Maître incontesté du western, John Ford est aussi record man du nombre d'Oscars du meilleur réalisateur remporté pour les films "Le Mouchard" (1935), "Les Raisins de la Colère" (1940), "Qu'elle était Verte ma Vallée" (1941) et "L'Homme Tranquille" (1952), c'est-à-dire, ironiquement jamais pour son genre de prédilection ! C'est d'autant plus étonnant qu'il l'aurait d'autant plus mérité pour 3-4 de ses plus grands chefs d'oeuvres du genre, pour les plus évidents "L'Homme qui tua Liberty Valance" (1962) et "Les Cheyennes" (1964) mais surtout et à l'évidence pour ce film adapté du roman éponyme "The Searchers" (1954) de Alan Le May, auteur déjà porté à l'écran avec "Le Grand Bill" (1945) de Stuart Heisler et surtout "Le Vent de la Plaine" (1960) de John Huston. Ce roman est inspiré d'une histoire vraie, celle du destin hors norme de Cynthia Ann Parker (Tout savoir ICI !) mère du dernier chef comanche Quanah Parker. Le réalisateur retrouve son fidèle scénariste Frank S. Nugent qui signe ici le 7ème des onze scénarios avec John Ford entre "Le Massacre de Fort Apache" (1948) et "La Taverne de l'Irlandais" (1963) en passant d'ailleurs par "Les Deux Cavaliers" (1961) qui aborde de nouveau le problème des enlèvements lors des guerres indiennes. Ce film est un chef d'oeuvre qui est confirmé par l'American Film Institute en 2008 en le désignant logiquement et officiellement "Plus grand western de tous les temps" (voir ICI le top 50 des meilleurs westerns selon Selenie)... 1968, Texas, la famille de Aaron Edwards accueille son frère Ethan Edwards de retour des années après la fin de la guerre de Sécession. Après le massacre de la famille, Ethan Edwards part à la poursuite des comanches qui ont enlevé ses deux nièces. Il est accompagné du fiancé de l'aînée et du fils adoptif de son frère, métis que Ethan n'apprécie guère. Mais la poursuite s'avère longue et difficile, qui va durer plusieurs années...
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Ethan Edwards est incarné par le monstre sacré John Wayne, acteur fétiche de John Ford pour qui il tourne pas moins de 24 films entre "Les Quatre Fils" (1928) et "L'Homme qui tua Liberty Valance" (1962) et retrouvant ainsi son partenaire Ward Bond, autre fidèle du réalisateur sur une vingtaine de films et 14 collaborations avec John Wayne entre "Salute" (1929) de John Ford et "Rio Bravo" (1959) de Howard Hawks. La nièce Debbie est jouée adolescente par la jeune star Natalie Wood vue dans "Une Aventure de Mme Nuir" (1947) de J.L. Mankiewicz ou "La Fureur de Vivre" (1955) de Nicholas Ray, mais le personnage à 9 ans est joué par sa propre petite soeur Lana Wood qui sera connue plus tard pour la série TV "Peyton Place" (1966-1968) et surtout en James Bond Girl dans "Les Diamants sont Eternels" (1971) de Guy Hamilton. Parmi la famille et les proches des victimes citons Jeffrey Hunter qui retrouvera John Ford dans "La Dernière Fanfare" (1958) et "Le Sergent Noir" (1960), Vera Miles qui a débuté avec une apparition dans "Planqué malgré Lui" (1950) de John Ford avant de le retrouver avec John Wayne dans "L'Homme qui tua Liberty Valance" (1962) devant entre temps une des blondes de Alfred Hitchcock dans "Le Faux Coupable" (1956) et surtout "Psychose" (1960), Harry Carey Jr. qui débuta auprès de John Wayne et John Ford avec "Le Fils du Désert" (1948) qui sera aussi un partenaire de Marylin Monroe dans "Chérie je me sens Rajeunir" (1952) et "Les Hommes préfèrent les Blondes" (1953) tous deux de Howard Hawks puis "Niagara" (1953) de Henry Hathaway, et surtout l'acteur est le fils de Harry Carey fidèle de John Ford et de Olive Golden-Carey, mère et épouse de qui joue également dans le film après avoir débuté dans "The Vintage of Fate" (1912) de Lem B. Parker et qui jouera son dernier film dans "Les Deux Cavaliers" (1961), son époux dans le film est joué par John Qualen qui joue là un des six films avec Ford entre "Arrowsmith" (1931) et "L'Homme qui tua Liberty Valance" (1962), et Dorothy Jordan qui retrouve Ford également entre "Le Soleil brille pour tout le Monde" (1953) et "L'Aigle vole au Soleil" (1957). Parmi les alliés et amis citons Hank Worden qui joue dans une quinzaine de films avec John Wayne et/ou John Ford mais vu aussi dans de nombreux autres westerns majeurs comme "Duel au Soleil" (1946) de King Vidor ou "Quarante Tueurs" (1957) de Samuel Fuller, Patrick Wayne, fils de, qui jouera essentiellement auprès de son père sur une quinzaine de films et qui obtiendra pour son rôle le Golden Globe du meilleur espoir masculin, Ken Curtis fidèle de John Ford sur une dizaine de films entre "Rio Grande" (1949) et "Les Cheyennes" (1964), puis Antonio Moreno vu entre autre dans "Pavillon Noir" (1945) de Frank Borzage, "Les Enchaînés" (1946) de Alfred Hitchcock ou "L'Etrange Créature du Lac Noir" (1954) de Jack Arnold. Citons ensuite Nacho Galindo vu dans "Le Voyage de la Peur" (1953) de Ida Lupino ou "La Lance Brisée" (1954) de Edward Dmytryk et qui retrouvera John Wayne dans "El Dorado" (1966) de Howard Hawks, Peter Mamakos aperçu dans "Viva Zapata !" (1952) de Elia Kazan ou "Les 10 Commandements" (1956) de Cecil B. De Mille dans lequel jouait également Henry Brandon alias le chef comanche Eclair, vu la même année dans "Bandido Caballero" (1956) de Richard Fleischer avant de retrouver une partie de l'équipe pour "Les Deux Cavaliers" (1961)...
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Si l'histoire est censée se dérouler au Texas, le réalisateur veut tourner dans le Colorado et l'Utah, et surtout il veut mettre à l'honneur le site qu'il a lui-même imposé comme un lieu mythique du genre, à savoir le désormais célèbre Monument Valley qui n'aura jamais été aussi majestueux et iconique. Le site est filmé comme un protagoniste parmi les autres comme une peinture éblouissante de beauté, sauvage et infini magnifiquement mis en image et en lumière par l'usage des procédés Cinemascope et Technicolor. Le film débute avec un plan-séquence sublime où la caméra part de l'intérieur de la maison et sort en extérieur à la rencontre d'un homme revenu de loin. Un plan qui sera repris à maintes reprises par de nombreux films futurs. Le scénario s'avère riche et dense, abordant plusieurs thématiques en filigrane et en parallèle de l'intrigue principale. Ainsi on devine que l'oncle Ethan a poursuivi une guerre de Sécession normalement finie depuis des années, qu'il est devenu un raciste peu recommandable malgré que sa famille est accueilli et aimé un métis, tandis que malgré le rapt abject et le massacre par des indiens le réalisateur montre aussi que les blancs ne sont pas moins criminels.
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Le cinéaste n'oublie pas pour autant ses principes et ses valeurs en mettant en avant l'importance de la famille sans pour autant insister sur une idée du lien du sang (en témoigne le testament inattendu de Ethan/Wayne !), l'amitié, l'honneur, et si l'horreur parsème le récit le réalisateur n'en oublie pas les instants de tolérance et de bonheur (l'amour métissé) et une certaine fantaisie (inénarrable Moïse/Hank Worden). Ford signe un film dur, entre histoire forte, action et émotion avec des personnages magnifiquement croqués et écrits dont un John Wayne qui trouve là un de ses cinq meilleurs rôles, il y a aussi le charme juvénile et apeurée de Natalie Wood, la jeunesse énamourée de Vera Miles, le chef Eclair incarné par un Henry Brandon charismatique ou encore l'imposant révérend et texas ranger Ward Bond. Le scénario est d'une rare perfection, surtout pour un western et sert un film qui reste un des 3 meilleurs westerns de tous les temps juste à côté de "Rio Bravo" (1959) et "Il était une Fois dans l'Ouest" (1968) de Sergio Leone. A voir, à revoir et à conseiller.
Note :