Premier long métrage de la jeune Louise Courvoisier après plusieurs courts métrages dont "Mano a Mano" (2018) dont la cinéaste reprend plusieurs éléments. Originaire du Jura, la cinéaste s'inspire de son enfance et de son amour pour sa province. Avec peu de moyens elle va réunir autour d'elle sa famille et ses proches ainsi sa mère et son frère sont les compositeurs de la musique du film, sa soeur est cheffe décoratrice et un frère est "chef constructeur". Mais elle a aussi fait appel à des camarades de sa promotion de La CinéFabrique de Lyon avec Elio Balézeaux en chef-opérateur qui a fait ses premiers pas pour un long métrage avec le documentaire "Madame Hoffman" (2023) de Sébastien Lifshitz, Sarah Grosset en monteuse et Théo Abadie en co-scénariste. La réalisatrice-scénariste a co-signé son scénario mais avec l'aide d'un auteur expérimenté, Marcia Romano qui a notamment participé récemment à l'écriture de films comme "Adieu les Cons" (2020) de et avec Albert Dupontel, "L'Evénement" (2022) de Audrey Diwan ou "Revoir Paris" (2022) de Alice Winocour...
Totone 18 ans, passe le plus clair de son temps à faire la fête et écumer les bals du Jura avec ses potes. Mais la réalité le rattrape et il doit soudain assumer ses responsabilités et s'occuper de sa petite soeur de 7 ans. Il se met alors en tête de fabriquer son propre fromage, un Comté et gagner ainsi le concours agricole... L'intégralité du casting est composé de non professionnels trouvés via des castings sauvages à travers le Jura et notamment dans les comices agricoles. Ainsi le jeune héros est incarné par Clément Faveau qui travaille en alternance en CFA puis dans un élevage de volailles, sa petite soeur est interprétée par Luna Garret jeune fille que la réalisatrice connaît depuis toute petite, la petite amie est jouée par Maïwène Barthelemy qui était alors en BTS agricole, tandis que la fromagère est en réalité gardienne de prison ! Citons encore Mathis Bernard, Dimitry Baudry, Armand Sancey Richard, Lucas Marillier ou Isabelle Courajeot... L'ouverture du film permet à la réalisatrice de reprendre un plan-séquence qui renvoie directement à son court-métrage "Mano Mano" (2018). Dès les premières minutes on remarque surtout que la cinéaste accumule tous les clichés du beauf du monde agricole, et si il en existe (des beaufs !) elle en fait malheureusement une grande majorité voir une affirmation un peu facile. Aurait-elle voulu concurrencer l'univers de Bruno Dumont (son dernier film est le nanard "L'Empire" en 2024) ?! Donc les gens de province et les agriculteurs sont sales, alcooliques, incultes et irresponsables...
Malgré tout, le récit évolue et les personnages aussi donc, et le tournant arrive avec l'arrivée de la jeune Marie-Lise/Barthelemy qui apporte une vraie fraîcheur, un soupçon de sensualité et surtout une maturité et une gentillesse toute féminine tout en sachant s'imposer dans un monde très macho. Elle est l'atout maître(sse) du film. Au fur et à mesure le jeune Totone/Faveau nous touche de plus en plus, l'amitié prend une place essentiel et avec la solidarité, et surtout on apprécie la place du travail mis en valeur. Le processus autour du fromage est intéressant rappelant s'il fallait que tout n'est pas si simple. On reste pourtant étonné qu'un jeune homme dont le père faisait du fromage en sache finalement si peu ?! La réalisatrice a tourné en lumière naturelle, et a su se servir des paysages et des décors comme un personnage principal à part entière. Le film a un ton naturaliste, où la naïveté et/ l'immaturité de Totone permet aussi une légèreté ou une pincée de fantaisie pour mieux lui remettre la tête à l'endroit. En conclusion, un premier film qui sent bon la jeunesse et l'espoir, qui pêche par un trop plein de poncifs faciles mais qui sent bon aussi la sincérité et la bonne émotion sans sentimentalisme. Un beau et bon film à conseiller.
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