L'Attachement (2025) de Carine Tardieu

5ème long métrage de Carine Tardieu depuis "La Tête de Maman" (2007), et revient avec l'adaptation du roman "L'Intimité" (2020) de Alice Ferney, autrice qui a déjà été porté sur grand écran avec le film "Eternité" (2016) de Tran Anh Hung. La cinéaste explique son choix : "Je l'avais lu une première fois avec beaucoup d'émotion et un intérêt certain, notamment pour le personnage de Sandra, mais celui-ci s'effaçait dans la seconde partie du roman au profit d'un autre personnage pour lequel j'avais beaucoup moins d'attrait. Mais par hasard, quelques mois plus tard, Fanny Ardant, de passage à la maison et trouvant le bouquin sur mon bureau, me dit qu'elle l'a lu et qu'elle pense que cette histoire est faite pour moi... Interpellée, je m'y suis replongée en me concentrant sur ce qui m'avait ému, la rencontre entre cette libraire farouchement indépendante et son voisin de palier quise retrouve brutalement seul avec un petit garçon et un nourrisson... Et j'ai compris qu'en remettant Sandra au centre, un film était possible..."  La réalisatrice-scénariste co-écrit son scénario avec Raphaële Moussafir avec qui elle a déjà co-signé ses trois derniers films "Du Vent dans mes Mollets" (2012), "Ôtez-Moi d'un Doute" (2017) et "Les Jeunes Amants" (2022), puis Agnès Feuvre scénariste entre autre de "Médecin de Nuit" (2021) de Elie Wajeman, "La Fracture" (2022) de Catherine Corsini et "Le Théorème de Marguerite" (2023) de Anna Novion... Sandra, quinquagénaire farouchement indépendante et solitaire se retrouve contrainte de jouer la babysitter pour sa voisine partie accoucher. Malheureusement, la maman meurt en couche et l'enfant retourne avec son beau-père qui est émotionnellement pas apte à reprendre un rôle de père. Petit à petit Sandra se rapproche à l'insu de son plein de cette famille en deuil et finit par s'attacher à elle... 

Sandra est incarnée par Valeria Bruni-Tedeschi vue récemment dans "Il n'y a pas d'Ombre dans la Désert" (2024) de Yossi Aviram et "Une Vie Rêvée" (2024) de Morgan Simon, puis retrouve après "La Fracture" (2021) de Catherine Corsini et "Enquête sur un Scandale d'Etat" (2022) de Thierry De Peretti son partenaire et beau-père en deuil, Pio Marmaï vu dernièrement dans "Daaaaaali !" (2024) de Quentin Dupieux et "A toute Allure" (2025) de Lucas Bernard. L'enfant Elliott est joué par le jeune César Blotti dans son premier rôle, tandis que son père biologique est joué par Raphaël Quenard vu dans "L'Amour Ouf" (2024) de Gilles Lellouche, "Leurs Enfants après Eux" (2024) des frères Boukherma et "Conte Nuptial" (2025) de Claire Bonnefoy. Citons ensuite Vimala Pons vue dans "Vincent doit Mourir" (2023) de Stephan Castang et "Le Beau Rôle" (2024) de Victor Rodenbach, Catherine Mouchet apparue dans "De Gaulle" (2020) de Gabriel Le Bomin ou "Toni, en Famille" (2023) de Nathan Ambrosioni, Marie-Christine Barrault qui se fait rare ces dernières années avec une simple voix dans "Sur les Chemins Noirs" (2023) de Denis Imbert et "Maison de Retraite 2" (2024) de Claude Zidi Jr., Florence Muller vue dans "La Petite Vadrouille" (2024) de et avec Bruno Podalydès, "Le Comte de Monte Cristo" (2024) de Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte et "Les Cadeaux" (2024) co-signé de Raphaële Moussafir et Christophe Offenstein, Sissi Duparc vue dans "Des Mains en Or" (2023) de Isabelle Mergault et "Un Noël en Famille" (2024) de Jeanne Gottesdiener, puis Eric Verdin à l'affiche sur la même période avec "Dis-Moi juste que tu m'Aimes" (2025) de Anne Le Ny... Précisons que le film a été tourné chez moi, à Rennes. Le film débute avec une bonne partie de ce qu'on nous montre dans la bande-annonce, donc dans une partie qui séduit d'emblée où les protagonistes principaux se rencontrent brièvement à un tournant à la fois heureux et tragique. Les dialogues sonnent justes, bien écrit sans l'être trop (écrit) et magnifiquement joué. La scène où la voisine Sandra/Tedeschi ouvre la porte à Alex/Marmaï est déchirante de sobriété et de dignité. La première partie est pour le personnage de Alex/Marmaï un équilibre idéal entre le deuil et sa responsabilité en tant que père, sous le regard d'une voisine qui n'était jusqu'ici qu'une simple voisine tout juste assez aimable.

Mention spéciale à l'enfant merveilleusement jouée par le petit César Blotti servi il est vrai par des dialogues qui oscillent entre les interrogations émouvantes et/ou drôles qui nous arrachent aussi bien une larme qu'un sourire. Les seconds rôles ne sont pas en reste, permettent surtout de préciser les propos autour du deuil évidemment mais aussi du féminisme, de la place de l'homme aujourd'hui, de la maternité ou du rôle parental. La réalisatrice utilise la caméra à l'inverse par exemple de son film "Les Derniers Amants" où elle était plus éloigné de ses personnages comme pour leur laisser de l'intimité, cette fois elle use du champs-contre-champs car comme le cinéaste l'explique : "je voulais que la caméra s'intègre à la famille, qu'elle fasse le lien, qu'en référence au titre, elle ne soit pas détachée des personnages et bien entendu, qu'il ne contraignent aucunement les acteurs..." La seconde partie est un peu moins rythmée, un peu moins drôle mais pas moins tragique, ou plutôt sérieuse et toujours des messages plein d'acuité. Les sujets sont abordés comme des choses de la vie et non pas comme de la philosophie de comptoir, avec de surcroît autant d'émotion que de dérision. c'est le bon point du film. Carine Tardieu signe là son meilleur film, émouvant et sincère sans tomber dans le pathos. Un joli moment.

Note :                 

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15/20