En Fanfare (2024) de Emmanuel Courcol

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Collaborateur régulier devant la caméra comme à l'écriture d'abord pour Philippe Lioret puis plus récemment pour Edouard Bergeon, Emmanuel Courcol est passé lui aussi derrière la caméra depuis "Cessez le Feu" (2016) et revient donc pour son troisième long métrage après "Un Triomphe" (2021). Le cinéaste a eu l'idée en se rappelant son intervention en tant que consultant il y a une dizaine d'années pour un scénario concernant un groupe de majorettes et sa fanfare qui lui avait été proposé par Oriane Bonduel et Marianne Tomersy. Entre temps la première a signé le film "Les Confettis sur le Béton" (2016), mais surtout le réalisateur-scénariste les retrouve toutes les deux pour co-écrire ce scénario avec également Irène Muscari dont c'est le premier scénario, puis Khaled Amara co-scénariste entre autre de "Epouse-Moi mon Pote" (2017) de Tarek Boudali, "Jusqu'ici Tout va Bien" (2019) de Mohamed Hamidi et qui retrouve son réalisateur après "Un Triomphe" (2021). Pour trouver le ton et surtout la fanfare adéquat Emmanuel Courcol a regardé le documentaire "La Fanfare ne perd pas le Nord !" (1999) de Frédéric Touchard, puis a même contacté ce dernier pour lui demander quelle serait la fanfare idéale pour son projet...  Thibault est un chef d'orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Suite à des soucis de santé il apprend qu'il a été adopté et se découvre l'existence d'un frère, Jimmy, employé municipal qui joue du trombone dans la fanfare de sa commune. En apparence tout les sépare sauf l'amour de la musique. Percevant les capacités musicales de son frère Thibault se donne pour mission de réparer l'injustice du destin et d'offrir à Jimmy une perspective plus grande vis à vis de la musique... 

Jimmy est interprété par Pierre Lottin qui retrouve son réalisateur de "Un Triomphe" (2020), vu récemment dans "Un Homme en Fuite" (2024) de Baptiste Debraux et "Quand vient l'Automne" (2024) de François Ozon, tandis que Thibault est incarné par Benjamin Lavernhe vu dernièrement dans "Jeanne du Barry" (2023) de et avec Maiwenn et "L'Abbé Pierre : une Vie de Combats" (2023) de Frédéric Tellier et retrouve après "Le Discours" (2020) de Laurent Tirard sa partenaire Sarah Suco vue dans "Veuillez nous excuser pour la Gêne occasionnée" (2023) de Olivier Van Hoofstadt ou "Comme une Louve" (2023) de Caroline Glorion. Citons ensuite Jacques Bonnafé dont les derniers films sont "Rêves de Jeunesse" (2019) de Alain Raoust et "Reprise en Main" (2022) de Gilles Perret, Anne Loiret vue dans "Le Consentement" (2023) de Vanessa Filho, "Coup de Chance" (2023) de Woody Allen et "Le Successeur" (2024) de Xavier Legrand, Mathilde Courcol-Rozès fille du réalisateur apparue dans "Cessez le Feu" (2016) et "Un Triomphe" (2021) retrouvant ainsi Yvon Martin vu depuis dans "Coupez !" (2022) de Michel Hazanavicius, Clémence Massart-Weit aperçue dans "Un Homme Pressé" (2018) de Hervé Mimran, puis enfin Charlie Nelson aperçu dans "Mascarade" (2022) de Nicolas Bedos, "Une Année Difficile" (2023) de Olivier Nakache et Eric Toldedano et "Le Fil" (2024) de et avec Daniel Auteuil... Précisons que les deux acteurs principaux sont déjà musiciens, Benjamin Lavernhe surtout qui joue de plusieurs instruments et très bon niveau, il lui a juste suffit de travailler un peu en amont, par contre pour la direction d'orchestre il a été coaché sur plusieurs mois par le chef Antoine Dutaillis. Pierre Lottin n'est pas en reste, mais plus autodidacte il joue du piano à un très bon niveau, puis il a dû suivre des cours avec la tromboniste Estelle Wolf grâce à laquelle l'acteur a pu assurer lui-même le trombone dans la fanfare... 

Le départ impose la musique comme une élément central, l'émotion mélomane nous émeut aussitôt et impose un lyrisme qu'on attendait pas forcément. Le genre débute plutôt dans la comédie avec une rencontre fraternelle simplement drôle, aussi bien écrite que bien jouée. Le drame intime et familial touche forcément, le récit joue merveilleusement le funambule entre le drame et la fantaisie car il aurait pas fallu grand chose pour que le film vire clairement vers un côté ou l'autre. Mais outre l'écriture de l'intrigue, il y a aussi les sous-intrigues entre le contexte de sinistrose sociale et la musique omniprésente qui soude en fraternité comme en amitié. Il y a bien le passage "crise" attendu, tant il s'agit d'un écueil du genre quasi inévitable. Mais le duo Lavernhe-Lottin fonctionne très bien au point qu'ils forment assurément l'un des plus beau duo de l'année. Le film devient malgré tout de moins en moins drôle, l'émotion devient plus douloureuse, mélancolique et/ou plus lyrique avec un final qui finira de transformer nos yeux humides en larmes mais sans jamais effacer nos sourires. Emmanuel Courcol signe un mélo tragi-comique fin, malin et surtout émouvant à voir et à conseiller.

Note :                 

15/20