Heretic (2024) de Scott Beck et Bryan Woods

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Voilà le nouveau film du duo Scott Beck et Bryan Woods qui avait été un temps vu comme des scénaristes talentueux avec le succès mérité du dyptique "Sans un Bruit" (2017-2021) de John Krasinski, avant malheureusement de sombrer avec le navrant "65 - la Terre d'Avant" (2023), un des pires films de l'année précédente. A priori ce nouveau projet est dans leurs petites têtes depuis leur adolescence où ils tournaient leurs premiers courts métrages. Ainsi c'est la rencontre avec une grand-mère qui croyait à l'apocalypse d'ici quelques mois qui leur aurait inspiré cette histoire... Deux jeunes missionnaires mormonnes font du porte à porte dans l'espoir de convertir des habitants. Après une journée infructueuse elles décident une dernière tentatives en frappant à la porte d'une maison isolée. Un charmant Mr Reed les accueille mais bientôt elles vont comprendre qu'elles sont en fait piéger dans une maison digne d'un labyrinthe dont leur hôte concepteur n'est pas si bienveillant... 

L'hôte ultime de ce porte à porte est incarné par Hugh Grant vu récemment dans les films fantasmagoriques "Donjons et Dragons : l'Honneur des Voleurs" (2023) de Jonathan Goldstein et John Francis et "Wonka" (2023) de Paul King, l'acteur a été choisi par la volonté des cinéastes de voir cet acteur qu'ils ont surtout remarqué dans "Cloud Atlas" (2012) des Wachowski dans un contre-emploi. Les deux jeunes mormones sont interprétées par deux jeunes actrices méconnues, Chloe East aperçue dans la série TV "Generation" (2021) et surtout dans le film "The Fabelmans" (2022) de Steven Spielberg, puis Sophie Thatcher aperçue dans "Le Croque-Mitaine" (2023) de Rob Savage et "MaXXXine" (2024) de Ti West. N'oublions pas ensuite Topher Grace remarqué dans "Traffic" (2000) de Steven Soderbergh et vu depuis dans "Interstellar" (2014) de Christopher Nolan ou "BlacKKKlansman" (2018) de Spike Lee mais qu'on n'avait plus vu sur grand écran depuis "Irresistible" (2020) de Jon Stewart. Les autres seconds rôles sont tenus essentiellement par des acteurs méconnus comme Elle Young ou Julie Lynn Mortensen aperçus plus ou moins dans quelques épisodes TV... Le concept au départ n'a rien de bien original, où un psychopathe se délecte de séquestrer deux jeunes femmes qui doivent faire preuve d'intelligence et d'instinct de survie pour se sortir du piège. Les premières minutes du film font peur avec l'impression d'ouvrir un teen movie où deux ados parlent sexe "innocemment". Une ouverture un peu gratuite car on comprend que les deux jeunes femmes ne se connaissent pas beaucoup, ajouté à leur religion on peut trouver cette conversation surréaliste.

Il faut attendre l'arrivée au manoir de M. Reed/Grant pour que le film commence vraiment. On savoure en premier lieu ce personnage, à la fois la quintessence de l'acteur (poli, propre sur lui, façon gendre idéal) et à la fois en contre-emploi (psychopathe mais maître de lui) dans un manoir qui semble anachronique tant il pourrait sortir d'une autre époque. Le face à face entre les deux soeurs mormonnes et le vieux théologien est aussitôt peu équilibré tant l'homme semble être un érudit solide et crédible alors que les deux jeunes femmes sont aussi timides que peu à même d'avoir les compétences pour contredire ce théologien athée jusque dans la perversion. D'ailleurs la plus grande qualité du film réside dans l'argumentaire absolument jouissif de ce théologien, jouissif pour un athée cela va de soit. Un régal athée qui se résume à 20-25mn. Lorsque l'une d'elle tente un contre-argumentaire cela se résume à trois phrases encore plus réductrices et caricaturales que leur hôte. Second plaisir coupable. Mais le débat s'éternise, devient long voir redondant, très et trop bavard ce M. Reed et les deux jeunes femmes sont et font beaucoup trop pauvres oies blanches même si les deux actrices jouent merveilleusement leur gamme de jeunes vierges effarouchées. On salue donc surtout le malaise palpable et réellement anxiogène de la première partie, on salue la théologie selon M. Reed, mais le récit devient ensuite moins intéressant car reprend un canevas plus classique, moins surprenant tout en restant aussi bavard. Un thriller psycho-théologique passionnant au départ mais qui s'essouffle donc. La perversité serait peut-être d'emmener un croyant écouter la diatribe anti-religieuse de M. Reed !

Note :  

12/20