The apprentice

apprenticeChucky: la marionnette dangereuse

L’ascension d’un gars du Bronx ayant de grosses ambitions personnelles dans le monde de l’immobilier New-Yorkais ; faire mieux que son père, devenir un homme puissant quel qu’en soit le prix : Donald Trump. Sous l’aile d’un avocat véreux, il va se construire un réseau solide et devenir plus ignoble que son maître : la créature de Frankenstein dépassera voire dévorera son créateur. Souvent drôle mais surtout cynique, ce portrait d’une des personnalités les plus polémiques des 50 dernières années fait froid dans le dos ; mais ce qui est le plus terrifiant encore, c’est que ce biopic est prétexte à dépeindre un ultralibéralisme sans limite, érigé en religion, l’individualiste qui nie les masses au profit du puissant. La théorie du ruissellement, chère à Reagan, prend tout son sens ici comme chez nous. Avec ce film, présenté à Cannes et sortant en pleine campagne US, Ali Abbassi s’éloigne du biopic bien sage ; la réalité montrée comme telle tient de l’horreur. Le capitalisme libéral est clairement dénoncé, et cette dénonciation dépasse les frontières US et montrent au combien le capitalisme financier est délétère sur l’économie réelle. Le monde des puissants n’est pas très beau à voir : pression, dénonciation, menace, chantage,… tous les coups sont possibles pour arriver à ses fins ; et le peuple est nié, sans défense… Ali Abbassi décide même de ne pas le montrer. Sans aucun temps mort, ce film est chirurgical, cinglant et implacable. Le Trump de fiction pourrait paraitre excessif ; mais il a malgré tout du mal à se hisser à hauteur de l’original ; donc on ne peut qu’y croire ; jusque dans la scène de viol visant à montrer à quel point le pouvoir de ce type d’homme est démesuré, rien, ni personne ne doit résister. Les deux acteurs principaux sont au diapason avec un Donald Trump plus vrai que nature ; aux tics bien identifiables mais sans jamais sombrer dans la caricature. Edifiant.

On serait curieux de voir l’ex président fulminer devant cette marionnette sur pellicule, grotesque, amoureuse de l’argent,  du pouvoir et surtout de lui-même ; lui qui a voulu faire interdire la sortie du film aux EU durant la campagne présidentielle.

Un biopic punchy, malaisant, qui va au-delà d’une charge contre l’homme : un brûlot contre un système.

Sorti en 2024

Ma note: 16/20