
James Mangold avait déjà réalisé, il y a bien longtemps, un biopic sur Johnny Cash : « Walk the line ». Là, il s’attaque à un monument de la musique folk/pop mondiale avec ce film consacré aux premières années de Bob Dylan ; de son arrivée à Greenwich Village à son passage à la musique électrique, 5 ans sur ses 63 ans de carrière et 55 albums studio. Lui, le seul auteur compositeur auréolé du Prix Nobel de Littérature, est mis à l’honneur dans ce film pour ce qui fait son prestige : ses textes et sa musique. Le film se moque de la chronologie et de la vérité, ce qui est parfois dérangeant comme l’histoire d’amour à trois anachronique avec Joan Baez et Sylvie Russo, les disputes en concert entre Dylan et Baez inexistantes et bien encore. Mais lorsqu’il s’agit de mettre à l’honneur la musique et les textes de Dylan, le film nous emporte et prend tout son sens ; il est tout autant un biopic qu’un film musical. Les chansons de Dylan placées dans le désordre surlignent tout le temps des moments de vie de l’auteur ou des faits de sociétés contemporains. Et pour les béotiens, les traductions des paroles prouvent au combien le bonhomme est un poète. Mangold avec ses approximations historiques volontaires ne trahit malgré tout jamais l’homme ni l’artiste ; on en ressort en ayant toujours rien compris à l’énigme Dylan, ce sale type génial, ce troubadour fuyant. Les adeptes de Freud risquent d’être frustrés, Dylan reste un mystère, un être assez opaque et désagréable. A travers ce gamin doué aux accents et allures de Rimbaud, Mangold traite aussi d’un sujet plus vague, à la sauce hollywoodienne sucrée bien entendu, le processus créatif et un artiste en construction avec tous ses paradoxes. Pour finir, car tout le monde ne parle que de cela ; Timothée Chalamet campe un Dylan habité plus vrai que nature, dans l’allure, les attitudes, le physique et la voix. Un rôle à Oscar assurément. Oups j’allais oublier, les diverses apparitions de Johnny Cash dans ce film comme un clin d’œil à son précédent biopic musical, j’ai adoré.
Sorti en 2025
Ma note: 14/20