Après son premier long métrage "Mi Iubita mon Amour" (2021) la réalisatrice-actrice Noémie Merlant signe son second film avec un projet plus ambitieux qu'elle a pourtant commencé à écrire il y a quatre années, juste après "Portrait de la Jeune Fille en Feu" (2019) de Céline Sciamma, réalisatrice-scénariste à qui elle demande d'être sa co-scénariste, entre temps cette dernière aura réalisé "Petite Maman" (2021) et co-écrit également "Les Olympiades" (2021) de Jacques Audiard dans lequel jouait aussi Noémie Merlant. L'idée de base vient de la colocation de la cinéaste chez son amie et actrice Sandra Codreanu : "Un mec habitait en face - rien à voir avec le voisin das le film -, on le voyait nous regarder, il était curieux de notre liberté, de la nudité qu'on s'accordait entre nous, qui n'était pas une nudité de séduction, mais plutôt celle de la confiance retrouvée, des corps qui se relâchent." Pour ce qu'elle qualifie de "farce punk dénonçant des oppressions patriarcales", la réalisatrice-scénariste cite plusieurs références dont les univers de Pedro Almodovar, Quentin Tarantino, les thrillers "The Chaser" (2008) et "The Strangers" (2016) tous deux de Na Hong-Jin, mais aussi "Ichi the Killer" (2001) de Takashi Miike et "Les Petites Marguerites" (1967) de Vera Chytilova... Trois femmes son amies et colocataires dans un appartement à Marseille en pleine canicule qui permet une liberté qu'elles savourent dès que possible. Elles fantasment aussi sur leur voisin d'en face jusqu'au jour où l'homme les invite, mais la rencontre ne va pas se conclure comme elles l'auraient rêvé...
Les trois amies sont incarnées par Noémie Merlant elle-même vue récemment dans le remake "Emmanuelle" (2024) de Audrey Diwan et "Lee Miller" (2024) de Ellen Kuras et retrouve après "Mi Iubita mon Amour" (2021) son amie Sandra Codreanu aperçue dans le film collectif et choral "Selfie" (2018), puis Souheila Yacoub remarquée dans "Climax" (2018) de Gaspard Noé et vue notamment dans "Le Sel des Larmes" (2020) de Philippe Garrel, "En Corps" (2022) de Cédric Klapisch ou "Dune, Deuxième Partie" (2024) de Denis Villeneuve. Citons ensuite Lucas Bravo qui retrouve Noémie Merlant après "La Crème de la Crème" (2014) de Kim Chapiron et vu depuis dans "Ticket to Paradise" (2022) de Ol Parker ou "Une Robe pour Mrs Harris" (2022) de Anthony Fabian, Nadège Beausson-Diagne apparue dans "Chère Léa" (2021) de Jérôme Bonnell ou "Trois Fois Rien" (2022) de Nadège Loiseau, Christophe Montenez qui retrouve également Noémie Merlant après "Le Retour du Héros" (2018) de Laurent Tirard et vu dans "Le Bal des Folles" (2021) de et avec Mélanie Laurent et "Les Amours d'Anaïs" (2021) de Charline Bourgeois-Tacquet, et enfin Henri Cohan aperçu dans "La Graine et le Mulet" (2007) de Abdellatif Kechiche ou "Bellamy" (2009) de Claude Chabrol... Dès le départ on sent la volonté farouche de Noémie Merlant d'imposer une histoire de sororité forte et de marteler un message féministe fort sur la liberté des femmes et surtout sur la volonté des femmes à se réapproprier leur corps. C'était son but et on constate vite qu'elle assume quitte à y aller franco, sans y aller avec le dos de la cuillère comme on dit. L'ouverture du film est stylé, avec un clin d'oeil évident à "Fenêtre sur Cours" (1955) de Alfred Hitchcock (bien que rien à voir avec le sujet ou le propos) et une scène qu fait son effet pour bien pointer du doigt la thématique principale du film. Au départ on s'amuse un peu de ces trois copines plus ou moins libres et délurées, aux moeurs qui déplairaient assurément aux islamistes et rien que ça c'est assez savoureux.
Mais au fil du récit on commence aussi à s'interroger sur les moyens que met en place la réalisatrice-scénariste-actrice. Enormément de nudité notamment assumé d'ailleurs surtout par Noémie Merlant qui se paie le luxe d'aller beaucoup plus loin que dans son précédent film, le remake érotique "Emmanuelle" (2024)... ATTENTION SPOILERS !... topless quasi tout le film, nudité gynécologique frontale, une amie également topless tout le film et une autre qui paraît alors étonnament bien pudique face à ses deux amies... FIN SPOILERS !... Le soucis est que tout ça paraît très gratuit, sans nécessité réelle narrative et ce, même si ça reste pour les yeux un régal, Noémie Merlant à un corps magnifique. Mais à force de vouloir crier haut et fort que les femmes ont droit à leur liberté sexuelle, au droit de faire ce qu'elles veulent de leur corps la cinéaste se laisse aller à une sorte de démonstration Femen qui ne sert nullement le propos, qui reste la violence faîtes aux femmes. On est donc partagé entre le côté décomplexé, déluré et libre de ces femmes et ce féminisme à outrance voir hystérique qui manque de subtilité, pour ne pas dire malaisant et/ou vulgaire. Dommage, car l'idée a un potentiel certain, ce mélange des genres (comédie, sororité, fantastique, tragi-comédie...) a parfois un grain de folie savoureux, parfois drôle, caustique et satirique. Malheureusement, la ligne jaune est trop souvent franchie, trop gratuit, trop fouillie, top en roue libre. Un film singulier, aussi passionnant qu'irritant, dont le propos est arasé par une nudité surréaliste. Attention, conseillons une interdiction au moins de 16 ans...
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