Premier long métrage du saoudien Tawfik Alzaidi après ses courts métrages "The Other" (2015) et "Four Colors" (2015), ainsi que la série TV "No Filter" (2019). Le cinéaste explique qu'il a commencé à tourner à une époque où le cinéma n'existait pas en Arabie Saoudite : "J'ai donc éprouvé le même sentiment que les personnages, mais un point de vue d'un cinéaste qui fait des films alors qu'il n'y a pas d'endroit où les montrer. C'est ce parcours personnel qui m'a inspiré l'histoire de Norah, qui évoque la relation entre les êtres humains et l'art. J'ai toujours pensé que l'art était l'un des plus beaux moyens de communication entre les gens. Ma première idée a été de réaliser un film basé sur des sentiments réels. Mon objectif était de bâtir un long métrage que tout le monde puisse ressentir, et pas seulement regarder." Le producteur-réalisateur-scénariste saoudien co-signe son scénario avec le scénariste écossais Stephen Strachan qui a écrit auparavant des films comme "Nouveau Départ" (2003) de Steven Robman, "Ma Vie Volée" (2004) de Robert Dornhelm ou "Renaissance d'un Champion" (2007) de Rod Lurie. Le film présenté au dernier Festival de Cannes 2024 dans la section Un Certain Regard où il obtient la Mention spéciale du Jury...
Arabie Saoudite, dans les années 90, Nader, instituteur arrive pour un nouveau poste dans un village isolé. Il rencontre Norah, une jeune femme éprise de liberté. Mais dans un pays engoncé dans un Islam radical leur relation, bien que platonique, doit rester secrète mais nourrie d'art et de beauté... L'instituteur est joué par un ami du cinéaste, Yagoub Alfarhan apparu dans plusieurs séries TV dont "Black Crows" (2017) et dans deux films "Sayyedat Al-Bahr" (2019) de Shahad Ameen et "Zero Distance" (2020) de Abdulaziz Alshlahei. La jeune femme est incarnée par Maria Bahrawi, seulement 16 ans lors du tournage pour sa première expérience au cinéma. Citons ensuite Aixa Kay vue dans des séries TV dont "Banath al Thanawi" (2022), puis dans les films "Jasmine Road" (2020) de Warren Sulatycky et "Love at 752" (2022) de Salma Alma Angelle, Abdullah Al-Sadhan vu dans de nombreuses séries TV dont surtout la série TV "Tash ma Tash" (1992-2023), puis enfin Saleemriaz révélé dans la série TV "Funduq Al Aqdar" (2021)... Evidemment on pense beaucoup aux films saoudiens, rares, que sont "Wadjda" (2013) et "The Perfect Candidate" (2020) tous deux de Haifaa Al Mansour sur la situation calamiteuse et scandaleuse des femmes dans ce pays patriacal, hyper conservateur et réactionnaire. Ces deux derniers films racontent dse histoires contemporaines et prouvent que le chemin est encore long. A contrario; "Norah" se déroule dans les années 90, en province clairement arriéré et si ça ne paraît pas si loin, cette trentaine d'années écoulées démontrent une évolution quasi nulle vu de notre occident. Ainsi dans ce film le scénario pourrait parfaitement être transposé en occident mais au moyen-âge !
Norah est une jeune femme cloîtrée chez sa tante, qui ne sort de la maison qu'en fantôme tandis qu'elle attend le moment où les hommes vont imposer la date du mariage qui l'attend. Ce qui frappe ce n'est d'ailleurs pas le pouvoir des hommes sur les femmes, car on s'y attend et on le sait puisqu'on est en Arabie Saoudite, par contre on est éberlué de voir ces vieux saoudiens engoncés dans leurs traditions, us et coutumes arriérées et passéistes repoussant les arts sous toutes ses formes, les sciences sous toutes ses formes. On imagine un voyage dans le temps que ces hommes seraient pas du tout dépaysés s'ils étaient basculés à l'époque de Mahomet ! Le scénario prend bien son temps, ne bouscule rien étant alors cohérent et logique vis à vis du style de vie et du quotidien de ces saoudiens. Par contre il est à la fois très explicatifs pour le passé de Norah, et pas du tout explicatif en ce qui concerne le prof... ATTENTION SPOILERS !... en effet on apprend que Norah est à la base une enfant de la ville, qu'elle ne se souvient pas de sa petite enfance, avant ses 6 ans (alors qu'à l'image la jeune actrice doit avoir 9-10 ans d'ailleurs), ce qui donne une justification de son envie d'aller à la ville, tandis que l'instituteur arrive sans qu'on sache rien de lui, tout juste savons qu'il aurait été artiste avant d'être prof ce qui nous pousserait à imaginer qu'il a été muté suite à un premier scandale artistique mais nous en serons rien... FIN SPOILERS !... Mais le film reste délicat et subtil même si on perçoit une certaine auto-censure dans le récit choisit, car il y a trente ans on sait que l'instit comme Norah auraient dû à subir des conséquences bien plus "physiques". Le réalisateur a préféré terminer par une note artistique, et donc optimiste... Espérons... Un premier long métrage un peu trop sage mais joliment conté avec en prime la jolie révélation Maria Bahrawi dont on peut penser pourtant, qu'on en entendra malheureusement plus parlé...
Note :
14/20