Troisième long métrage après "L'Enfance d'un Chef" (2015) et "Vox Lux" (2018) de Brady Corbet, cinéaste remarqué au départ comme jeune révélation devant la caméra sur les films "Thirteen" (2003) de Catherine Hardwicke, "Mysterious Skin" (2004) de Gregg Araki ou "Funny Games U.S." (2008) de Michael Haneke. Le réalisateur-scénariste co-écrit le scénario avec sa compagne, Mona Fastvold scénariste du très bon "Nevada" (2019) de Laure de Clermont-Tonnerre avant de passer elle-même à la réalisation avec "The World to Come" (2020). Le film reçoit un accueil critique excellent avec la Mostra de Venise 2024 où il obtient le Lion d'Argent du meilleur réalisateur. Il devient dès lors un des favoris pour les Golden Globes et les Oscars, recevant d'ailleurs les Golden Globes du meilleur film dramatique, meilleure réalisation et meilleur acteur pour Adrien Brody... 1947, Laszlo Toth, revenu d'un camp de concentration, émigre avec sa femme aux Etats-Unis en espérant vivre le "rêve américain". D'abord contraint de travailler dans la misère il obtient bientôt un contrat qui va changer sa vie...
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Le couple Toth est joué par Adrien Brody vu dernièrement dans "Blonde" (2022) de Andrew Dominik ou "Coup de Théâtre" (2022) de Tom George, et Felicity Jones vue dans "Quelques Minutes après Minuit" (2016) de Juan Antonio Bayona et "Rogue One" (2016) de Gareth Edwards, on ne l'avait plus vu depuis "La Dernière Lettre de son Amant" (2021) de Augustine Frizzell. Citons ensuite une niéce incarnée jeune par Raffey Cassidy remarquée dans "Mise à Mort du Cerf Sacré" (2017) de Yorgos Lanthimos ou "White Noise" (2022) de Noah Baumbach et retrouve son réalisateur de "Vox Lux" (2018), son personnage adulte est incarné par Ariane Labed vue récemment dans "Le Vourdalak" (2023) de Adrien Beau et retrouve après "The Souvenir" (2019-2021) de Joanna Hogg son partenaire Joe Alwyn vu par exemple dans "La Favorite" (2018) et "Kinds of Kindness" (2024) tous deux de Yorgos Lanthimos, et retrouve de son côté après "Marie Stuart, Reine d'Ecosse" (2018) de Josie Rourke l'acteur Guy Pearce vu dans "Sans Aucun Remords" (2021) de Stefano Sollima ou "Mémoire Meurtrière" (2022) de Martin Campbell, tandis que la jumelle du personnage joué par Joe Alwyn est interprétée par Stacy Martin vue dans "Archive" (2020) de Gavin Rothery ou "Bonnard, Pierre et Marthe" (2023) de Martin Provost et retrouve surtout son réalisateur et Raffey Cassidy après "Vox Lux" (2018). Citons encore Isaach de Bankolé remarqué surtout chez Jim Jarmush avec "Night on Earth" (1991), "Ghost Dog" (1999) et "The Limits of Control" (2009), Alessandro Nivola vu dans "La Chambre d'à-Côté" (2025) de Pedro Almodovar et "Kraven the Hunter" (2025) de J.C. CHandor, Jonathan Hyde vu dans "Jumanji" (1995) de Joe Johnston, "Titanic" (1997) de James Cameron ou "Crimson Peak" (2015) de Guillermo Del Toro, puis Peter Polycarpou aperçu dans "Evita" (1996) de Alan Parker ou "Menace d'Etat" (2012) de Hadi Hajaig... Les premières minutes sont impressionnantes, l'immersion totale et un mélange entre effervescence et angoisse qui instaure une sorte de malaise mystère qui nous bouscule. Dans le même temps on est presque frustré que le film débute à cet instant et pas dans les camps de la mort et/ou à la Libération, le film n'arrête pas d'en parler mais on en voit jamais les stigmates outre les dires des protagonistes principaux. Au fil du récit, et à la fin ça restera un petit manque. Le film est scindé en deux parties, 1947-1952 où l'arrivée et l'ascension toute mesurée de Laszlo Toth/Brody. Mesurée car nous ne sommes pas dans l'habituel ascension fulgurante d'un homme suivi de son inévitable chute, nous sommes plutôt dans un destin plus confus. Cette première partie ressemble au Rêve Américain au début, mais comme si il avait du mal à se concrétiser. On pense un peu à l'ampleur d'un "There will be Blood" (2007) de Paul Thomas Anderson mais sans sa perfection.
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Après un long entracte aussi inutile qu'agaçant le film prend une autre dimension dans sa seconde partie 1957-1968 avec l'arrivée des femmes. Les personnages s'étoffent, deviennent plus intéressant, les tenants et aboutissants se révèlent, mais on constate aussi que le film n'a rien de la grande fresque tant promise à la manière de la trilogie "Le Parrain" (1972-1991) de F.F. Coppola. Il s'agit d'un homme, de sa femme et d'une nièce brisée par la déportation et qui croient au Rêve Américain pour avoir droit à une seconde vie. Un Rêve illusoire, sinueux qui va être une seconde rupture. Par contre quelques cordes faciles et caricaturales se glissent dans un récit qui méritait mieux... ATTENTION SPOILERS !... Les Toth seraient rejetés parce que juif ?! Alors que les Etats-Unis sont une terre d'accueil sans précédents, d'ailleurs de nombreux nabab de Hollywood sont juifs. Sinon quand et comment Laszlo Toth a ou aurait draguer l'épouse de son cousin ?! Et pourquoi se cousin lui reproche les conséquences des travaux ?!... FIN SPOILERS !... Ainsi ces quelques maladresses narratives empêchent le film d'atteindre le niveau des grands drames, d'autant plus que la fin rajoute des déceptions (Lazslo a drôlement vieilli en seulement 12 ans, l'originalité de son oeuvre ne frappe pas les yeux), et conclût le film de façon un peu abrupt. Mais Brady Corbet signe toutefois un film qui ne manque pas d'autres qualités, comme les décors, une mise en scène inspirée, ample et grandiose et, surtout, des interactions psycho-dramatiques prenantes et maîtrisée. On frôle le grand film, il reste un film à voir et à conseiller.
Note :