Prodigieuses (2024) de Frédéric et Valentin Potier

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Premier long métrage de Frédéric et Valentin Potier après les courts métrages "Tony Zoreil" (2007) et "216 Mois" (2012), qui ne sont pas frères comme on pourrait le croire mais père et fils ce qui est rare voir inédit dans le cinéma. Ils ont eu l'idée du film après avoir rencontré les soeurs jumelles Audrey et Diane Pleynet, pianistes virtuoses victimes d'une maladie orphelines qui les a poussé à créer une technique pour pouvoir continuer à jouer. Un destin qui a déjà été abordé dans le documentaire "Le Mystère des Jumeaux" (2009)de Niels Tavernier. Grâce à cette rencontre qui s'est poursuivie avec de nombreux rendez-vous et une aide documentaire directe des jumelles, les deux cinéastes ont pu co-écrire un projet où ils abordent une nouvelle fois leurs thématiques de prédilection avec la musique et le handicap. Les deux réalisateurs-scénaristes co-signent leur scénario avec Sabine Dabadie et Claire LeMaréchal tous deux issus de la télévision. La production a été par contre très retardé après deux accidents coup sur coup, un cancer pour le père, Frédéric, suivi d'une accident à la sortie de l'hôpital quand père et fils se sont fait renversés par une voiture...

Claire et Jeanne, jumelles pianistes sont admises dans une prestigieuse université de musique au grand bonheur de leurs parents dont leur père particulièrement fier et ambitieux. Alors que leurs études s'avèrent plus difficiles que prévues sous l'égide d'un professeur intraitable, les deux soeurs sont malheureusement diagnostiquées d'une maladie orpheline qui compromet leur future carrière. Refusant de renoncer à leur rêve, elles vont se battre et se réinventer... Les deux soeurs sont incarnées par Camille Razat vue entre autre dans "Rock'n Roll" (2017) de et avec Guillaume Canet, "L'Amour est une Fête" (2018) de Cédric Anger ou "Les Choses Humaines" (2021) de Yvan Attal, puis Mélanie Robert surtout vue dans la série TV "Un si Grand Soleil" (2018-2020), puis aperçue aussi dans "Ange et Gabriel" (2015) de Anne Giafferi après lequel elle retrouve Isabelle Carré qui joue sa mère, vue récemment dans "Et plus si Affinités" (2024) de Olivier Ducray et Wilfreid Meance et "Le Larbin" (2024) de Alexandre Charcot et Franck Magnier, tandis que le père est joué par Franck Dubosc vu récemment dans "Chien et Chat" (2024) de et avec Reem Kherici. Citons ensuite August Wittgenstein vu notamment dans "Ludwig II" (2012) de Marie Noëlle et Peter Sehr ou "Le Dossier Mona Lisa" (2017) de Eran Riklis, Elisa Doughty aperçue dans la série TV "Theodosia" (2022), Thomas Landbo apparu dans "Une Affaire de Principe" (2024) de Antoine Raimbault et "Les Pistolets en Plastique" (2024) de Jean-Christophe Meurisse, Lennart Betzgen apparu dans la série TV "Tierärztin Dr. Mertens" (2016-2021), Lola Aubrière aperçue dans "Jours Sauvages" (2023) de David Lanzman, ou encore Nina Mazodier aperçue dans "Le Premier Eté" (2014) de Marion Sarraut ou "Comets" (2019) de Tamar Shavgulidze... D'emblée il faut saluer le choix du casting, avec le duo de jumelles. Au départ les réalisateurs cherchaient de vraies jumelles pianistes mais après des recherches vaines ils ont dû passer au casting classique, et on choisit Camille Razat et Mélanie Robert et ce fut un coup de chance inouï puisqu'elles sont très amies depuis leurs années lycée et ont même vécu en colocation. Une complicité réelle et inattendue qui sert merveilleusement leurs rôles. De surcroît, les deux cinéastes ont eu l'idée assez géniale et audacieuse d'inverser les rôles au dernier moment, dans prévenir les actrices, ainsi après que Camille se soit préparée pour jouer Jeanne et Mélanie se soit préparée pour Claire, les cinéastes leur ont demandé de jouer l'autre jumelle pour accentuer la gemellité comme "des miroirs l'une de l'autre".

Evidemment, pour ce qui est du piano, des doublures ont été utilisé mais les deux actrices ont tout de même pris 8 mois de cours intensifs au point qu'elles ont souffert de tendinite. Si les deux jeunes actrices sont merveilleuses, dans l'émotion ou la crédibilité artistique on reste largement plus dubitatif concernant le papa joué par Franck Dubosc. En effet, le contre-emploi n'est pas bien folichon, même dans es scènes les plus sérieuses on voit le comique qui force son talent, un talent qui ne lui permet pas de faire son "Tchao Pantin" - (1983) de Claude Berri. D'un point de vue artistique et pathologique, on est un peu dans l'abstrait pour les néophytes du piano mais ça reste souvent émouvant par la grâce des artistes et évidemment la musique elle-même. On ne perçoit pas clairement la part de fiction, surtout en ce qui concerne ce prof tyrannique à l'égo démesuré (très bon  August Wittgenstein). La part de fiction est sans doute trop importante, rajoutant du drame au drame et une évolution sans surprise pour tous les personnages car finalement tout le monde il est beau tout le monde il est gentil. Mais le film reste avant tout une belle histoire de sororité où les jumelles portent haut la résilience et l'abnégation au féminin. Ca se regarde comme on dit.

Note :  

12/20