Dans une année cinématographique française ayant fait la part belle aux films traitant de la mafia corse ; celui-ci suscitait une grande attente. Réalisé et co-écrit par le fils d’un gros bonnet corse décédé en 2006 et présenté à Cannes dans la section « Un certain regard » ; les critiques en faisait l’apothéose du genre sur cette année. Pour moi, il ne détrônera pas « Borgo » de Stéphane Demoustier sorti au printemps.
Ce film de Julien Colonna se veut pourtant le plus loyal et le moins romantique possible avec le thème qu’il aborde. Fini les mafieux type « La Parrain », sniff !!! En plaçant la relation filiale entre une fille de 15 ans et son père qu’elle suit en cavale, il raconte un peu sa propre histoire ; sur le papier, çà provoquait pas mal de curiosité et d’envie. Le scénario co-écrit avec Jeanne Herry permettait aussi d’espérer beaucoup. S’il permet dévier le piège du film à thèse sur « le problème corse » en mettant au cœur du film une relation humaine ; il ne parvient guère à nous émouvoir. Son refus de sensationnalisme confine parfois à l’ascétisme. Oh c’est beau et sauvage la corse, comme ses habitants, semble dire la mise en scène naturaliste. Mais enfermé dans sa logique implacable et son rythme monocorde ; on parvient peu à s’échapper. Et les comédiens, souvent amateurs, ne nous y aident pas. Désolé de l’écrire, mais la jeune fille (Ghjuvanna Benedetti) semble réciter son texte et bien souvent sur joué l’accent trainant corse.
Néanmoins, peut-être grâce à la finesse d’écriture des rapports humains de Jeanne Herry, le récit initiatique et la transmission des valeurs permettent de donner un certain intérêt au propos. Surtout que cela participe à désacraliser la figure mythique du parrain et de montrer l’envers du décor avec un homme tantôt proie tantôt chasseur mais toujours en planque comme une bête sauvage.
Pas le grand film attendu…
Sorti en 2024
Ma note: 11/20