Après son joli et remarqué "Away" (2020) nouveau long métrage d'animation du letton Gints Zilbalodis, artiste autodidacte qui aurait appris l'animation et le cinéma via des tutos sur Youtube. En tous cas après ce premier coup d'essai transformé il a pu se lancer dans un projet plus ambitieux en s'inspirant notamment de son court métrage "Aqua" (2012) et en continuant sur les sujets des animaux et de la nature. Le réalisateur-scénariste co-signe le scénario avec Matiss Kaza qui a signé son propre film "Neon Spring" (2022) resté inédit, puis avec Ron Dyens surtout producteur notamment et dernièrement du film d'animation "Ma Famille Afghane" (2022) de Michaela Pavlatova. Si le film est une co-production Belgo-franco-lettone le film a été conçu en grande majorité en France par une équipe de jeunes animateurs dirigés par Léo Silly Pélissier qui a lui même appris aux côtés du maître de l'animation française Michel Ocelot et notamment sur son dernier film "Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse" (2022). L'équipe a travaillé sur le logiciel Blender qui a l'avantage d'être gratuit. Gints Zilbalodis cite dans ses influences Alfred Hitchcock, Stanley Kubrick, Alfonso Cuaron, Paul Thomas Anderson et assez logiquement le maître nippon Hayao Miyazaki...
Un chat se réveille dans un univers envahi par l'eau où toute vie humaine semble avoir disparu. Il trouve refuge sur un bateau avec un groupe d'autres animaux. Mais s'entendre avec eux s'avère un défi encore plus grand que de surmonter sa peur de l'eau ! Tous devront désormais apprendre à surmonter leurs différences et à s'adapter au nouveau monde qui s'impose à eux... Précisons que dès le premier extrait diffusé, un certain Guillermo Del Toro a réagit en déclarant qu'il souhaitait que "le style d'animation, magnifique et époustouflant, représente l'avenir du cinema d'animation." ; ce qui est, avouons-le un sacré compliment ! Premier constat, le film est dénué de dialogues, comme le cinéaste en a pris l'habitude depuis son premier court-métrage "Rush" (2010) ce qui a pour effet logique d'accentuer l'effet naturaliste et zoologique du conte, a contrario de Disney par exemple qui humanise ses personnages. D'ailleurs pour encore se différencier de la firme aux Grandes Oreilles le cinéaste n'a pas souhaité créer un personnage principalement antagoniste non plus, en effet, finalement nos animaux ont déjà bien à faire avec la catastrophe naturelle. Premier constat et sans doute le plus flagrant est l'importance, pour ne pas dire l'omniprésence du tout numérique.
Dès le départ on est déçu par les chiens, inexpressif en tous points, même quand un chien se secoue pour se sécher pas un poil ne bouge ou n'existe. A ce point ce n'est plus numérisé c'est pixelisé. Le constat est constant et touche tous les animaux, résultat les plans larges sont de toute beauté, riche de ses décors qui font un voyage autour du monde, mais dès que les plans se resserrent on est gêné par ce numérique qui arase toute dimension organique. C'est d'autant plus décevant que c'est antinomique alors même que la volonté d'être hyper réaliste dans la zoologie ou son naturalisme est annoncée. Par là même quelques passages laissent perplexe,... ATTENTION SPOILERS !... Par exemple un chat qui se jette volontairement à l'eau, pourquoi pas question d'instinct de survie, mais de là à devenir apnéiste ?! Et que dire de ce monstre marin digne de SF ou d'heroic fantasy alors qu'une simple baleine bleue aurait été tout aussi sublime... FIN SPOILERS !... Par contre le panel d'animaux est aussi malin qu'universel, aux caractères singuliers et tout aussi universels ce qui permet aussi un parallèle avec nous, humains, face à l'adversité. Entraide, courage, égoïsme, peur, doute, matérialisme superflue aussi ou instinct de classe/race... etc... Ainsi dommage que le surréalisme arase l'objectif premier et, surtout, que le pixel parasite le visuel mais l'aventure est très belle, l'émotion reste au rendez-vous avec une belle créativité dans la mise en scène notamment dans le mouvement "caméra". A voir.
Note :