Pour son 23ème film, Pedro Almodovar a reçu le Lion d’Or à Venise et surtout a traversé l’Atlantique pour son premier long en langue anglaise. Loin de son Espagne natale, les couleurs vives ont pali ; en tant qu’espagnol, il donne malgré tout quelques tons chatoyants à un New-York souvent présenté de manière grisâtre. Traversant l’océan, il n’a rien perdu de son talent d’écriture ; dialogues et scénario nous tiennent en haleine dans ce drame aux accents de thriller. Néanmoins les histoires annexes, celles de son lien à un ex amant et surtout à sa fille s’agglomèrent que partiellement au cœur du sujet ; on aurait préféré rester concentrer sur les deux femmes et le sujet central : la fin de vie, la dignité et l’amitié. En effet, l’histoire avec la fille apporte peu à la réflexion générale et devient même ridicule dans un final qu’il faut découvrir par soit même. Sa mise en scène est toujours aussi élégante avec des plans d’une beauté formelle discrète ; on a l’impression, une fois à la campagne d’être dans un tableau d’Edward Hopper. Cette discrétion est ce qui tranche le plus dans ce film avec le reste de filmographie. Il s’attaque ici à un sujet d’actualité avec cette femme demandant à une amie de l’accompagner dans sa fin de vie, son film se veut sérieux et perd le côté subversif qui fait le sel de sa filmo lorsqu’il traite des affaires de femmes. Sur ce sujet casse gueule aux avis souvent bien tranchés, il met la dignité humaine au centre de tout ; on ne peut qu’adhérer au principe de vouloir mourir dignement ce que revendique un des deux personnages phare. L’empathie prévaut de bout en bout. Le sujet peut faire peur ; cependant le film fuit le lugubre pour être assez solaire et profond sans le souffle romanesque habituel de son auteur avec une grande variable de son œuvre : ses actrices. Tilda Swinton et Julianne Moore sont éblouissantes ; Almodovar a le pouvoir depuis toujours de magnifier ses comédiennes.
Un beau film ; les grands fans de Almodovar pourrait par contre être déçus… c’est un film différent
Sorti en 2025
Ma note: 13/20