A ne pas confondre avec les chefs d'oeuvre éponymes (1963) de Joseph Losey et (1969) de Luchino Visconti !... Un titre référent à lourde responsabilité pour l'italien Roberto Minervini qui, après des films comme "Le Coeur Battant" (2013) ou "The Other Side" (2015), aborde un genre très américain avec ce western qui n'a rien de spaghetti ! Mais si le contexte est la Guerre de Sécession le cinéaste explique que c'est la guerre tout court, la guerre en elle-même qu'il a voulu explorer : "J'ai toujours eu un problème avec les films de guerre en raison des archétypes que l'on y rencontre : l'idée de la cause juste, la lutte du bien contre le mal, la vengeance, l'héroïsme. Il n'y a jamais eu une approche que je pourrais qualifier d'humaine. Au lieu de cela, on nous propose des archétypes qui propagent des idées fausses et des croyances au sujet de la guerre. Je trouve incroyable que les gens soient enclins à faire confiance à un gouvernement en matière de guerre et de défense - surtout ici aux Etats-Unis, mais pas seulement. La guerre devient une chose intouchable et l'héroïsme guerrier se retrouve sacralisé." Le film a obtenu le prix de la meilleure réalisation à Un Certain Regard au Festival de Cannes 2024...

Hiver 1862, pendant la Guerre de Sécession. L'armée nordiste envoie à l'Ouest une compagnie de volontaires pour effectuer une patrouille dans les régions inexplorées. Mais quand finalement leur mission initiale change les soldats commencent à remettre en question le sens même de leur engagement... Au casting aucune star ou vedette, avec des inconnus comme René W. Solomon dans son premier rôle au cinéma, Jeremiah Knupp qui fut assistant-réalisateur il y a une quinzaine d'années, Cuyler Ballenger dont la première expérience était dans le Court Métrage "I Wish you Would" (2020) de Ryland Walker Knight, une fratrie aussi avec les frères Judah Carlson, Noah Carlson et Timothy Carlson qui retrouve leur réalisateur après  "Le Coeur Battant" (2013), puis enfin deux acteurs plus expérimentés surtout vus dans des westerns avec Chris Offert dans son premier rôle alors qu'il a réalisé les films "Contested Ground" (2016) et "Custer's Strategy of Defeat" (2021), puis Duncan Dezain vu entre autre dans "Murder at Yellowstone City" (2022) de Richard Gray et "Butcher's Crossing" (2022) de Gabe Polsky et la série TV "Into the Wild Frontier" (2022-2023)... Dans le genre on est clairement dans une sorte de "Jarhead" (2005) de Sam Mendes, mais transposé de la guerre du Golfe à la guerre de Sécession. Ainsi on constate vite que le film est dénué d'intrigue, et s'il s'agit d'une oeuvre de fiction le réalisateur- scénariste rappelle : "Je viens du documentaire contemplatif, et je ne voulais rien de spectaculaire dans ce film de guerre." 

Ainsi, on suit une troupe de soldats dans une zone déserte qu'ils doivent sécuriser (de qui ?!) et attendre des renforts. Attendre qu'il se passe quelque chose, et donc quoi faire d'autre que de palabrer sur une arme, boire du café, s'occuper des chevaux, jouer au poker... etc... L'immersion est vraiment prégnante, naturaliste au point même que le quotidien très classique et routinier des soldats nous donne parfois l'impression d'être au sein d'une troupe associative qui font des reconstitutions historiques ! La qualité des costumes, les détails  de l'uniformes jusqu'aux ustensiles et aux références parfois techniques renvoient à des groupes passionnées d'Histoire. On salue le travail, comme on reste séduit par la mise en scène à la fois panoramique et si focalisée sur les visages. Néanmoins, il faut avouer que l'ennui des soldats devient le notre, trop peu d'enjeu, jusque dans les ennemis qu'on ne voit pas, qu'on devine alors être logiquement des confédérés. Il manque un traitement plus profond, plus psychologique du soldat, et des dialogues peut-être moins redondants. Ca reste donc intéressant et bien fait mais ça tient trop de l'exercice de style.

Note :