Presence (2025) de Steven Soderbergh

Enfin le grand retour "officiel" de Steven Soderbergh sur grand écran depuis "Paranoïa" (2018), le cinéaste ayant signé ses six derniers films pour les plateformes Netflix et HBO Max pour des résultats mitigés, exception faîtes du dernier "Magic Mike : Dernière Danse" (2023) qui a connu quelques sorties en salles dans certains pays. Pour ce film le cinéaste s'est inspiré d'un événement qui s'est déroulé dan sa propre maison, une maison achetée malgré une rumeur sur un meurtre d'une mère par sa fille : "Un soir, la gouvernante regardait la télé. Il y a un long couloir qui mène à la chambre, et cette personne a senti une sorte de présence, a levé les yeux et a vu la silhouette d'une femme traverser le bout du couloir pour entrer dans la chambre. La gardienne a instinctivement crié le nom de Jules (la femme de Soderbergh), avant de réaliser qu'elle n'était pas là. Quand elles se sont parlées au téléphone, Jules lui a dit pour la rumeur. Et la gouvernante a répondu : "C'est quoi ce bordel ? Pourquoi ne me l'avez-vous pas dit ?" Le cinéaste a demandé à son scénariste de "KIMI" (2022) d'écrire son histoire, et pas des moindres puisqu'il s'agit de David Koepp un des scénaristes les plus réputés de sa génération depuis l'année faste de "Jurassic Park" (1993) de Steven Spielberg et "L'Impasse" (1993) de Brian De Palma. Pour l'anecdote, Koepp est depuis passé derrière la caméra pour une belle réussite avec son premier film "Hypnose" (1999) avant de décevoir jusqu'à son navrant "Charlie Mortdecai" (2015) dont l'échec n'a pas permis à l'artiste de revenir à la mise en scène. Comme à son habitude, Steven Soderbergh cumule les casquettes sous pseudo et c'est donc bel et bien lui à la photographie et au montage... 

Une famille emménage dans une nouvelle maison. Mais bientôt une mystérieuse présence semble hanter les lieux... La famille est composée de la mère Lucy Liu, éternelle O-Ren Ishii dans "Kill Bill" (2003-2004) de Quentin Tarantino, vue dernièrement dans les films "Shazam ! La Rage des Dieux" (2023) de David F. Sandberg ou "Red One" (2024) de Jake Kasdan, le père Chris Sullivan aperçu notamment dans "Morgane" (2016) de Luke Scott, "Live by Night" (2016) de et avec Ben Affleck ou "Les Gardiens de la Galaxie Vol.2" (2017) de James Gunn, puis les enfants joués par Callina Lang aperçue dans la série TV "Tell me Everything" (2022) puis Eddy Maday dans son premier rôle. Citons ensuite West Mulholland aperçu dans "Dark Harvest" (2023) de David Slade, Julia Fox remarquée dans "Uncut Gems" (2019) des frères Safdie et qui retrouve son réalisateur après "No Sudden Move" (2021), Natalie Woodlams-Torr apparue entre autre dans "Sur le Chemin de la Rédemption" (2017) de Paul Schrader ou "God's Time" (2022) de Daniel Antebi, puis Lucas Papaelias aperçu dans "Un Mec Ordinaire" (2016) de Lee Kirk ou "The Adults" (2023) de Dustin Guy Defa... La première chose qui frappe, dès les premières seconds c'est l'utilisation du système VistaVision en mode optimale avec donc une optimisation du point de vue panoramique alors qu'on est en huis clos au sein d'une maison. On s'aperçoit aussi vite qu'en fait le procédé permet de matérialiser la vision en caméra subjective de l'entité. L'effet visuel donne ainsi de l'ampleur, presque en mode loupe et instaure d'emblée la condition surnaturel de cette entité. Le spectateur ainsi en lieu et place de l'entité et nous place donc comme voyeur direct de ce qui se passe dans la maison. Le film débute donc avec l'entité ou spectre qui voit arriver la famille dans la maison.

On est donc comme des espions invisibles dans l'intimité d'une famille en difficulté émotionnelle, et en même temps dès le début on s'interroge sur une incohérence narrative qui va se confirmer avec le dénouement final... ATTENTION SPOILERS !... La fille Chloe/Lang est donc en deuil après la mort mystérieuse de deux de ses amies dont et surtout une certaine Nadia, la famille semble donc avoir déménagée après ces drames qui ont bouleversé la jeune femme, alors comment et pourquoi le spectre se serait retrouvé dans cette maison ?! Et ensuite comment le "copain" aurait-il connu les victimes sans connaître Chloe et/ou vice versa ?!... FIN SPOILERS !... L'intrigue est donc biaisée ce qui gâche un peu l'ensemble de l'histoire. Mais le dispositif narratif et visuel mis en place par Soderbergh instaure un mystère et un certain magnétisme qui nous scotche à l'écran. Puis on constate que la famille forme un prisme déformant du Rêve américain où la technologie est omniprésente jusqu'à servir d'échappatoire ou a contrario de permettre une surveillance plus ou moins légitime, que le dialogue est espéré et vu comme nécessaire mais reste dans une illusion faîte de non-dits, tandis que les rôles "traditionnels" au sein de la cellule familiale sont inversés. Par contre on constate aussi que la star du film Lucy Liu joue un personnage finalement peu exploité, elle est même étonnamment le membre de la famille la moins impliqué dans le récit. Au final Steven Soderbergh revient en jolie forme pour ce thriller (et non pas un film d'horreur !) psychologique fonctionne bien, et reste particulièrement efficace malgré la "coïncidence" inexpliquée et inexplicable. Un bon moment. Note obtenue de justesse.

Note :                 

Presence (2025) Steven SoderberghPresence (2025) Steven Soderbergh

14/20