Mort de l'actrice Marisa Paredes

Egérie du cinéma espagnol à partir de la Movida et muse de Pedro Almodovar, l'actrice Marisa Paredes est morte ce jour du 17 décembre 2024  à l'âge de 78 ans.

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Née à Madrid en 1946, Maria Luisa Paredes Bartolomé a logiquement été marquée par une enfance sous le régime franquiste. A 11 ans, son père l'inscrit dans une école de dactylographie. A 16 ans elle débute le théâtre et est engagée dans sa première tournée. 

Elle obtient au bout de quelques années un petit rôle non crédité au cinéma avec le film "091 Policia al Habla" (1960) de José Maria Forqué. Un rôle insignifiant mais qui lui permet d'enchaîner les rôles pour le grand écran tout en continuant le théâtre. Elle tourne beaucoup, mais aussi beaucoup de films oubliés et/ou avec des rôles souvent très secondaires. Néanmoins on peut citer "Cancion de Cuna" (1961) de José Maria Elorrieta, "L'Horrible Docteur Orlof" (1962) de Jesus Franco avec Howard Vernon, qui est considéré comme le précurseur des films d'horreur espagnol, "El Mundo Sique" (1965) de Fernando Fernan Gomez, film maudit car ayant subi la censure franquiste qui était oublié avant sa reprise en 2015, puis "Les Crocs du Diable" (1976) de Antonio Isasi-Isasmendi avec Léa Massari et Juan Antonio Bardem (oncle de la future star Javier Bardem).

Après "Cousine, je t'Aime" (1980) de Fernando Trueba elle est choisit pour un des rôles principaux pour "Dans les Ténèbres" (1980 - ci-dessous à droite) de Pedro Almodovar aux côtés de Carmen Maura avec qui elle va devenir un des muses du nouveau maître du cinéma espagnol.

Les deux actrices se retrouvent dans "Tata Mia" (1986) de José Luis Borau où il est encore question de religieuses, Marisa Paredes poursuit entre autre avec une histoire de vol dans "Cara de Acelga" (1987) de José Sacristan, mais surtout participe au drame malaisant "Prison de Cristal" (1987 - ci-dessous) de Agusti Villaronga lauréat du Prix Sordi du meilleur premier film.

L'actrice retrouve pour la seconde fois Pedro Almodovar pour "Talons Aiguilles" (1991 - ci-dessous avec le réalisateur au beau milieu) avec Victoria Abril et Javier Bardem pour un grand succès public et critique dont un César du meilleur film étranger en 1991.

Le succès amène une reconnaissance internationale et l'actrice en profite pour s'exporter de plus en plus. Elle tourne ainsi dans "Golem, l'Esprit de l'Exil" (1992) de Amos Gitaï qui a la particularité d'avoir plusieurs grands cinéastes devant la caméra avec notamment Samuel Fuller, Philippe Garrel et Bernardo Bertolucci. La même année elle tourne aux côtés de Géraldine Chaplin, Arielle Dombasle puis Vittorio Mezzogiorno qu'elle retrouve après "Talons Aiguilles" (1991) dans "Hors-Saison" (1992 - ci-dessous) de Daniel Schmidt.

Elle joue ensuite dans le film français "Tombés du Ciel" (1994) de Philippe Lioret où elle est l'épouse de Jean Rochefort dans une histoire vraie qui sera d'ailleurs repris dans "Le Terminal" (2004) de Steven Spielberg, puis retrouve Almodovar pour "La Fleur de mon Secret" (1995 - ci-dessous) avant de participer au film "Trois Vies et une Seule Mort" (1996) de Raoul Ruiz dans lequel elle retrouve Arielle Dombasle mais surtout avec Chiara Mastroianni et son père Marcello Mastroianni qui va vivre trois destins entremêlés.

Elle croise la route d'un couple de tueurs en série dans "Carmin Profond" (1996) de Arturo Ripstein, elle joue dans le chef d'oeuvre surréaliste "La Vie est Belle" (1997) de et avec Roberto Begnini, croise les frenchies Jean-Marc Barr et Annie Girardot dans "Préférence" (1998) de Grégoire Delacourt, elle est de nouveau l'épouse de Jean Rochefort dans "Le Serpent a mangé la Grenouille" (1998 - ci-dessous) de Alain Guesnier, puis dans le film américain "Talk of Angels" (1998) de Nick Hamm elle croise ses compatriotes et également actrices récurrentes chez Almodovar Penelope Cruz et Rossy De Palma.

Elle retrouve d'ailleurs Penelope Cruz dans "Tout sur ma Mère" (1999 - ci-dessous) de Pedro Almodovar pour un nouveau succès critique et public avec en prime l'Oscar du meilleur film étranger. Elle croise la même année une autre latine Salma Hayek dans "Pas de Lettre pour le Colonel" (1999) de Arturo Ripstein, puis effectue un passage non crédité dans "Leo" (2000) de José Luis Borau avec Iciar Bollain et Luis Tosar.

Elle dirige un orphelinat durant la Guerre civile d'Espagne dans le chef d'oeuvre "L'Echine du Diable" (2001 - ci-dessous) de Guillermo Del Toro avec Eduardo Noriega, joue ensuite dans "Salvajes" (2001) de Carlos Molinero lauréat du Goya du meilleur scénario adapté, et effectue une sorte de caméo dans "Parle avec Elle" (2002) de Pedro Almodovar dont les rôles principaux sont tenus par la nouvelle génération du ciné espagnol avec Javier Camara, Paz Vega et Elena Anaya mais elle y croise à nouveau aussi Géraldine Chaplin. Le film reste un des plus grands succès du réalisateur, multi-primé dont les BAFTA, Golden globe, Oscar et César du meilleur film étranger 2003.

Elle croise les français Bruno Putzulu et Bérénice Béjo dans "Dans le Rouge du Couchant" (2003 - ci-dessous) de Edgardo Cozarinsky, incarne une prostituée dans "Frio Sol de Invierno" (2004) de Pablo Malo puis retrouve son amie Carmen Maura dans le succès "Reinas" (2005) de Manuel Gomez Pereira.

Après une petite pause de cinq années l'actrice reprend le chemin des plateaux de tournages même si l'actrice est un peu moins présente. Citons "Gigola "(2011) de Laure Charpentier où elle croise dans le milieu interlope des nuits homosexuelles Lou Doillon, en y retrouvant aussi Eduardo Noriega et Rossy De Palma, retrouve une fois encore son cinéaste fétiche et Elena Anaya pour "La Piel que Habito" (2011 - ci-dessous) de Pedro Almodovar avec aussi Antonio Banderas pour un nouveau succès auréolé de 4 Goyas dont un de la meilleure actrice pour Elena Anaya et un BAFTA 2012 du meilleur film étranger.

Elle est un des maillons d'un secret familial dans "Les Yeux de sa Mère" (2011) de Thierry Klifa avec entre autre Géraldine Pailhas et Catherine Deneuve, retrouvant cette dernière à l'affiche de la fresque picturale et historique "Les Lignes de Wellington" (2012 - ci-dessous) de Raoul Ruiz et Valeria Sarmiento au sein d'un casting prestigieux dont John Malkovich, Melvil Poupaud, Michel Piccoli, Chiara Mastoianni, Isabelle Huppert ou Mathieu Amalric, puis joue à nouveau dans un drame sur fond de secret de famille dans "Photo" (2012) de Carlos Saboga avec Anna Mouglalis.

L'actrice tourne de moins en moins avec des rôles de moins en moins centraux. Elle aborde plusieurs fois encore les secrets de famille dans "Petra" (2018 - ci-dessous sur le tournage) de Jaime Rosales qui est un échec autant critique que public, dans "Malgré Tout" (2019) de Gbariela Tagliavini où elle retrouve aussi Rossy De Palma.

Elle participe au drame historique "De Sable et de Feu" (2019 - ci-dessous) de Souheil Ben Barka, retrouve une Guerre Civile dans "Las Cartas Perdidas" (2021) de Amparo Climent qui reste son dernier long métrage de cinéma.

Ses derniers rôles sont deux épisodes dans la série TV "Vestidas de Azul" (2024), puis joue le rôle principal dans son ultime film, le court métrage "Avetimologia" (2024) de Xosé Zapata.

L'actrice a été lauréate du Prix National de cinématographie espagnol en 1996, et a gagné le Goya d'Honneur en 2018. 

L'actrice accède à la célébrité surtout grâce à ses rôles chez Pedro Almodovar dont trois rôles coup sur coup avec la"trilogie" "Talons Aiguilles" (1991), "La Fleur de mon Secret" (1995) et "Tout sur ma Mère" (1999) où elle incarne trois artistes à succès, pouvant se montrer aussi infecte que capricieuse avec ses proches, forte en façade mais échouant en réalité toutes leurs relations intimes.

Marisa Paredes a été un temps en couple avec le réalisateur Antonio Isasi-Isasmendi avec qui elle a eu une fille, Maria Isasi née en 1975 et devenue également actrice.

Marisa Paredes est mort ce jour du mardi 17 décembre 2024 à Madrid à l'âge de 78 ans.