Clint Eastwood fait son film de procès
Juré d’un procès pour homicide routier, un homme va vite comprendre qu’il est certainement le responsable du décès et non l’accusé présenté devant le tribunal. Devant le risque de se retrouver accusé lui-même alors qu’il attend son premier enfant ; doit il se livrer ? Doit-il laisser un innocent se faire condamner ? Au final, comment sauver sa tête tout en sauvant l’inculpé ?
Clint Eastwood, 94 ans, pour son 42ème et certainement dernier film nous entraine dans la grande lessiveuse judicaire. En mode thriller pouvant rappeler Hitchcock, il entraine le spectateur dans un dilemme moral de 2 heures ; que ferions-nous à la place du Juré ? Nous serions peut-être tout aussi veules que lui, très probablement. En tout, il l’humanise tellement, que l’on prend parti de bout en bout pour ses choix alors qu’il risque d’envoyer à la perpétuité un innocent. Excepté, pour mon compte dans un final sidérant où le Juré est au prise avec la Procureure dans une scène hyper tendue. Dans ce film de procès, la Procureure est aussi compromise, investie à sa propre réélection à ce poste prestigieux ; ce jugement est une arme de réélection massive quitte à bâcler le jugement. Au final, la moralité de la dame prendra de manière inattendue le dessus dans ce fameux final déconcertant. Pour jouer le Juré, l’acteur anglais Nicolas Hoult est excellent et confondant d’humanité pour un « pseudo salaud » ; et la Procureure interprétée par Toni Collette est irrésistible et apporte une touche de complexité à son personnage dans le dernier tiers du film lui permettant de sortir des rails du scénario hyper convenu. Ce film est donc un film d’identification qui fait parler à la sortie de la salle sur les choix de chacun ; même si le scénario ne laisse guère d’échappatoire à notre choix personnel il est en çà trop corseté et programmatique. Mais c’est aussi une réflexion sur la justice et la société américaine. Il met à mal le concept de « présomption de culpabilité » et montre bien combien la justice vacille quand elle juge plus les êtres que les faits.
En voyant ce film de mouture très classique mais monté et découpé avec soin pour ne pas lâcher notre attention, on ne peut s’empêcher à un très grand film de procès du cinéma américain : « 12 hommes en colère » de Sidney Lumet. Il est tout aussi implacable mais par contre imparfait et parfois improbable.
A voir pour discuter autour d’un verre du sentiment de culpabilité.
Sorti en 2024
Ma note: 14/20