7 Hommes à Abattre (1956) de Budd Boetticher

Il s'agit du premier scénario de Burt Kennedy, qui signera encore quatre westerns pour Boetticher avant de passer à son tout derrière la caméra avec "L'Escadron Rouge" (1961), suivi entre autre de "La Caravane de Feu" (1967) et "Un Colt pour Trois Salopards" (1971). Au départ Kennedy proposa son histoire à un certain John Wayne qui s'y intéressa pensant même assumé le rôle principal mais finalement il fut pris par le tournage de "La Prisonnière du Désert" (1956) de John Ford. Cependant la star resta producteur via sa société Batjac et proposa de laisser sa place à l'acteur Randolph Scott avec qui il avait joué dans "Les Ecumeurs" (1942) de Ray Enright. La réalisation est alors confiée à Budd Boetticher, alors solide réalisateur de série B avec des films comme "Le Traître du Texas" (1952), "Le Brave et la Belle" (1955) ou "Le Tueur s'est Evadé" (1956). L'entente sur ce tournage fut telle que Boetticher retrouvera Kennedy pour quatre autres films, et surtout il tournera encore, quasiment coup sur coup, six autres films avec son acteur principal... Le shérif Ben Stride traque des hommes en fuite. 7 hommes qui ont tué son épouse lors d'une attaque de banque. Après avoir trouvé les deux premiers, il rencontre un couple de colons en difficulté qu'il aide le temps d'arriver à la prochaine ville où il sait pouvoir trouver les cinq derniers... 

Le shérif est donc incarné par Randolph Scott qui tourne là son premier des sept westerns avec Boetticher formant ainsi un duo phare du western à l'instar des Anthony Mann avec James Stewart ou John Ford et John Wayne, il retrouve aussi après "Les Massacreurs du Kansas" (1953) de André De Toth son partenaire Lee Marvin qui retrouve Boetticher après "L'Expédition du Fort King" (1953) et vu entre temps dans "L'Equipée Sauvage" (1953) de Laszlo Benedek, "Un Homme est passé" (1955) de John Sturges ou "Attaque" (1956) de Robert Aldrich. N'oublions pas Gail Russell, qui fut imposer par John Wayne lui-même, actrice oubliée suite à de gros soucis d'alcool qui la tueront bientôt, et qui avait joué avec Wayne dans "L'Ange et le Mauvais Garçon" (1947) de James Edward Grant et "Le Réveil de la Sorcière Rouge" (1948) de Edward Ludwig. Citons ensuite Walter Reed qui retrouve son réalisateur de "Le Traître du Texas" (1952) et "Le Déserteur de Fort Alamo" (1953) après lequel il retrouve Stuart Whitman qui était aussi dans "The Magnificent Matador" (1955) toujours de Boetticher, puis John Larch qui retrouve son réalisateur aussitôt après "Le Tueur s'est évadé" (1956) et qui deviendra un ami intime d'un certain Clint Eastwood avec qui il tournera dans "Un Frisson dans la Nuit" (1971) de Eastwood et "L'Inspecteur Harry" (1971) de Don Siegel, Donald Barry apparu dans "Rue sans Issue" (1937) de William Wyler, "Seuls les Anges ont des Ailes" (1939) de Howard Hawks ou "Une Femme en Enfer" (1955) de Daniel Mann, Fred Graham vu dans "Les Révoltés du Bounty" (1935) de Frank Lloyd, "20000 Mille Lieues sous les Mers" (1954) de Richard Fleischer et "Les Gladiateurs" (1954) de Delmer Daves, puis enfin Chuck Roberson qui tourna une grande majorité de ses 150 films dans des westerns dont "Winchester 73" (1950) de Anthony Mann, "Les Implacables" (1955) de Raoul Walsh ou "La Prisonnière du Désert" (1956) de John Ford... Le récit débute un peu trop vite, avec une rencontre qui nous plonge aussitôt dans l'intrigue comme si il manquait les 15-20mn premières minutes de film. D'ailleurs, ce constat se confirme à la fin du film, d'une durée de seulement 01h15 qui s'avère bien trop courte, les personnages aurait pu surtout gagné en consistance. C'est le petit défaut du film.

Sinon, l'intrigue du vengeur de l'Ouest suite à un viol fait sans doute de ce film un précurseur du Rape and Revenger du far-west, un sous-genre dont les représentants les plus connus restent "Los Bravados" (1957) de Henry King et "Le Dernier Train de Gun Hill" (1959) de John Sturges mais qui connaîtra son heure de gloire grâce au western spaghetti, le sujet aussi malsain que violent se prêtant parfaitement au style du spaghetti. Boetticher signe un western d'un grand classicisme, mais dans la grande tradition du genre, carré, solide et efficace mais dont l'atout reste son casting mené certe par un Randolph Scott qui en impose mais dont le personnage le plus intéressant reste celui incarné par Lee Marvin. Ce dernier joue un pistolero ambigu dont on ne perçoit pas s'il est un allié ou un traître, et vole ainsi la vedette à la star. Tout fonctionne à merveille, belle photographie en prime mais on ne peut que déplorer cette durée très et trop courte qui empêche au récit de prendre de l'ampleur. Néanmoins ça reste un western idéal, un très bon moment.

Note :                 

Hommes Abattre (1956) Budd BoetticherHommes Abattre (1956) Budd BoetticherHommes Abattre (1956) Budd Boetticher

15/20