Après avoir été actrice dans "En Attendant les Barbares" (2017) de Eugène Green, puis scénariste pour un premier film avec "Le Procès du Chien" (2024) de et avec Laetitia Dosch, voici que Anne-Sophie Bailly se lance à son tour avec son premier long métrage en tant que réalisatrice-scénariste. Elle a eu l'idée par le biais de sa famille qui travaille en grande partie dans le médical. Ainsi l'idée lui est venue après sa rencontre avec une dame de 60 ans avec un retard intellectuel qui a toujours vécu avec sa mère jusqu'à la suivre  dans une maison de retraite. Mona vit avec son fils trentenaire, Joël, qui est "en retard". Il travaille dans un établissement spécialisé, un ESAT, et aime passionnément sa collègue Océane elle aussi en situation de handicap. Alors que Mona ignorait tout de cette relation elle apprend que Océane est enceinte. Alors que la relation avec les parents de Océane est tendue, la relation qui était fusionnelle entre elle et son fils vacille également... 

Mona est incarnée par Laure Calamy, vue dernièrement dans "Les Cyclades" (2023) de Marc Fitoussi, "Bonne Conduite" (2023) de Jonathan Barré et "Iris et les Hommes" (2024) de Caroline Vignal. Son fils est joué par Charles Peccia-Galetto dans son premier rôle à l'instar de sa camarade Julie Froger alias Océane. Citons ensuite Pasquale d'Inca aperçu dans "Les Choses Simples" (2023) de Eric Besnard ou "Les Algues Vertes" (2023) de Pierre Jolivet, Rebecca Finet apparue dans "La Dégustation" (2022) de Ivan Calbérac et "Un Métier Sérieux" (2023) de Thomas Lilti, Geert Van Rampelberg remarqué dans "La Mémoire du Tueur" (2003) de Erik Van Looy, "Alabama Monroe" (2012) de Felix Van Groeningen ou "Faut pas lui Dire" (2016) de Solange Cicurel, Asatou Diallo Sagnavue dans "La Fracture" (2021) et "Le Retour" (2023) tous deux de Catherine Corsini suivi de "La Fiancée du Poète" (2023) de et avec Yolande Moreau et "Une Année Difficile" (2023) de Eric Toledano et Olivier Nakache, Karimouche vue entre autre dans "Bâtiment 5" (2023) de Ladj Ly et "L'Homme Debout" (2023) de Florence Vignon et retrouve Laure Calamy après "A Plein Temps" (2021) de Eric Gravel, Saadia Bentaïeb vue dans "L'Air de la Mer rend Libre" (2023) de Nadir Moknèche, "Anatomie d'une Chute" (2023) de Justine Triet et "Première Affaire" (2024) de Victoria Musiedlak, puis enfin Miss Ming muse grolandaise depuis "Louise-Michel" (2008) du duo Delépine-Kervern jusqu'au récent "Effacer l'Historique" (2020) sans compter "L'Hermine" (2015) de Christian Vincent ou "Captives" (2023) de Arnaud des Pallières... La question du handicap mental est un sujet grave et essentiel trop rarement abordé au cinéma et notamment en France, et la plupart du temps sous l'égide plus ou moins franc de la comédie. Mais plus que le handicap lui-même le film relate surtout une relation mère-fils fusionnelle qui se délite quand le fils veut assumer son rôle de futur père de famille.

Le plus intéressant donc c'est l'évolution des ces deux personnes, l'une ayant tout sacrifier pour son fils se voit soudain "inutile" mais surtout se retrouve à avoir encore plus peur pour lui, tandis que l'autre se retrouve à grandir soudainement vers son émancipation. Le film pose des questions essentielles, par exemple comment faire confiance à un jeune couple handicapé pour élever une enfant ? Comment reprendre sa vie en main et retrouver une certaine liberté ? Le film pose des questions, logiques et naturelles, les personnages sont attachants mais surtout la réalisatrice-scénariste réussit l'exploit de ne jamais tomber dans le pathos ou le misérabilisme pour se focaliser avant tout sur les relations mère-fils. Par contre quelques passages laissent perplexes... ATTENTION SPOILERS !... surtout en quoi sert de filmer une scène de sexe aussi longue et voyeuriste dans une histoire où elle est si superflue ?... FIN SPOILERS !... Outre ces quelques maladresses le film reste d'une justesse certaine, le fond est intelligent, les acteurs ne surjouent jamais, mais il est vrai que sur l'ensemble le film est sans doute un peu trop clinique, trop sage ce qui freine un peu l'émotion notamment vers la fin. Un bon film qui mérite qu'on s'y attarde ne serait-ce pour pour ses thématiques.

Note :