
Film de bande / film de gang
Jeff Nichols, cinéaste contemporain majeur du cinéma américain, revient après une longue absence avec un film de motards. Ce 6ème long métrage n’était apparemment pas fait pour moi. Mais c’est sans compter sur les talents de conteur et de metteur en scène de son maitre d’œuvre ; car celui-ci creuse toujours le même sillon fertile obstinément : retracer le parcours mélancolique de marginaux ou prolétaires cherchant leur place dans une Amérique des oubliés. Pour cette histoire, il prend des accents très scorcesien, une forme de « Les affranchis » en deux roues. Au centre de cette histoire de mecs sous testostérone, une femme, et quelle femme ; une belle découverte, Jodie Comer. Elle sera la narratrice de cette histoire au long court et surtout elle permet de dézoomer d’une histoire qui n’aurait pu être que masculine, car elle porte un regard féminin sur l’épopée du gang. En aparté, le narrateur externe c’est déjà très Scorcese tout comme le traitement de la place de la femme dans ces histoires d’hommes brutaux. Comme chez Scorcese ou comme dans le célèbre et formidable « Mud » de Nichols ; le film démarre avec une aura magique des protagonistes qui s’effilochera peu à peu pour ne révéler que leur plus simple humanité. Aucun point de bascule marqué ; pas de film en deux parties thèse-antithèse ; le ton changera subtilement au fil du film. Magique aussi, la bande son, hyper cool ; truffée de tubes magiques des 60’s entre Stone, Cream et bien d’autres. Tout comme son casting quatre étoiles ; pour accompagner la solaire Jodie Comer, un grand acteur bien installé dans le rôle du petit parrain de sa campagne, Tom Hardy ; et l’autre découverte avec l’actrice, Austin Butler, gueule d’ange, qui forme un couple hyper glamour avec la première. Il est dans le récit le détonateur, le fêlé qui détraque le récit et fait basculer le film du lyrisme à la violence sourde et brutale. Il est le point de bascule.
Une belle surprise pour un film type « Easy Rider », au premier abord pas fait pour moi ; mais cueilli par les talents de conteur de son chef d’orchestre et de ses solistes.
Sorti en 2024
Ma note: 16/20