Sarah Bernhardt, la Divine (2024) de Guillaume Nicloux

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Nouveau film de Guillaume Nicloux, réalisateur capable du très bon avec "Le Poulpe" (1998), "La Religieuse" (2013) ou "Les Confins du Monde" (2018) ou du beaucoup moins bon comme "Le Concile de Pierre" (2006) ou le récent "La Tour" (2022). Après une filmographie plutôt ancré dans le Film Noir ou le drame il revient cette fois avec un Biopic sur un sujet dont on s'étonne qu'il soit si peu abordé au cinéma tant le statut de la comédienne est digne du mythe. En effet, il s'agit du biopic de Sarah Bernhardt (Tout savoir ICI !), première star mondiale du théâtre puis du cinéma, pour qui d'ailleurs Jean Cocteau créa le terme de Monstre Sacré. Auparavant on peut citer les rares films sur la star comme "La Femme Divine" (1928) de Victor Sjöström mais qui reste surtout une évocation parallèle à l'autre Divine Greta Garbo, puis "The Incredible Sarah" (1976) de Richard Fleischer avec Glenda Jackson, "Sarah Bernhardt" (1998) de Ana Carolina Suares inédit en France, puis n'oublions pas le téléfilm français "Sarah Bernhardt" (2008) de Laurent Jaoui avec Ludmila Mikaël. Le projet est avant tout celui de Nathalie Leuthreau, admirative de la star qui retrouve son réalisateur après leur collaboration sur signé la série TV "Il était une Seconde Fois" (2019) et sur le film "Holiday" (2010)... Paris, 1896, Sarah Bernhardt est au sommet de sa gloire. Icône de son époque et première star internationale la comédienne est amoureuse, libre, en avance sur son temps mais il y a aussi la femme derrière la légende...

La comédienne est incarnée par Sandrine Kiberlain vue récemment dans "La Petite Vadrouille" (2024) de et avec Bruno Podalydès et "Les Barbares" (2024) de et avec Julie Delpy après lequel d'ailleurs elle retrouve son partenaire Laurent Lafitte vu récemment dans "Le Comte de Monte Cristo" (2024) de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière. Citons ensuite Amira Casar vue dans "Le Contacteur" (2022) de Tarik Saleh et "Visions" (2023) de Yann Gozlan, Pauline Etienne qui retrouve son réalisateur après "La Religieuse" (2013) et qui depuis n'a tourné qu'un unique film sur ces cinq dernières années avec "Zaï Zaï Zaï Zaï" (2022) de François Desagnat, Mathilde Olivier remarquée dans "Overlord" (2018) de Julius Avery ou "Boss Level" (2021) de Joe Carnahan, Laurent Stocker vu dernièrement dans "Les Pistolets en Plastique" (2024) de Jean-Christophe Meurisse et "Les Boules de Noël" (2024) de Alexandra Leclère, Grégoire Leprince-Ringuet apparu dans "Bonnard, Pierre et Marthe" (2023) de Martin Provost ou "Une Année Difficile" (2023) de Eric Toledano et Olivier Nakache, Clément Hervieu-Léger aperçu dans "Frère et Soeur" (2022) de Arnaud Desplechin et "La Passion de Dodin Bouffant" (2023) de Tran Anh Hung, Sébastien Pouderoux vu dans "Le Consentement" (2023) de Vanessa Filho ou "La Nouvelle Femme" (2024) de Léa Todorov, Théodore Le Blanc tout jeune comédien aperçu dans "Les Secrets de la Princesse de Cadignan" (2023) de et avec Arielle Dombasle et "Alibi.Com 2" (2023) de et avec Philippe Lacheau, Sylvain Creuzevault qui retrouve son réalisateur après "La Clef" (2007) et la série TV "Il était une Seconde Fois" (2019), Arthur Mazet qui retrouve l'acteur Laurent Lafitte après "Elle" (2016) de Paul Verhoeven et "K.O." (2017) de Fabrice Gobert, puis enfin Arthur Igual aperçu dans "Falcon Lake" (2022) de Charlotte Le Bon et "Comme une Louve" (2023) de Caroline Glorion... Le début du film est judicieux, à la fois mise en abîmes et démonstration de ce qu'était le jeu de Sarah Bernhardt, le cinéaste explique d'ailleurs la spécificité de son jeu vis à vis de son époque : "Il fallait réinventer Sarah de manière à ce qu'on comprenne pourquoi elle fascinait autant, pourquoi le public était bouleversé, pourquoi les femmes et les hommes s'évanouissaient dans la salle. Pour asseoir un jeu intériorisé, on a donc commencé par une scène d'agonie, elle les adorait, où l'on peut se laisser prendre au leurre, pour installer définitivement l'engagement qu'elle mettait dans ses rôles." Son interprète Sandrine Kiberlain c'est également beaucoup documenté et a travaillé avec une coach pour se réapproprier le style de La Divine "comme si c'était sa propre langue." Ainsi ce qui nous frappe en premier, ce qui nous séduit d'emblée est justement la performance de Sandrine Kiberlain, elle est une Sarah Bernhardt icônique et authentique avec cette gouaille typique qui sera popularisé sur grand écran de façon encore plus pregnante par Arletty. 

Comme souvent dans le biopic, il a fallu faire un choix narratif, le film se focalise donc sur un tournant avec l'année 1896, avec quelques passages avant et la partie 1915-1916 et 1923. Et comme tout biopic la difficulté est de déceler ce qui est faux, véridique ou plus ou moins romancé. Il y a quelques anachronismes avec quelques tableaux qui n'existaient pas encore (on se souvient du même aléa dans "Titanic" en 1997 de James Cameron), ou plus embêtant de cette omniprésence de l'électricité, acceptable dans les parties 1915-1923 moins dans le siècle précédent. Mais le plus intéressante et le plus flou reste la relation père-fils Guitry, tout est vrai ou proche et avéré exception faite de Sacha à 11 ans, qui ne se souviendrait pas devenu tout juste majeur de Charlotte Lizès ?! Et cette rencontre à ses 11 ans d'ailleurs, a-t-elle réellement eu lieu ?! Un détail sans doute, mais qui apparaît pourtant dans le film comme un point névralgique. Outre cette partie, on adore les décors et costumes, l'exubérance de la comédiene n'a d'égal que la flamboyance qui l'entoure. Par contre on peut s'étonner d'une chose qui paraît essentiel : on ne voit jamais la comédienne à l'oeuvre, soit jamais sur scène lors d'une représentation. Ca manque indéniablement. Mais l'évocation d'époque est très réussie, et surtout la performance de Sandrine Kiberlain est aussi sincère qu'inspirée et vaut le détour. Un très bon moment.

Note :                 

14/20