Sean Baker est un réalisateur que je suis et que j’apprécie depuis longtemps. Avec ce 4ème film, il ne concède rien à son cinéma, il enfonce même plutôt le clou. Ce film met à l’honneur comme les précédents des personnages en marge, abimés dans une Amérique où le fric et la réussite leur fait de l’œil sans jamais les inviter au grand festin. Ce sont toujours aussi des problématiques autour du sexe qui s’exposent dans ses films ; et comment les pauvres sont vulnérables et parfois réduits à de la marchandise ; et c’est bien dans ce dernier que c’est le plus criant. Esthétiquement, sa marque de fabrique s’incarne dans l’utilisation de couleurs saturées et un tempo souvent bourré d’énergie. Là, il s’intéresse à une travailleuse du sexe, qui croit trouver l’amour auprès d’un jeune client, fils de l’oligarchie russe. La première partie nous montre un ado de 21 ans dans une vie où la notion d’argent n’existe pas ; son existence se limitant aux jeux vidéo, sexe et bringue. Ce jeune homme n’évoluera pas tout le long du film devant une jeune femme, Anora, en quête d’une histoire à la Cendrillon. Et dans la seconde et troisième partie, le film lancé sur ses rails avancera sans nous proposer grand-chose si ce n’est une hystérie veine. Derrière la débauche, il y a des pauvres qui espèrent et qui trinquent et une élite qui consomme sans se poser la question des dégâts collatéraux. La vacuité du propos au regard des 2h20 de film sont d’une longueur monotone. J’ai espéré durant 1h30, ayant très apprécié les précédents de Sean Baker, un second souffle, une profondeur ; mais rien n’est arrivé. Ce film s’inscrit dans une mouvance assez trash du cinéma actuel, aussi bien dans la forme que le contenu et mis en haut de l’affiche par les critiques et les festivals. On peut citer Lanthimos , Chazelle avec « Babylon », Ostlund,… Mais avec celui-ci, l’outrance est bien au rendez-vous, mais il a cependant moins à dire que ses homologues. C’est assez affligeant et complaisant ; peut-être que la forme est destinée à séduire un jeune public se détournant du cinéma d’auteur. La question reste en suspens. De plus, on ne voie pas la RomCom et seulement parfois le comique burlesque que l’on nous vend.
Mon attente de la Palme d’Or est à la hauteur de ma déception… Sean Baker primé pour son plus mauvais film, çà laisse pantois
Sorti en 2024
Ma note: 8/20