Le Mohican (2025) de Frédéric Farrucci

Second long métrage après "La Nuit Venue" (2020) de Frédéric Farrucci qui le fait revenir aux sources puisqu'il est corse et qu'il y a tourné deux courts métrages et plusieurs documentaires dont un sur un berger, Joseph, qui va justement inspiré le héros dit le Mohican. Le film s'inscrit donc dans le regain du polar corse après "Borgo" (2024) de Stephane Demoustier ou "Le Royaume" (2024) de Julien Colonna... Joseph, l'un des derniers bergers du littoral corse, voit son terrain convoité par le Milieu pour un projet immobilier mais il refuse de céder. Quand il tue accidentellement l'homme de main venu l'intimider il devient une proie traquée. Mais en parallèle, portée par sa nièce Vanina, Joseph devient un symbole de résistance et sa réputation se propage dans toute l'île... 

Le berger est incarné par Alexis Manenti vu dans "Karmapolice" (2024) de Julien Paolini, "Ad Vitam" (2025) de Rodolphe Lauga et "Le Dossier Maldoror" (2025) de Fabrice Du Welz, et retrouve après "A son Image" (2024) de Thierry De Peretti son partenaire Paul Garatte vu dans "Une Vie Violente" (2017) de Thierry de Peretti et "Le Retour" (2023) de Catherine Corsini, deux films dans lesquels jouait également Jean Michelangeli vu entre temps dans "Mon Légionnaire" (2021) de Rachel Lang, tandis qu'après "Une Vie Violente" (2017) Paul Garatte retrouve aussi Dominique Colombani et Marie-Pierre Nouveau vu ensuite dans "Enquête sur un Scandale d'Etat" (2022) de Thierry de Peretti dans lequel jouait également Alexis Manenti et "De Grandes Espérances" (2023) de Sylvain Desclous. Citons ensuite Mara Taquin vue dans "After Blue (Paradis Sale)" (2022) de Bertrand Mandico, "La Petite" (2023) de Guillaume Nicloux ou "La Bête dans la Jungle" (2023) de Patric Chiha, Michel Ferracci vu dans "Permis de Construire" (2022) et "Le Clan" (2023) tous deux de Eric Fraticelli ou "Des Hommes" (2021) de Lucas Belvaux, Luiza Benaïssa vue dans "Rue des Dames" (2023) de Hamé Bourobka et Ekoué Labitey puis "Ici et Là-Bas" (2024) de Ludovic Bernard, et enfin n'oublions pas Marc Memmi dans son premier rôle, il joue son propre rôle de vétérinaire agricole après avoir été un sujet de documentaire de Frédéric Farrucci... Une histoire encore ancrée dans le grand banditisme mais qui rappelle aussi que la délinquance en col blanc a aussi ses ramifications avec la criminalité la plus crasse. Et en filigrane il y a les corses eux-mêmes, victimes collatérales des magouilles politico-financières et qui forment une cassure nette entre une minorité faussement amoureuse de la Corse mais plus réellement des billets verts, et une majorité qui tente de faire fi des crimes qui les entourent. 

Le rythme reste presque au ralenti, cliché d'une corse d'épinal qui semble pourtant plus vrai que nature, les protagonistes semblent ainsi prendre tous leur temps même dans la poursuite ! Joseph le Mohican/Manenti est un taiseux idéal, mais reste une caricature qui agace un tantinet comme quand il cherche de l'aide avant de perdre sa langue. Le jeu du chat et de la souris fonctionne à merveille, trahison, intimidation croisent aussi la solidarité et l'amitié. Par contre, la pseudo-sous-intrigue entre la nièce et un "ami" des réseaux s'avère finalement complètement inutile car sous-exploitée. On apprécie aussi les scènes d'action, réaliste et directe loin du tout spectaculaire et du surréalisme de l'action movie de base. Frédéric Farrucci signe un polar solide et prenant sur une légende moderne mais qui n'a rien du héros, il fait comme il peut et ne peut éviter des drames collatéral. Un polar mais un brin fataliste à voir avec en prime les paysages magnifiques de l'île de Beauté comme symbole d'une dualité tragique.

Note :                 

Mohican (2025) Frédéric FarrucciMohican (2025) Frédéric Farrucci

14/20