Nouveau film du réalisateur suisse Tim Fehlbaum, méconnu malgré trois précédents longs métrages "Nicht Meine Hochzeit" (2004), "Hell" (2011) et "Tides" (2021). Mais avec son nouveau film le cinéaste fait parler de lui, remarqué lors de la Mostra de Venise 2024 et avec un très bon bouche à oreille et en prime des nominations aux Goldens Globes et Oscars. Le sujet est ancien mais fait écho avec l'actualité au Moyen-Orient puisque le film revient sur la Prise d'otages des Jeux Olympiques 1972 de Munich (Tout savoir ICI !). Le réalisateur-scénariste co-écrit le scénario avec Alex David pour sa première expérience pour le cinéma, et Moritz Binder qui a co-écrit juste avant "Neue Geschichten Vom Pumuckl" (2023) de Marcus H. Rosenmüller et "Alles Fifty Fifty" (2024) de Alireza Golafshan. Vu le contexte géo-politique complexe le film a été censuré sur certains pays ou certains festivals comme Toronto qui a refusé de projeter le film pour éviter toute polémique liée au conflit actuel israélo-palestinien. Plus étonnant, le film est tout public dans la plupart des pays sauf en Allemagne où il est interdit au moins de 12 ans...
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Alors que nous sommes en plein Jeux Olympiques à Munich, un drame survient avec la prise d'otages d'athlètes israéliens par des terroristes de l'organisation Septembre Noir. Dans le contexte du village olympique seuls des équipes de journalistes sportifs sont présents. L'équipe de ABC Sports prend alors ses responsabilités, les journalistes sportifs de la chaîne couvrent l'événement pour lequels ils ne sont a priori pas habilités mais permet de suppléer leur maison mère ABC... Le casting est mené par la star Peter Sarsgaard vu récemment dans "The Batman" (2022) de Matt Reeves et "Memory" (2023) de Michel Franco, John Magaro vu dans "First Cow" (2019) de Kelly Reichardt, "Many Saint of Newark - une Histoire des Soprano" (2021) de Alan Taylor ou "LaRoy" (2023) de Shane Atkinson, Ben Chaplin (rien à voir avec Charles Chaplin) qu'on n'avait pas sur grand écran depuis "The Dig" (2021) de Simon Stone, Leonie Benesch vue dans "Le Ruban Blanc" (2009) de Michael Haneke, "Les Leçons Persanes" (2020) de Vadim Perelman ou "La Salle des Profs" (2024) de Ilker Catak, Zinedine Soualem vu récemment dans "Citoyen d'Honneur" (2022) de Mohamed Hamidi et "L'Air de la Mer rend Libre" (2023) de Nadir Moknèche, Corey Johnson vu dans "Le Couteau par la Lame" (2022) de Janus Matz Pedersen et "Kandahar" (2023) de Ric Roman Waugh, puis Benjamin Walker vu entre autre dans "Mémoires de nos Pères" (2006) de Clint Eastwood, "Shimmer Lake" (2017) de Oren Uziel ou "Ice Road" (2021) de Jonathan Hensleigh... Le film mix les images d'archives à un docu-ciné dont le grain adéquat se marie à merveille avec les archives et accentue ainsi l'immersion dans les heures terribles de cet attentat. En quasi huis clos au sein de studios de fortune de la chaîne ABC Sports on suit les coulisses d'une équipe qui doit soudain oublier le sport pour coller à l'actualité brûlante et surtout en direct à quelques dizaines mètres de leurs locaux. Les paramètres purement techniques parsèment le récit mais sans être ni essentiels ni omis, mais c'est pour se focaliser surtout sur les décisions prisent dans l'instant, dans la logique du action-réaction avec également les éventuelles conséquences. Le film est particulièrement intéressant car il interroge le rôle des journalistes, mais surtout de la télévision dans les événements en temps de crise alors que les forces de l'ordre tentent de travailler en sous-marin.
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Ainsi on voit bien que les journalistes sont engoncés dans la course à l'audimat au risque de saboter les efforts de sauvetage et d'intervention. En France, on pense très fort aux effets catastrophiques de certaines action de journalistes lors des attentats de 2015. Le film montre et démontre parfaitement les effets nuisibles et dangereux de certaines décisions journalistiques, car oui en effet les terroristes regardent aussi la télévision. Le film montre aussi qu'une équipe de travail est composée de personnes aux origines et opinions divers mais que de tels drames touchent logiquement ceux qui ont encore un soupçon d'humanité. En prime un joli groupe d'acteurs, tous issus d'univers tout aussi différents et qui fonctionne à merveille. Tim Fehlbaum signe un thriller psycho-journalistique passionnant, aussi prenant que anxiogène, même si on reste peut-être trop en retrait des événements finalement ; on aurait aussi pu suivre ceux qui sont allés sur le tarmac aussi. La question du huis clos se pose donc là. Néanmoins, c'est un film historiquement réaliste doté d'une authenticité qui est à saluer. A conseiller.
Note :