériques ce qui explose le budget jusqu'à atteindre 23 millions de dollars. Néanmoins, tout aussi malheureusement, l'émoi autour de la mort de l'acteur dope sans aucun doute le box-office. Les critiques sont très bonnes, le public suit, d'abord pour atteindre 94 millions de dollars au box-office Monde mais surtout le film va gagner le statut de film culte au fil des années. Résultats, Alex Proyas va devenir une valeur sûre de la SF avec "Dark City" (1998) et "I Robot" (2004) avant de connaître le déclin avec les échecs de "Prédictions" (2009) et "Gods of Egypt" (2016), puis surtout le film va ouvrir une franchise avec les suites "The Crow : la Cité des Anges" (1997) de Tim Pope, "The Crow : Salvation" (2000) de Bharat Nalluri, "The Crow : Wicked Prayer" (2005) de Lace Mungia, la série TV éponyme (1997-1998) et une nouvelle adaptation plus consensuelle avec le récent remake éponyme (2024) de Rupert Sanders... 

La Veille de leur mariage à Halloween, Eric Draven est sauvagement assassiné tandis que sa fiancée Shelly Webster est torturée et violée. Un an plus tard, Eric est ramené à la vie par un corbeau et va se laisser conduire par son guide pour une vengeance sanglante alors que la ville est gangrénée par la violence et la corruption... Eric Draven alias The Crow est incarné par Brandon Lee, fils d'une icône du film d'arts martiaux dont il essayait de suivre les pas avec "L'Héritier de la Violence" (1986) de Ronny Yu, "Dans les Griffes du Dragon Rouge" (1991) de Mark L. Lester et "Rapid Fire" (1992) de Dwight H. Little, mais suite à sa disparition de petits passages sont assurés numérique et/ou avec Chad Stahelski, cascadeur qui debiendra plus tard réalisateur à succès de la saga "John Wick" (2014-...). Sa fiancée est jouée par Rochelle Davis qui ne poursuivra pas dans le cinéma à l'exception de deux films d'horreur de série Z avec "Hell House" (2009) de Jason CroweRoni et Jonah T.J. Moreschi et "Grotesque" (2016) de Elizabeth Culbreth. Citons le policier joué par Ernie Hudson surtout connu comme membre historique de "S.O.S. Fantômes" (1984-2024) initié par Ivan Reitman, Anna Thompson vue dans "Wall Street" (1987) de Oliver Stone, "Impitoyable" (1992) de et avec Clint Eastwood ou "True Romance" (1993) de Tony Scott, Bill Raymond vu ensuite dans "L'Armée des 12 Singes" (1996) de Terry Gilliam ou "Dogville" (2003) de Lars Von Trier, puis parmi le gang citons le leader incarné par Michael Wincott remarqué dans "The Doors" (1990) de Oliver Stone ou "Robin des Bois, Prince des Voleurs" (1991) de Kevin Reynolds, qui confirmera juste après dans "Dead Man" (1995) de Jim Jarmush et "Strange Days" (1995) de Kathryn Bigelow jusqu'au récent "Nope" (2022) de Jordan Peele, puis David Patrick Kelly vu dans "Sailor et Lula" (1990) de David Lyncj, "Malcolm X" (1992) de Spike Lee et recroisera ChadStahelski dans "John Wick" (2014), Tony Todd incarnation du "Candyman" (1992-2021) initié par Tony Todd, Jon Polito vu surtout chez les frères Coen dans cinq films entre "Miller's Crossing" (1990) et "The Barber" (2001), Bai Ling vue dans "Nixon" (1995) de Oliver Stone, puis plus tard dans "She Hate Me" (2004) de Spike Lee et "Les Seigneurs de Dogtown" (2005) de Catherine Harwicke, Michael Masse vu "Lost Highway" (1997) de David Lynch, "The Game" (1997) de David Fincher ou plus tard "Catwoman" (2004) de Pitof... Dès les premières minutes le style visuel impose une atmosphère aussi sanglante que funeste en mettant le spectateur devant le fait accompli, devant la pire des tragédies, face à un faits divers odieux. Le choc visuel est d'autant plus fort qu'aussitôt après on a l'autre vision d'une metropole sombre et lugubre, dont on perçoit tous les vices d'une cité aux abois. On pense alors très fort à Gotham City cher à Batman ("The Batman" en 2022 de Matt Reeves pour le plus récent) ou encore à "Sin City" (2005) de Robert Rodriguez et Frank Miller.

Alex Proyas pousse le style en étant très proche du comics originel pour un climax oppressant et anxiogène à chaque instant, le côté malsain ne quitte jamais le récit comme si on était dans un cauchemar. Ainsi les couleurs sont quasiment supprimées à l'image, à la frontière du Noir et Blanc dont seul se distingue réellement le rouge (sous toutes ses teintes) avec toute la symbolique que ça engendre. Le style empreinte aussi très fortement au gothique dont Eric Draven lias The Crow devient une icône instantanée. La B.O. essentiellement composée de Hard Rock et même Metal accentue la dimension dark fantasy et de romantisme macabre. Le réalisateur a bien pris soin de suivre un story-board fidèle au comics, ce qui offre des plans et des cadrages singuliers qui donne la sensation de vertige parfois, en tous cas qui nous permet d'accepter le surréalisme (pour ne pas dire les invraisemblances) de l'histoire avec sa fidélité au matériau d'origine, un conte moderne et funèbre non dénué d'une maladresse touchante quand Eric Draven/The Crow cité le poème "Le Corbeau" de Edgar Allan Poe avec inexactitude. Le vrai bémol vient de la fin, la logique du corbeau est un peu bancal (il perd son pouvoir au pas ?!). La violence est en roue libre et si elle n'est pas toujours frontale est tout aussi cruelle et organique de par l'imagination qu'elle suppose. Un film qui a désormais un côté kitsh qui lui donne encore du cachet car le conte gothique permet aussi une sorte d'intemporalité. Film Culte assurément...

Note :                 

15/20