The Murderer (2011) de Na Hong-Jin

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Retour du coréen Na Hong-Jin avec ce second long métrage après le très remarqué "The Chaser" (2008), et retrouve ainsi une grande partie de son équipe dont le scénariste et ses deux stars. Ce premier film ayant marqué les esprits la production a pu aussi compter sur un nouveau partenaire, la Fox studio hollywoodien majeur qui a su obtenir les droits  pour un remake, une suite qui seraient assumés par le réalisateur sud-coréen. C'est donc le premier film sud-coréen co-produit par avec un studio américain. Le réalisateur-scénariste co-signe son scénario avec Chihiro Itou à qui on doit le scénario du film d'animation "The Sky Crawlers" (2012) de Mamoru Oshii d'après Hiroshi Mori, puis surtout Won-Chan Hong co-scénariste déjà de "The Chaser" (2008) , "Deliver Us from Evil" (2020) ou "Confession of Murder" (2012) de Jung Byung-Gil. Le film reçoit un accueil tout aussi chaleureux, permettant au cinéaste de revenir avec un autre thriller, "The Strangers" (2016) après lequel, il produit le plus bancal "The Medium" (2021). Le film est logiquement interdit au moins de 12 ans à sa sortie... Yanji, ville de la province chinoise de Yanbian, coincée entre Russie et Corée du Nord, Gun-Nam est un chauffeur de taxi miséreux qui fait partie des 50% de la population qui vit d'activités illégales. Surendetté, il est dans l'obligation d'accepter une porte de sortie, un gros caïd lui propose de partir en Corée du Sud et tuer un homme. Il accepte d'autant plus qu'il espère aussi retrouver sa femme, partie depuis plusieurs mois avec un autre homme en Corée du Sud. Mais rien ne se passe comme prévu, il est alors traqué par tous...

Le caïd est interprété par Kim Yoon-Seok vu entre autre dans "Woochi, le Magicien des Temps Modernes" (2009) de Choi Dong-Hoon ou "The Fortress" (2017) de Hwang Dong-Hyeok, puis retrouve son réalisateur et son partenaire après "The Chaser" (2008), et le retrouvera aussi dans "1987 : When the Day Comes" (2017) de Jang Joon-Hwan, il s'agit de Ha Jung-Woo alias Gu-Nam pour lequel il obtient le Asian Films Awards 2011 du meilleur acteur, révélé dans "Time" (2006) et "Souffle" (2007) tous deux de Kim Ki-Duk, vu aussi dans "Les Femmes de mes Amis" (2009) de Hong Sang-Soo ou "Mademoiselle" (2016) de Park Chan-Wook, et retrouvera dans "Nameless Gangster" (2012) de Yoon Jong-Bin et "Tunnel" (2016) de Kim Seong-Hoon l'acteur Lee Cheol-Min vu plus tard dans "La Bataille de Jangsari" (2019) de Tae-Hun Kim et Kyung-Taek Kwak, retrouvant également après "Nameless Gangster" (2012) Lee Hee-Joon qui retrouvera de son côté Kim Yoon-Seok dans "Sea Fog" (2014) de Sung-Bo Shim, puis vu encore dans "Pandémie" (2013) de Kim Sung-Su ou "The Drug King" (2018) et "L'Homme du Président" (2020) tous deux de Min-Ho Woo. Citons encore Lee Eol apparu dans"Samaria" (2004) de Kim Ki-Duk ou "Holly-Dei" (2006) de Yang Yun-Ho, Lee Yoo-Mi vue dans "Monster Boy" (2013) de Joon-Hwan Jang, "Like a French Man" (2016) de Yeon-Schick Shin et plus récemment dans la série TV "Squid Game" (2021-...), Park Byeong-Eun vu plus tard dans "Amsal" (2015) de Dong-Hoon Choi et "The Great Battle" (2018) de Kwang-Shik Kim, mais retrouve après "Princess Aurora" (2005) de Pang Eun-Jin et "Breathless" (2008) de Yang Ik-Jun son partenaire Jeong Man-Sik vu aussi dans "Hard Day" (2014) de Kim Seong-Hun, "Lucky Strike" (2020) de Kim Yong-Hoon,"The Swordsman" (2020) de Jae-Hoon Choi, "Hunt" (2022) de Lee Jung-Jae, Ahn Seon-Hyun vue dans "The Housemaid" (2010) de Im Sang-Soo et "Okja" (2017) de Bong Joon-Ho, Jo Sung-Ha aperçu dans "Miso" (2003) de Kyung-Hee Park, "Desert of No Return" (2017) de Eun-Ki Ko ou "Serve the People" (2022) de Cheol-Soo Jang, puis enfin Hwang Seok-Jeong vue dans "Les Formidables" (2006) de Min-Ho Cho, "The Strangers" (2016) ou "La Mémoire Assassine" (2017) de Won Shin-Yeon... Notons que ce film est le premier à traiter l'immigration entre Chine et Corée sur fond de thriller aussi alambiqué que violent. Ainsi, les deux personnages principaux viennent de la ville du Yanbian, dont la forte proportion de la minorité coréenne font que cette province autonome est appelée "troisième Corée", tandis que la proximité avec les deux Corée les affaires illégales fleurissent. Pour accentuer cette dimension sociale le réalisateur a engagé de nombreux badauds et riverains pour composer les figurants. Le scénario est chapitré, logiquement car l'histoire est dense et complexe avec plusieurs sous-intrigues en filigrane de la mission commanditée à Gu-Nam/Jung-Woo. 

Dans  la première partie, Gu-Nam/Jung-Woo est un looser qui n'a d'autre choix d'accepter une mission de meurtre pour tenter de rebondir et aussi de retrouver sa femme. Ensuite il y a toute une partie où notre tueur à gage prépare son meurtre en tentant d'être consciencieux, c'est laborieux jusqu'au twist ; un rebondissement qui offre une des meilleures scènes d'action dans une cage d'escalier, violent et réaliste tout en mêlant panique, peut et instinct de survie. A partir de là le rythme devient effréné. Pour accentuer cette sensation de fuite en avant toujours plus improbable que galvanisante le réalisateur n'hésite pas à constituer son récit via un montage hallucinant de 5000 plans pour 250 scènes, ce qui est un record quand un film a en moyenne 400-600 plans ; en comparaison, "L'Enfer du Dimanche" (1999) de Oliver Stone souvent cité pour ce type de référence comporte 3000 plans. Résultat, le rythme est fou, tout se retrouve alors dans l'urgence et, en parallèle, la violence s'accentue aussi allant vers un surréalisme dans la survie des protagonistes. Mais ça fait le funambule avec la ligne jaune, par exemple les "John Wick" (2014-...) dépasseront allègrement cette limite en esthétisant de surcroît une violence exacerbée. Ici, le réalisateur coréen signe un film d'action évolutif à tous points de vue, la montée en puissance amène à un suspense efficace (qui va survivre !) avec un récit bien construit malgré tout et qui reste explosif. 

Note :                 

14/20