La pampa

pampaPremière claque ciné 2025

La pampa, c’est le terrain de moto-cross de ce village du Maine et Loire, centre névralgique pour les jeunes du coin et creuset des espérances de gloire des pères ; mais c’est surtout ma première claque cinématographique de 2025. Au centre du film, deux ados, Willy et Jojo amis d’enfance qui n’ont comme seul hobby dans leur campagne perdue : le moto-cross. Beaucoup comparé à « Vingt dieux », il partage avec ce dernier beaucoup et peu à la fois. Il s’inscrit comme ce dernier dans la veine sociale, naturaliste d’un cinéma des territoires ; il met au cœur du film des ados condamnés par un déterminisme géographique. Mais « La pampa » va beaucoup plus loin que son homologue sorti fin d’année passée dans les sujets qu’il embrasse, la force qu’il y met, la finesse d’écriture du scénario qui nous emporte, la mise en scène astucieuse maline et dynamique qui nous captive. Antoine Chevrollier, lui qui s’est fait la main sur des séries de renom pour Canal+, sur ce premier long métrage, réalise un coup de maitre ; un réalisateur prometteur qu’il faudra suivre. Traitant de sujets forts (masculinité toxique, homophobie, amitié indéfectible, lutte contre le déterminisme social,…), il sait insuffler une bonne dose d’émotion profonde comme on le retrouve par exemple dans « Close » de Lukas Dhont. Il ne recourt à aucun procédé tire larmes, préférant distiller l’émotion avec une grande délicatesse dans un milieu où la tendresse est rare. Les hommes dans ce film sont au centre de tout, même lorsqu’ils brillent par leur absence ; voilà un film qui interroge aussi la paternité et les failles qu’une paternité dysfonctionnelle peut provoquer. Troublant aussi de constater que seul le hasard de rencontres et la nécessité de sauver sa peau peuvent sauver certains du déterminisme social ; le système éducatif et les parents paraissent soit si peu concernés soit pas équipés pour ouvrir des portes. Ce film hyper dense avec ces personnages tous très travaillés jusqu’aux seconds rôles met en avant un duo de jeunes acteurs épatants et au combien bien dirigés.

C’est donc la très belle surprise de ce début d’année et non un énième récit d’apprentissage ; celui-ci sort très habilement des sentiers battus.

Sorti en 2025

Ma note: 19/20