LA CLASSE AMERICAINE (Critique)

CLASSE AMERICAINE (Critique)

CLASSE AMERICAINE (Critique)SYNOPSIS : Des extraits des films Warner Bros sont montés et doublés à " leur manière " par des acteurs français : George Abitbol, " l'homme le plus classe du monde " meurt en prononçant les mystérieux mots " Monde de merde ". Les journalistes Dave, Peter et Steven mènent l'enquête...

" Monde de merde " Mais qu'a voulu dire George Abitbol pour des derniers mots si énigmatiques et empreints de tant d'aigreur ?? C'est l'insoutenable intrigue qui va nous tenir en haleine durant 70 minutes... Même si une précaution écrite s'affichera préalablement au démarrage de notre haletant thriller : " Ce flim n'est pas un flim sur le cyclimse. " Nous voilà empêtrés dans un des plus grands mystères de la cinéphilie du 20ème siècle... La classe américaine est cette vaste, jouissive et jubilatoire blague réalisée par Michel Hazanavicius et Dominique Mezerette. Sauf que comme le dit celui qui est devenu en 2012 oscarisé avec The Artist, tout démarre pour la suite de sa carrière de cette grosse bouffonnade qu'est La classe américaine : la façon de considérer le jeu, d'écrire, de filmer, le décalage dans l'art de la narration, qu'il s'agisse de jouer de l'absurde ou pas... Ce qui confère à cet OVNI jamais sorti en salle, (et nous allons vous expliquer pourquoi !!) un caractère d'autant plus épique et historique !! La classe américaine est en fait le dernier opus d'une trilogie. Retour indispensable sur la genèse du film devenu culte :

Il règne encore dans les couloirs de " la 4″ à ce moment là le fameux esprit Canal... qui veut mettre en place " une journée de la Télé ". Un premier projet de détournement est proposé à Alain Chabat, qui est épuisé par le rythme effréné que lui impose Les nuls l'émission (1990-1992) et ne se sent pas de s'investir dans ce projet. Il propose alors Michel Hazanavicius, qui œuvre déjà dans le cadre des images détournées pour nombre de sketchs devenus cultes de la troupe, notamment pour le compte du faux journal l'édition (on se souvient tous de " Chantal, vous avez un Tampax sur l'oreille... Merde, qu'est ce que j'ai fait de mon stylo " ...). Michel Hazanavicius s'inspire pour cet art du détournement du mouvement situationniste, initié par Guy Debord, avec par exemple " La dialectique peut-elle casser des briques" . Le premier film de détournement du duo Hazanavicius-Mezerette s'intitule Derrick contre Superman, totalement foutraque et délirant, qui sort en 1992 et qui dure 16 minutes... Il s'appuie sur les séries TV. Nouvelle commande pour Noël 1992 avec Ça détourne, qui fonctionnera moins, car il s'agit de détourner des dessins animés, qui portent déjà en eux un sens comique. Les blagues bien potaches y tiennent pour autant évidemment le haut du pavé !! En 1993, à l'occasion des 70 ans de la Warner, la maison de production offre, à but promotionnel, l'autorisation à Canal + d'utiliser les extraits de son catalogue (près de 30 000 films). Quelques exceptions néanmoins : interdit de toucher, entre autres, aux œuvres de Clint Eastwood ou Stanley Kubrick... Le second par respect, et le premier... par peur !!! Le producteur évoque au jeune Hazanavicius, âgé d'alors 25 ans que le film sortira en salles !! Ce qui était un gros mensonge. Car les droits de la Warner n'étaient en fait qu'un papier qui donne le droit d'utiliser les extraits pour célébrer le centenaire du cinéma, mais il ne s'agissait pas, comme c'est le cas dans La classe américaine de par exemple faire péter John Wayne !! Ainsi, le film fera l'objet d'une diffusion unique sur Canal et s'échangera ensuite véritablement en VHS sous le manteau...

Jusqu'à l'arrivée du net et son accès hyper facilité et vulgarisé pour le plus grand plaisir de tous les petits malins fans de l'absurde, car en la matière, il faut bien admettre que La classe américaine est un modèle du genre totalement culte. Culte du fait de sa transgression originelle face au géant américain, mais aussi et surtout dans son contenu, proprement hilarant, qui déploie déjà, au-delà de la magie comique du détournement tout le talent de conteur de Michel Hazanavicius, notamment dans cet art du décalage permanent, que l'on retrouvera magistralement dans les deux premiers OSS 117. C'est ainsi que les plus grands acteurs américains de l'histoire se retrouvent avec des images réelles de nombre de leurs films à raconter n'importe quoi, avec fait extraordinaire, les doubleurs originaux mythiques qui acceptent de prêter leurs voix pour cette grosse blague, ce qui donne tout le sel d'une forme de crédibilité à l'œuvre. Ainsi, Raymond Loyer, acteur qui double John Wayne et tous les autres offriront leur talent à Mezerette et Hazanavicius. D'ailleurs, la fameuse phrase d'introduction " Attention, ce flim n'est pas un flim sur le cyclimse. ", Raymond Loyer aura un mal fou à la prononcer. Ou encore Raymond, donc la voix de John Wayne, qui dit " Tu baises des ménagères, tu dois avoir le cul qui brille, mais c'est pas ça qu'on appelle la classe !! ", tout est dit !!

Les répliques débiles parfois vulgaires et régressives se succèdent, et nous on se marre comme jamais de voir Pétère et Stévène, respectivement Dustin Hoffman et Robert Redford, en Hommes du président (1976) courir sans arrêt pour avertir leur patron que les chiottes sont bouchées, qu'ils doivent prendre des congés, mais aussi d'entendre Dave ( Paul Newman) dire " pétasse " dès qu'en gros il croise une dame, ou Charles Bronson en chef indien : " On va manger des chips !! ". Et puis c'est aussi des répliques devenues cultes. " Monde de merde " évidemment, mais encore " le train de tes injures roule sur le rail de mon indifférence " ... On y croisera entre autres des animaux préhistoriques partouzeurs de droite, une collecte de pin's, un supporter de la Juventus de Turin en plein ouest américain, et une série d'invraisemblances tout aussi jouissives que jubilatoires. Pour le détournement, tout y passe avec la technique du mashup : les polars, westerns, la science-fiction et autres péplums, tous les films d'époque de la Warner... Les images sont déjà très marrantes en soi avec en plus des plans en champ et contrechamps de films qui n'ont rien à voir entre eux.

Les situations comme les accents sont hautement improbables, avec en sus des voix originales des acteurs américains, les potes de la bande qui vont s'en mêler : Farrugia, Chabat, Serge Hazanavicius (oui, le frère de...), Jean-Yves Lafesse, Lionel Abelanski etc... C'est aussi évidemment l'inspiration de l'humour des Nuls, qui eux même s'inspirent des maîtres du Burlesque et de l'absurde !! En toute ironie mythomaniaque, Michel Hazanavicius se targuera d'avoir réuni le plus gros casting de l'histoire du cinéma avec John Wayne, Robert Redford, Dustin Hoffman, Paul Newman, Charles Bronson, Lauren Bacall, Henry Fonda, Burt Lancaster, Robert Mitchum, et même Elvis Presley, dans le rôle inoubliable " du putain d'énergumène ", ou encore Antonio Fargas, Huggy les bons tuyaux !! Au final, La classe américaine est un morceau de bravoure totalement culte avec tout le folklore qui va avec !!! Tout se joue dans le décalage entre ces grandes figures hollywoodiennes et les insanités et absurdités qu'ils vont sortir dans un enchevêtrement de plans sans rapport entre eux. C'est une régalade totale que l'on trouve très facilement sur le net et sur lequel il faut se jeter pour le découvrir ou le faire découvrir, et en plus, vous saurez pourquoi Georges Abitbol dans son dernier souffle a déclaré... " Monde de merde " ...

CLASSE AMERICAINE (Critique)

Titre Original: LA CLASSE AMÉRICAINE

Réalisé par: Michel Hazanavicius et Dominique Mezerette

Casting : James Stewart, Lana Turner, Antonio Fargas...

Genre: Comédie

Sortie le: 31 décembre 1993

Diffusé sur Canal Plus

CLASSE AMERICAINE (Critique)EXCELLENT

Catégories : Critiques Cinéma, Les années 90

Tagged as: Burt Lancaster, Charles Bronson, comédie, détournement, Dominique Mezerette, Dustin Hoffman, HENRY FONDA, JOHN WAYNE, la classe américaine, Lauren Bacall, Michel Hazanavicius, parodie, Paul Newman, robert mitchum, robert redford