La plus précieuse des marchandises

plus précieuse marchandisesUne marchandise bien particulière

Merci à mon cinéma préféré (Le Méliès de Saint-Etienne) de nous avoir offert en avant-première le prochain film de Michel Hazanavicius, ainsi qu’une rencontre et même un tête à tête. Ce dernier n’en finit pas d’explorer tous les pans du cinéma avec ce coup-ci un film d’animation prévu pour le 20 novembre. Sous la forme du conte, il traite d’un sujet délicat : la Shoah. Au travers de ses personnages, il tient à rendre hommage aux justes lui qui nous a tenu ces propos plein d’humilité et de justesse : « en chacun de nous sommeille un génocidaire, une victime et un juste ; un rien peut faire basculer chacun de nous de l’un ou l’autre côté ». Même si son film est dur par son sujet, le mode de narration choisi lui permet de rester délicat. Il privilégie aussi le hors champs du camp d’Auschwitz le plus souvent possible et nous épargne la rudesse de la déportation. Il prend beaucoup de précaution qui permettent de rendre ce film visible par tous. Son dernier quart d’heure sans être dans le pathos fait naitre de nombreuses émotions. A vous de trouver la référence cinématographique de la scène la plus forte du film ; il dira lui-même qu’il s’est inspiré de « une des plus grandes scènes du cinéma ». Il était intéressant aussi de l’entendre expliquer toutes les difficultés rencontrées par un metteur en scène d’acteurs de chair et d’os lorsque l’on traite de l’animé. En lieu et place d’un story board, il a tourné un film avec des comédiens en amont du dessin pour choisir ses cadres, les mouvements,… Peut-être sera-t-il visible un jour ?

Son dessin est tout en sobriété, et tous les mouvements tellement pesés ; c’est un travail sciemment à l’économie aussi bien pour l’image, le texte et les dialogues. On sent la volonté de ne pas faire de fausses notes ; on aurait aimé peut-être un plus d’âpreté. Puis les dialogues sont portés par des comédiens d’exception : Dominique Blanc, Gadebois, Podalydès. Et surtout pour rendre solennelle la voix off, quel beau choix que de choisir JL Trintignant. Décédé depuis 2 ans ½, il a enregistré les textes alors que le film n’était pas fait… la magie du cinéma que d’entendre cette voix d’outre-tombe ressurgissant du monde des morts comme le personnage principal du film, rescapé d’Auschwitz… Quelle belle symbolique !!!

Bravo Michel Hazanivicius et merci pour ce moment de partage

Sorti en 2024

Ma note: 14/20