Joli Joli (2024) de Diastème

Alternant à chaque fois les genres après "Le Bruit des Gens autour" (2008), "Un Français" (2015), "Juillet Août" (2016) et "Le Monde d'Hier" (2022) le réalisateur Diastème aborde cette fois un genre encore rare chez nous; la comédie musicale. C'est en discutant avec un vieil ami, le compositeur Alex Beaupain, qu'ils ont eu l'idée, avec la volonté de travailler ensemble : "Diastème m'a dit : 'On pourrait faire une opérette !' Ca m'a fait rire tout de suite, l'idée d'une opérette. Il m'a glissé deux précisions, deux contraintes : la première, que ce serait un film où tout le monde s'aime et où personne ne meurt, et moi j'étais content - d'habitude je fais des films où tout le monde s'aime, oui, mais où tout le monde meurt ! La seconde c'était le titre : Joli Joli, que j'ai trouvé formidable, à la fois désuet et drôle, parfait." Le réalisateur-scénariste et le compositeur-scénariste ont décidé de situer leur histoire en 1977, année charnière entre la fin des hippies, l'apogée du punk et l'émergence du disco, et une décennie encore riche de cinéma avec un "regard rétrospectif" sur les faits de société comme l'homosexualité et le droit des femmes par exemple... 1977, de Paris à Rome, le destin d'un écrivain fauché percute celui d'une star montante du cinéma. Entre les quiproquos et les rebondissements le chemin vers l'amour est semé d'embûches... 

La star montante du cinéma est incarnée par Clara Luciani, vedette de la musique connue entre autre pour son tube "La Grenade" (2018) déjà apparue sur grand écran dans "Le Choc du Futur" (2019) de Marc Collin. L'écrivain fauché est joué par William Lebghil vu entre autre dans "Un Métier Sérieux" (2023) de Thomas Lilti et "Le Beau Rôle" (2024) de Victor Rodenbach, et retrouve après "Les Complices" (2023) de Cécilia Rouaud sa partenaire Laura Felpin vue dans "L'Esprit Coubertin" (2024) de Jérémie Sein, elle retrouve aussi après "Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu" (2023) de et avec Guillaume Canet l'acteur José Garcia vu tout récemment dans "A toute Allure" (2024) de Lucas Bernard, puis aussi Thomas VDB qui retrouve après "Santa et Cie" (2017) de Alain Chabat, "La Folle Histoire de Max et Léon" (2016) et "Bonne Conduite" (2023) tous deux de Jonathan Barré son partenaire Grégoire Ludig qui était aussi dans "L'Esprit Coubertin" (2024). Citons encore Vincent Dedienne vu dernièrement dans les OFNI "Oranges Sanguines" (2021) et "Les Pistolets en Plastique" (2024) tous deux de Jean-Christophe Meurisse, Victor Belmondo (fils de) vu dans "Marie-Line et son Juge" (2023) de Jean-Pierre Améris ou "Un Coup de Dés" (2023) de Yvan Attal, Anne Serra vue dans "Vaincre ou Mourir" (2023) de Vincent Mottez et Paul Mignot, et retrouve après "Antigang" (2014) de Benjamin Rocher et le dyptique "Balle Perdue" (2020-2022) de Guillaume Pierret l'acteur Alban Lenoir qui lui-même retrouve ses camarades de "La Folle Histoire de Max et Léon" (2016), puis retrouve Diastème après "Un Français" (2015) et "Le Monde d'Hier" (2022), à l'instar de Frédéric Andrau fidèle du cinéaste depuis le court métrage "Même pas Mal" (2000), et retrouve ainsi tous l'actrice Jeanne Rosa qui retrouve Diastème et ses partenaires après "Le Bruit des Gens autour" (2008), "Un Français" (2015), "Juillet Août" (2016) et "Le Monde d'Hier" (2022), elle retrouve également après ce dernier Diastème et "Les Châteaux de Sable" (2015) de Olivier Jahan l'acteur Jean-Jacques Vanier, puis n'oublions pas Carolina Jurczak aperçue dans "La Crème de la Crème" (2014) de Kim Chapiron ou "L'Ecole Buissonnière" (2017) de Nicolas Vanier, mais surtout apparue à la télévision dont le téléfilm "Crime dans le Lubéron" (2018) de Eric Duret après lequel elle retrouve Alexis Moncorgé (fils de Jean Gabin) surtout vu au théâtre mais aperçu dans "Turf" (2012) de Fabien Onteniente, et Grégori Baquet apparu dans "L'Etudiante et monsieur Henri" (2015) de Ivan Calbérac ou "Donne-Moi des Ailes" (2018) de Nicolas Vanier... Précisons que le compositeur-scénariste est surtout connu comme compositeur notamment et surtout pour Christophe Honoré depuis le court métrage "Nous Deux" (2000) et sur pas moins de sept films jusqu'au récent et magnifique "Marcelo Mio" (2024)... Une comédie musicale à la française, c'est devenu rare, et tirant son épingle du jeu ça l'est encore plus. On peut citer le meilleur film de l'année "Emilia Perez" (2024) de Jacques Audiard, mais sinon il faut quasiment revenir au médiocre "Tralala" (2021) des frères Larrieu ou à l'excellent "Annette" (2021) de Leos Carax. Le premier bon point vient justement des chansons et de la musique. Ils sont souvent originaux et pétillants, assez pour se démarquer du sempiternel Jacques Demy, de ne pas se la jouer Broadway à la française, et en se dotant de paroles modernes sans tomber dans un cliché seventies (étant donné que l'histoire est censée se dérouler en 1977).

L'intrigue amoureuse est assez classique sur le fond et sur le fil conducteur entre le romancier et la comédienne, mais pourtant elle n'est qu'une idylle parmi tant d'autres, où comment les triangles sentimentaux se croisent et s'entrecroisent comme autant de leurres pour qu'enfin chacun et chacune trouve sa véritable âme soeur. Ce vaudeville musicale est savoureux, les personnages attachants, les décors juste assez kitsh pour assumer le style conte moderne. Malgré tout, alors que tout semble en place on constate un problème de rythme, à avoir des morceaux musicaux sympas mais aucuns qui offrent un peu plus de peps ou de souffle, tout se raconte sur un rythme et un ton trop monocorde on na donc pas de montée en puissance, ni en musique ni niveau émotion. C'est le petit défaut du film, ça manque de punch. Dommage, car on aime les clins d'oeil à l'époque (1977, clins d'oeil en arrière plan souvent, via costumes ou décors), mais on apprécie aussi les références à nos jours (téléphone portable inexistant en 77, violences faîtes aux femmes...) même si les gros sabots se font un peu trop tapageurs ça passent car on reste dans la fable musicale. Les acteurs sont excellents, et le mélange des genres donnent un patchwork de styles très différents mais avec une belle osmose. On pourrait vite tombe dans la simple farce mais le fil ténu façon funambule fonctionne bien pour une fantaisie musicale très agréable, à laquelle il manque juste un peu plus de bulle de champagne. Un bon moment. 

Note :                 

Joli (2024) DiastèmeJoli (2024) Diastème

14/20