Conclave (2024) de Edward Berger

Après quelques films et surtout après son remake remarqué "A l'Ouest rien de Nouveau" (2022), Edward Berger revient avec un thriller ecclésiastique, un sous-genre en soi avec par exemple "Le Nom de la Rose" (1986) de Jean-Jacques Annaud, "Amen" (2002) de Costa Gravas, "Da Vinci Code" (2006) de Ron Howard ou "El Club" (2015) de Pablo Larrain. Pour ce nouveau projet il adapte le roman éponyme (2016) de Robert Harris, auteur déjà maintes fois porté sur grand écran dont "The Ghost Writer" (2010) de Roman Polanski qu'il adpate lui-même, puis retrouve d'ailleurs ce réalisateur comme scénariste sur le film "J'Accuse" (2019). Pour ce projet le réalisateur-scénariste co-signe le scénario avec Peter Straughan qui a écrit entre autre sur les films "Les Chèvres du Pentagone" (2009) de Grant Heslov, "La Taupe" (2011) de Tomas Alfredson ou "Le Chardonneret" (2019) de John Crowley. Le film serait déjà annoncé comme un des grands favoris aux prochains Oscars 2025. Quand le pape décède de façon inattendue et mystérieuse, le cardinal Lawrence se retrouve en charge d'organiser la sélection de son successeur. Alors que les machinations politiques au sein du Vatican s'intensifient, il se rend compte que le pape défunt leur avait caché un secret qu'il doit découvrir avant l'élection...

Le cardinal Lawrence est incarnépar Ralph Fiennes vu dans "Mourir peut Attendre" (2021) de Cary Joji Fukunaga ou "Le Menu" (2022) de Mark Mylod et retrouve après "The King's Man : Première Mission" (2021) de Matthew Vaughn son partenaire Stanley Tucci vu récemment dans "I Wanna Dance with Somebody" (2022) de Kasi Lemmons et retrouve après "L'Affaire Pelican" (1993) de Alan J. Pakula l'acteur John Lightgow vu dans "Scandale" (2019) de Jay Roach ou "Killers of the Flower Moon" (2023) de Martin Scorcese. Qui dit conclave dit cardinaux du monde entier et le casting est donc logiquement composé d'acteurs internationaux notamment l'italien Sergio Castellitto dans ses propres films depuis "Libero Burro" (1999) à "Un Dragon en forme de Nuage" (2021), l'irlandais Brian F. O'Byrne vu dans "Queen and Country" (2014) de John Boorman ou "Jimmy's Hall" (2014) de Ken Loach, le géorgien Merab Ninidze vu dans "La Lune de Jupiter" (2017) de Kornel Mundruczo ou "Sans Aucun Remords" (2021) de Stefano Sollima, l'australo-polonais Jacek Koman aperçu chez Baz Luhrmann avec "Moulin Rouge" (2001), "Australia" (2008) et "Gatsby le Magnifique" (2013), le français Rony Kramer apparu dans "Notre Musique" (2004) de Jean-Luc Godard ou "Pourquoi tu Pleures ?" (2011) de Katia Lefkowich, puis n'oublions pas la religieuse Isabella Rosselini actrice culte de "Blue Velvet" (1986) et "Sailor et Lula" (1990) tous deux de David Lynch et vue récemment dans "Spaceman" (2024) de Johan Renck... L'auteur a eu l'idée de son roman en voyant les visages des cardinaux lors du conclave de 2013 en se disant qu'ils avaient surtout l'air  d'hommes politiques plutôt que des hommes d'église, et c'est tout à fait ça. Outre le roman, le film retransmet parfaitement cette sensation qui s'avère ainsi un état de fait. Secrets, scandales, manipulations et autres trahisons parsèment un conclave qui n'est autre qu'une élection entre Grands Electeurs. Le Pape défunt était lui-même un fin cachotier mais le scénario offre son lot de surprises et de suspense.

La lutte entre les différents clans (partis ?!) permet un véritable suspense qui tient la route jusqu'au bout même si le doute s'estompe très vite après le scandale et la révélation en plein conclave. Comme le dit un cardinal, ils ont un idéal mais ils ne sont pas des hommes idéaux, juste des êtres humains avec leurs faiblesses jusque aux personnages principaux qui n'hésitent finalement pas à dévier de leur morale pour s'assurer ou se rassurer dans leur certitude comme dans leur doute... ATTENTION SPOILERS !... brisé un scellé aussi visible et connu n'est pas très malin, croire que discuter stratégie dans un couloir en proie aux échos n'est pas moins discret... FIN SPOILERS !... Ainsi les méandres de la foi s'avèrent non moins tortueux que les coulisses de la politique du commun des mortels. Les décors restent sobres, voir idéalement austères tels qu'on pourrait se l'imaginer dans les murs du Vatican, mais le rythme est de même et manque sans doute d'une tension ou d'un côté anxiogène plus palpable. Si le suspense est bien là on n'a pas de montée en pression, à croire qu'on s'en moquerait presque de l'élection du Pape (?!) Mais les acteurs sont excellents et incarnent à merveille les ambitions et/ou les failles de ces hommes âpres au gain et au pouvoir, comme tous leurs semblables finalement ! Edward Berger signe un thriller politico-religieux bien ficelé et prenant au sein de ce qui reste à la fois la plus secrète et la plus populaire des sectes.

Note :                 

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14/20