SYNOPSIS : Ce nouveau chapitre, situé 183 ans avant la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX, explore l'histoire de la Maison de Helm Poing-de-Marteau, roi de Rohan. Face à l'attaque soudaine de Wulf, un seigneur vengeur et cruel, Helm et son peuple se barricadent dans la forteresse de Hornburg, rebaptisée Gouffre de Helm. Dans cette lutte désespérée, Héra, la fille de Helm, doit rassembler le courage nécessaire pour diriger la résistance contre un ennemi déterminé à détruire son peuple.
Après Star Wars largement compressée, martelée, essorée et dénaturée, voilà que la franchise du Seigneur des Anneaux semble subir à son tour le même traitement. On comprend bien la nécessité d'exploiter des droits de propriété intellectuelle acquis sur des œuvres afin de pouvoir les conserver dans son giron, mais c'est toujours dommage lorsque cela se produit en dépit du bon sens. On se souvient du bancal premier Amazing Spider-Man produit à l'époque en partie pour cette raison. Bien sûr avant de voir L a Guerre des Rohirrim nous étions enthousiastes : un film animé américano-japonais du Seigneur des Anneaux, voilà qui aguichait non seulement par l'originalité de la démarche mais aussi par le mélange des influences. Pourtant un bel écrin ne renferme pas toujours un beau bijou, et cette Guerre des Rohirrim vient de largement nous le démontrer. Nous pouvons toujours espérer qu'il s'agisse d'une erreur de parcours, et que même si la série télévisée des Anneaux de pouvoir est décriée par une partie des fans il ne faut pas oublier qu'elle continue son petit bonhomme de chemin, mais il est aussi difficile de faire l'impasse sur l'actualité de la franchise qui s'étoffe, jusqu'à un film annoncé centré sur Gollum avec le retour potentiel d'anciens acteurs. L'étau se resserre et on se demande si comme chaque œuvre Star Wars bancale ou carrément ratée, Le Seigneur des Anneaux est parti à son tour pour une ou plusieurs décennies de démarches farfelues et de lynchages en règle ?
La Guerre des Rohirrim ne cache clairement pas ses intentions. La première est de féminiser la franchise, un peu comme Disney l'a fait à l'époque de la postlogie avec Rey. La seconde est de ne pas trop se fouler. Bienvenue dans une origin story paresseuse sur le Gouffre de Helm. Les premières minutes du film savent pourtant putassièrement nous séduire : les musiques de la trilogie de Peter Jackson commencent à raisonner (sans finalement que ça n'ait, avec recul, aucune logique), les poils se hérissent et on se dit que c'est incroyable de retrouver ces thèmes chers à nos cœurs. Puis on comprend rapidement le subterfuge. Le Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirrim n'a aucune personnalité et n'a absolument aucune vocation à s'en trouver une. Musiques recyclées à gogo, caméo histoire de, références aux anneaux et autres éléments de fan service sont là pour nous rappeler que nous sommes bien dans Le Seigneur des Anneaux. Heureusement sinon on aurait plutôt cru s'être perdus dans Game of Thrones tant l'ambiance et l'aspect plan-plan des complots s'en rapproche. Ajoutons à cela qu'une partie du film se déroule dans la neige, et à un moment notre cerveau s'est carrément égaré et dit " ah ils vont mettre des marcheurs blancs " avant de nous souvenir que nous étions devant une autre franchise. Ce manque d'identité flagrant est terrible car même imbibé de fan service nous n'avons pas du tout eu l'impression d'être immergé dans le monde de Tolkien. Ensuite l'histoire...elle débute d'une façon ridicule qui a le mérite de poser directement le gigantesque bordel dans lequel nous allons nous retrouver malgré nous. One Punch Man, euh, Helm Poing-de-Marteau, qui avec son blaze stylé est aussi accessoirement roi du Rohan, tue par accident un adversaire d'un seul coup de poing. Ce meurtre sera le début d'un déferlement de violence mené par le fils du défunt, un incel frustré et largement dérangé qui va s'évertuer à massacrer quiconque se place sur son chemin. Héra, la fille de Helm, se retrouve elle aussi prise à partie. Désormais la guerre est aux portes de la forteresse.
Se lancent alors tout un tas d'interactions sans queue ni tête, de décisions hâtives qui sont à la stratégie ce que le présent papier est à un manuel de plomberie, de pseudo plans qui consistent en réalité à se prendre pour John Wick en fonçant seul dans le camp adverse pour libérer un compagnon piégé, de forces et d'aptitudes sans aucune règle que les scénaristes utilisent selon leur humeur et le sens qu'ils souhaitent faire prendre à leur histoire malade. Helm en est le parfait exemple. Sorte de Hulk invincible les 3/4 du temps il devient frêle et vulnérable lorsque les scénaristes ont décidé que le cahier des charges légitimait de créer un moment d'émotion ou un moment de bravoure. Là où Helm déglinguait quelques minutes plus tôt une immense créature à cornes comme s'il s'agissait d'un simple témoin de Jéhovah placé au milieu de son chemin, voilà qu'il se fait mettre en difficulté par une bande de péquins hauts comme trois pommes. Cette absence de logique est à la hauteur de la bêtise de l'énorme chiffe molle qui fait office de bad guy. C'est bien simple, il n'a qu'un plan : tout détruire. Sans tenir compte de l'avis de ses conseillers, sans avoir aucune tactique cohérente, en relancant un combat alors qu'il vient pourtant d'en perdre un, pour finir par essayer de faire un coup en traître et se refaire laminer, on n'avait pas vu pareille débilité depuis les bad guys du Rebel Moon de Zack Snyder. Tous ces éléments ont par ailleurs la bêtise de nous être proposés dans un film huis clos. Le Seigneur des Anneaux, le Hobbit et Les Anneaux de pouvoir sont une invitation au voyage. La Guerre des Rohirrim pas du tout. On reste plantés dans des décors transposés sans panache, aux couleurs ternes, dans une histoire dénuée d'inventivité, très heureuse de nous dévoiler que le Gouffre de Helm tire son nom des événements lunaires qui y sont mis en scène. D'ailleurs hormis ce bon vieux Helm, dont l'intérêt reste plafonné puisqu'on ne comprend rien à son fonctionnement, comme si vous tentiez d'utiliser une machine à café détraquée, on ne peut pas dire que les personnages soient un point fort du film. Héra est fonctionnelle et n'est là que pour redorer socialement la franchise en proposant un personnage féminin fort, le méchant est bête à manger du foin et tout le reste des personnages secondaires font l'effet d'une joyeuse bande de télétubbies un peu bêtes mais pas méchants dont on ne retiendra ni les visages, ni les prénoms, ni les missions. Jusqu'à cette vieille dame qui ressemble à une sorcière, qui en fait vocalement des tonnes (en VO du moins) durant tout le film et qui aura eu le mérite de bien nous faire rire tout le long.
Emprunter les codes des dessins animés japonais n'empêchait pas ce Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirrim de faire preuve d'ambition, d'âme et surtout de logique. Là où certaines et certains prendront ce format comme un moyen appelant à l'indulgence, nous écarterons d'une main franche ce genre d'arguments. Cette histoire qui a coûté plusieurs millions méritait-elle d'être racontée au cinéma ? Le rendu final ne le légitime absolument pas. Claqué au sol du début à la fin, bourré d'éléments recyclés pour caresser le fan dans le sens du poil, ce Seigneur des Anneaux n'a au contraire rien de rassurant quant à la direction que peut prendre la franchise dans son exploitation. Seuls quelques combats contre des monstres et autres créatures, comme les affrontements contre des mûmaks, restent un poil grisants mais toujours trop courts, ne nous divertissant que quelques minutes avant de nous ramener au milieu des êtres humains interchangeables dénués de caractérisation et d'intelligence. On préfèrera oublier que ce qu'on a vu a réussi à se frayer un chemin jusque sur le grand écran. Ce n'est définitivement pas en soutenant ce genre de produit que la franchise en sortira grandie.
Titre Original: THE LORD OF THE RINGS : THE WAR OF THE ROHIRRIM
Réalisé par: Kenji Kamiyama
Casting : Brian Cox, Gaia Wise, Miranda Otto ...
Genre: Aventure, Animation, Fantastique
Sortie le: 11 Décembre 2024
Distribué par : Warner Bros. Animation
ASSEZ MAUVAIS