Braveheart (1995) de Mel Gibson

Après son premier film en tant que réalisateur avec "L'Homme sans Visage" (1993) la star Mel Gibson se lance dans un projet bien plus ambitieux en voulant porter à l'écran la vie du héros écossais William Wallace (Tout savoir ICI !). Mais il n'est d'emblée pas question de faire un biopic fidèle mais de s'inspirer du poème épique "The Actes and Deidis of the Illustre and Vallyeant Campioun Schir William Wallace" ou "The Wallace" (1477) de Harry l'Aveugle, et donc il reste une oeuvre romancée et historiquement inexact. Le scénario est écrit par l'auteur Randall Wallace dont c'est le premier scénario, et qui pourra ensuite passer derrière la caméra pour ses films "L'Homme au Masque de Fer" (1998) et "Nous étions Soldats" (2002) avant de retrouver Mel Gibson sur les siens avec "La Passion du Christ" (2004) et "Tu ne tueras Point" (2016). Malgré le statut de Mel Gibson alors au sommet, le financement s'avère difficile. Tandis que la Warner est prêt à dire oui à condition que l'acteur accepte un nouveau opus de "L'Arme Fatale" (1987-...) la star préfère refuser. A l'origine la star voulait Terry Gilliam à la réalisation mais il refusa prit par son propre projet sur "L'Armée des 12 Singes" (1995), puis le rôle titre devait aller à Jason Patric mais la Paramount acceptait d'investir à la seule condition que Mel Gibson assume le rôle principal. Ainsi, l'adaptation restant très libre et avec les conditions de la Paramount la star finit par assurer les postes de réalisateur-acteur. La superproduction obtient ainsi un budget de 72 millions de dollars pour un tournage partagé entre les studios Ardmore en Irlande pour les scènes d'intérieur, l'Ecosse pour les scènes de village puis l'Irlande pour les sites de châteaux et pour les batailles, dont le château de King's John déjà vu notamment dans "Au-Delà de la Gloire" (1980) de Samuel Fuller. Le film reçoit un accueil critique élogieux malgré les réserves sur les libertés historiques, le succès en salles suit engrangeant 210 millions de dollars au box-Office Monde dont plus de 1,2 millions d'entrées France, ce qui au final lui permet de se placer 12ème plus grand succès de l'année ce qui est à la fois très bon mais pas si impressionnant au vu de la postérité future du film qui reste aujourd'hui un monument du cinéma. En prime le film obtient 5 Oscars, du Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleure Photographie, Meilleur Maquillage et Meilleur Montage d'effets sonores... 

Fin du 13ème en Ecosse, après avoir subi plusieurs drames dûs à l'occupation anglaise, William Wallace se révolte et devient bientôt le héros et le symbole de la résistance écossaise face à l'armée du roi Edouard Ier jusqu'à sa capture en 1305... William Wallace est donc incarné par Mel Gibson lui-même, de nouveau dans la peau d'un personnage historique après son unique précédent dans le genre avec "Le Bounty" (1984) de Roger Donaldson, et change encore d'époque et de genre juste après le western "Maverick" (1994) de Richard Donner. Le roi Edouard Ier est incarné par Patrick McGoohan vu notamment dans "Marie Stuart, Reine d'Ecosse" (1971) de Charles Jarrott, "L'Evadé d'Alcatraz" (1979) de Don Siegel ou "Scanners" (1981) de David Cronenberg et retrouve après leur début et notamment après "L'Armure Noire" (1955) de Henry Levin son partenaire Ian Bannen vu entre autre dans "La Colline des Hommes Perdus" (1965) de Sidney Lumet, ou "Fatale" (1992) de Louis Malle, et retrouve de son côté après "Gandhi" (1982) de Richard Attenborough l'acteur Brian Cox vu entre temps dans "Le Sixième Sens" (1986) de Michael Mann et auprès d'un autre héros écossais adapté la même année avec "Rob Roy" (1995) de Michael Caton-Jones. N'oublions pas Angus MacFadyen vu ensuite dans "The Lost City of Z" (2017) de James Gray ou plus récemment dans "Horizon : une Saga Américaine" (2024) de et avec Kevin Costner et surtout vu dans "Robert the Bruce" (2019) de Richard Gray où il reprend sont rôle et qui place ainsi ce film comme une suite officieuse à "Braveheart" (1995). Citons ensuite les belles d'époque jouée par la frenchy Sophie Marceau déjà vue en costume d'époque dans "Chouans !" (1988) de Philippe de Broca et "La Fille de d'Artagnan" (1994) de Bertrand Tavernier mais qui va enfin connaître une carrière internationale ensuite qui va l'amener notamment à devenir une James Bond Girl dans "Le Monde ne Suffit pas" (1999) de Michael Apted, Catherine McCormack remarquée juste avant dans "Loaded" (1994) de Anna Campion, puis vue ensuite dans "La Courtisane" (1998) de Marshall Herskovitz ou "Le Tailleur de Panama" (2001) de John Boorman dans lequel elle retrouvera Brendan Gleeson remarqué dans "The Field" (1990) de Jim Sheridan, "Horizons Lointains" (1992) de Ron Howard et "Le Cheval venu de la Mer" (1992) de Mike Newell après lequel il retrouve son partenaire Sean Lawlor vu entre temps dans "Au Nom du Père" (1993) de Jim Sheridan. Citons encore David O'Hara vu plus tard dans "Ennemis Rapprochés" (1997) de Alan J. Pakula, "Les Infiltrés" (2006) de Martin Scorcese ou "The Professor and the Madman" (2019) de Farhad Safinia dans lequel il retrouvera Mel Gibson, James Cosmo vu dans "Les Griffes du Lion" (1972) de Richard Attenborough ou "Highlander" (1986) de Russell Mulcahy, Tommy Flanagan qui traînera son "sourire de Glasgow" encore longtemps avec notamment "The Game" (1997) de David Fincher, "Guns 1748" (1999) de Jake Scott ou "Gladiator" (2000) de Ridley Scott, Alun Armstring remarqué dans "Un Pont trop Loin" (1977) de Richard Attenborough et "Les Duellistes" (1977) de Ridley Scott, puis enfin Peter Mullan remarqué tout juste avant dans "Riff Raff" (1991) de Ken Loach et "Petits Meurtres entre Amis" (1994) de Danny Boyle...

Pour la musique, Gibson retrouve après son premier film James Horner compositeur auparavant de "Le Nom de la Rose" (1986) de Jean-Jacques Annaud, "Willow" (1988) de Ron Howard ou "Légendes d'Automne" (1994) de Edward Zwick... Le souffle épique digne de toute bonne fresque nous ébranle dès les premières minutes, dès les premières images avec les paysages magnifiques des hautes terres écossaises (et d'Irlande !) et une musique au lyrisme celtique idéale. Mais pour accepter le voyage il faut aussi se rappeler que le film n'est pas un biopic, mais un drame historico-romanesque, l'équivalent du roman historique qui se sert de faits réels pour plonger le spectateur dans le passé en s'émancipant des précisions historiques pour magnifier une époque, un personnage et surtout les émotions. Pour passer cet état de fait, notons les erreurs/libertés les plus flagrantes, d'abord l'âge du héros (une petite année d'écart avec l'acteur), mais surtout, le kilt n'existait pas puisqu'il apparu seulement deux siècles après, le droit de cuissage n'a jamais existé et reste un fantasme, tandis que Wallace n'a pas pu rencontrer Isabelle de France car elle ne s'est marié au futur Edouard II qu'après la mort de Wallace à l'âge de 13 ans ! Ainsi seuls ces trois éléments tuent toute véracité ou authenticité historique sur la vie et le destin de William Wallace. Néanmoins, étant donné que le réalisateur-acteur et son scénariste désire et assume la fresque historico-romanesque le récit reprend les grandes lignes et soignent surtout les effets visuels pour mieux accentuer les émotions.

La première partie reprend les codes de la comédie romantique qui va se briser face à l'envahisseur de façon sanglante. L'iconographie va alors tracer le sillon du mythe où la vengeance va se mêler à la soif de justice de tout un peuple. L'ascension et la chute qui s'en suit fait évidemment penser au film "Spartacus" (1960) de Stanley Kubrick, dont la référence est d'ailleurs confirmée par Mel Gibson. Gibson n'omet jamais l'humour ou la romance malgré la violence parfois très frontale des combats, ou plus suggestive mais pas moins effroyable comme le final et ses  tortures "Hanged, drawn and quartered" (Tout savoir ICI !). D'ailleurs le cinéaste atténuera toute la violence du film pour éviter une interdiction trop forte pour le public mineur. Niveau humour on s'amuse du cabotinage de Wallace/Gibson amoureux ou on rit à la scène grivoise où les culs se font armes de moqueries ; séquence d'ailleurs racontée par Peter Mullan car les acteurs étaient d'abord réticents : "Nous lui avons dit que s'il nous montrait le sien, nous voudrions bien montrer les nôtres !" Les histoires d'amour sont finalement très classiques, mais si la liaison avec Isabelle/Marceau est aussi fictive que fantasmée elle permet la scène de la révélation de la grossesse qui est un must dans le genre, aussi terrible que jouissive. Mais la partie la plus marquante reste tout de même les scènes de bataille dont la violence, la frénésie et la rage frappe les esprits. Mel Gibson signe avec ce film un épopée héroïque aussi tragique que flamboyante qui compose une anthologie au service de nos émotions. Un grand film.

Note :                 

Braveheart (1995) GibsonBraveheart (1995) GibsonBraveheart (1995) GibsonBraveheart (1995) Gibson

18/20