Saint-Ex (2024) de Pablo Agüero

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Réalisateur de "Madres de los Dioses" (2015) ou "Les Sorcières d'Akelarre" (2021), le franco-argentin Pablo Agüero explique qu'il est né au pied de l'Aconcagua en Argentine, endroit survolé par un certain Antoine de Saint-Exupéry (Tout savoir ICI !) : "Chez moi, il n'y avait qu'un livre : Le Petit Prince. Ce conte philosophique m'a aidé à surmonter l'extrême précarité de mes conditions de vie, me poussant à bâtir mon propre univers imaginaire. Après avoir vécu la deuxième moitié de ma vie en France, l'idée de retourner à la Cordillère des Andes pour filmer les aventures de Saint-Ex et les origines de son oeuvre s'est imposée comme une nécessité. Je voulais tout simplement rendre au Petit Prince ce qu'il m'a apporté et partager avec les spectateurs le bonheur simple de s'envoler avec Saint-Exupéry au-dessus des montagnes." Mais le réalisateur-scénariste ne signe pas un biopic, mais une évocation qui se focalise uniquement sur une semaine de sa vie où il recherche un ami qui était Henri Guillaumet (En savoir plus ICI) : "Un film poétique, un conte. J'ai choisi de raconter une semaine de sa vie qui a été déterminante à la fois pour l'aventurier et pour l'écrivain. La recherche de son ami Guillaumet, perdu dans la Cordillère, forge le grand pilote, celui qui finira par donner sa vie dans la lutte contre le fascisme. La série de rencontres et découvertes qu'il fait en Argentine inspire le poète, celui qui écrira, dix ans plus tard, l'un des contes les plus universels de l'Histoire." ... En 1930, Antoine de Saint-Exupéry est pilote de l'aéropostale en Argentine. Quand son meilleur ami Henri Guillaumet disparaît dans la Cordillère des Andes, Saint-Ex décide de partir à sa recherche. Cette quête impossible l'oblige à se dépasser jusqu'à développer une capacité à rêver... 

Antoine de Saint-Exupéry est incarné par Louis Garrel vu récemment dans "Le Grand Chariot" (2023) de Philippe Garrel et "Le Deuxième Acte" (2024) de Quentin Dupieux, et retrouve après "Mon Roi" (2015) de Maïwenn et le dyptique "Les Trois Mousquetaires" (2023) de Martin Bourboulon son partenaire et ami Vincent Cassel vu récemment dans "Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu" (2023) de et avec Guillaume Canet et "Damaged" (2024) de Terry McDonough. Citons ensuite Benoît Magimel vu récemment dans "Ni Chaînes Ni Maîtres" (2024) de Simon Moutaïrou qui prête sa voix et se retrouve donc à l'affiche de Vincent Cassel près de 30 ans après "La Haine" (1995) de Mathieu Kassovitz, et retrouve aussi après "Forces Spéciales" (2011) de Stephane Rybojad l'actrice Diane Kruger vue dernièrement dans "Visions" (2023) de Yann Gozlan. Citons encore Yseult, chanteuse déjà vue dans son propre rôle dans "Hawa" (2022) de Maïmouna Doucouré, Sergej Onopko apparu entre autre dans "Spy" (2015) de Paul Feig, "Don't Breathe" (2016) de Fede Alvarez, "Red Sparrow" (2018) de Francis Lawrence ou "Antigang : la Relève" (2023) de Benjamin Rocher, et enfin Inès Dutour aperçue dans "Los Modernos" (2016) de Marcela Matta et Mauro Sarser... Le film n'est ni un biopic ni une transposition d'un fait réel même si l'accident et la recherche reste véridique. En effet, le réalisateur-scénariste crée plutôt une évocation onirique autour de Saint-Ex et imagine que c'est cet événement qui est à l'origine de l'inspiration de l'auteur pour son futur "Le Petit Prince" (1943). Le film reste donc une fiction, d'où une excuse pour le casting, si Louis Garrel à presque l'âge de Saint-Ex à l'époque, Guillaumet avait deux décennies de moins que son interprète puisque Vincent Cassel a déjà 58 ans. Tandis que les premières oeuvres de Saint-Ex sont occultés du récit (le fait relaté se situe entre ses romans "Courrier Sud" en 1929 et "Vol de Nuit" en 1931). 

On reste très vite perplexe par les choix esthétiques et visuels du réalisateur. Les décors comme les paysages sont nimbés d'un filtre argenté parsemé d'éclats dorés, le tout dans une sorte de flou brumeux façon aurore boréale argenté omniprésent entre coupé du lever et du coucher du soleil en gros plan. Ce n'est pas spécialement beau à l'exception de quelques plans, mais impose une ambiance surréaliste et mystérieuse. Le musique est assez envoûtante, composée avec des instruments rares comme le précise le cinéaste : "Le charango, minuscule guitare des Andes à 12 cordes, le thérémine, tout premier instrument électronique de l'histoire qu'on joue sans le toucher, et les ondes Martenot, instrument du début du XXème siècle prisé par Olivier Messiaen." Le casting restreint, aux seconds rôles quasi inexistants, reposant sur le trio de stars donnent une dimension très théâtrale ce qui arase tout souffle lyrique ou onirique malgré, là aussi, quelques séquences d'exception. Les trois stars ne semblent pas vraiment investi ou même inspiré, ou plutôt les trois acteurs semblent constamment s'interroger sur ce qu'ils sont en train de tourner. En conséquence logique, leur performance manque de chair et d'incarnation et donc jamais nous ne sommes toucher par ces personnages. Heureusement, les clins d'oeil ou indices ou références vis à vis du "Petit Prince" forment un jeu de piste ou une quête intéressante, et il y a aussi quelques séquences qui restent formellement très belles. Un film qui ne tient donc pas ses promesses, tout semble maladroit ou inabouti même si on décèle ici ou là quelques moments de grâce.

Note :                 

09/20