Collision (2005) de Paul Haggis

Après avoir travaillé à la télévision où il a signé des séries TV dont "Génération Pub" (1987-1988) ou "Walker, Texas Ranger" (1993-2001), Paul Haggis connaît la reconnaissance sur grand écran en signant le scénario de "Million Dollar Baby" (2004) de Clint Eastwood, le succès du film lui permet de réaliser son premier long métrage dans la foulée. Le cinéaste a l'idée du film après avoir avoir été braqué pour lui voler sa voiture alors qu'il sortait un magasin vidéo à Los Angeles. Arrivé chez lui il a fait changé ses serrures et à commencer à s'interroger sur ses agresseurs et notamment sur une réflexion, "on parle de l'intolérance et de a compassion, de la manière dont nous détestons tous être jugés sans jamais refuser de juger les autres, ce qui est totalement contradictoire." Le producteur-réalisateur-scénariste co-écrit son scénario avec son confrère qui était aussi à l'écriture de  "Million Dollar Baby" (2004), Robert Moresco qui réalisera plus tard le film "Lamborghini". Première réalisation, première réussite avec un bel accueil critique et public engrangeant plus de 98 millions de dollars au box-office Monde pour un budget de 6,5 millions, et surtout il obtient 3 Césars avec le Meilleur film, Meilleur scénario originale et Meilleur montage... A Los Angeles, plusieurs personnages vont se croiser et s'entrecroiser, deux voleurs de voiture noirs, deux inspecteurs de police qui sont aussi amants lui étant noir et elle portoricaine, un serrurier mexicain, un procureur et son épouse, un réalisateur noir et sa conjointe plus claire, deux policiers patrouilleurs, une famille de commerçants d'origine iranienne... 

Citons en premier lieu Don Cheadle, premier acteur investi dans le projet à tel point qu'il en est aussi co-producteur, vu auparavant dans "Hors d'Atteinte" (1998), "Traffic" (2000) et "Ocean's Eleven" (2001) tous trois de Steven Soderbergh, puis Jennifer Esposito remarquée dans "Summer of Sam" (1999) et "He Got Game" (2000) tous deux de Spike Lee, Sandra Bullock vue dans "Speed" (1994) de Jan De Bont ou "Calculs Meurtriers" (2002) de Barbet Schroeder, Brendan Fraser devenue une star avec le dyptique "La Momie" (1999-2001) de Stephen Sommers, Matt Dillon vu dans "In and Out" (1997) de Frank Oz ou "Sexcrimes" (1998) de John McNaughton et retrouve après "Mary à Tout Prix" (1998) des frères Farrelly son partenaire Keith David vu dans "Mort ou Vif" (1995) de Sam Raimi et surtout "Requiem for a Dream" (2000) de Darren Aronofsky et retrouve après "Les Chroniques de Riddick" (2004) de David Twohy la belle Thandie Newton vue dans "Beloved" (1998) et "La Vérité sur Charlie" (2002) tous deux de Jonathan Demme, Keith David retrouve également après "Génération Sacrifiée" (1995) de Albert et Allen Hugues les acteurs Terrence Howard et Larenz Tate qui sont à la même période à l'affiche du biopic "Ray" (2004) de Taylor Hackford, Shaun Toub apparu dans "Bad Boys" (1995) de Michael Bay et qui retrouvera Terrence Howard dans "Iron Man" (2008) de Jon Favreau, William Fichtner vu dans "Strange Days" (1995) de Kathery Bigelow, "Heat" (1995) de Michael Mann ou "La Chute du Faucon Noir" (2001) de Ridley Scott, Ludacris qui venait tout juste d'intégrer une future franchise lucrative avec "2 Fast 2 Furious" (2003) de John Singleton, Ryan Philippe remarquée dans "Sexe Intentions" (1999) de Roger Kumble et "Gosford Park" (2001) de Robert Altman et retrouvera Robert Harris qui écrit "Mémoires de nos Pères" (2006) de Eastwood, Tony Danza alors légèrement has been après avoir été la star de la série TV "Madame est servie" (1984-1992), Loretta Devine vue dans "Les Seigneurs de Harlem" (1997) de Bill Duke ou "Urban Legend" (1998) de Jamie Blanks, Michael Pena vu dans "60 Secondes Chrono" (2000) de Dominic Sena et "Million Dollar Baby" (2004), Bahar Soomekh vue la même année dans "Syriana" (2005) de Stephen Gaghan juste avant "Mission Impossible 3" (2006) de J.J. Abrams, Nona Gaye (fille du soul man Marvin Gaye) vue dans "Ali" (2001) de Michael Bay et les deux derniers opus "Matrix" (2003) des Wachowski, puis enfin Jack McGee remarqué dans "Basic Instinct" (1992) et "Showgirls" (1995) tous deux de Paul Verhoeven... Le fait que les protagonistes soient tous racisés est un élément essentiel et n'est assurément pas anodin. D'abord et avant tout parce que c'est de toute façon représentatif du pays du "Rêve Américain", un pays qui reste marqué par une période de ségrégation qui n'est pas si éloignée et que la politique migratoire va devenir de plus en plus un sujet épineux au fil des années - nous sommes vingt ans après le film. Si cela peut paraître parfois caricatural ou maladroit il n'en demeure pas moins que toutes les scènes sont plausibles à l'exception des incroyables coïncidences, à savoir qu'il faut accepter l'option que ce petit groupe de citoyens puissent se croiser et s'entrecroiser en 2-3 jours dans une ville de 3,7 millions d'habitants mais c'est l'apanage du film choral pour faire passer le message et les émotions comme un microcosme représentatif.

On constate alors que le vice, la violence ou la simple méchanceté n'a ni couleur ni religion, la bêtise a comme origine la peur de l'autre et que le manque de communication va souvent avec les préjugés entre les uns et les autres. Et pourtant il y a des faits qui font mal comme les deux jeunes noirs qui semblent honnêtes avant de faire un braquage, la bourgeoise hystérique avec des personnes qui n'ont rien à voir avec la source de son anxiété ou le commerçant iranien qui n'écoute pas ce qu'on lui dit parce qu'il est sûr qu'un mexicain au crâne rasé est forcément louche... etc... Idem l'être humain est aussi complexe qu'ambigu, en témoigne un policier raciste qui sauve pourtant la vie d'une victime racisée comme en France : combien de policiers ou de pompiers qui sauvent des vies malgré des opinions tendancieuses ?! Les personnages sont bien écrits, ils forment un panel parlant et judicieux démontrant que les jugements hâtifs et les idées reçues font que tous sont racistes vis à vis d'un tel ou d'un tel. Par contre, si le scénario et le fond de l'histoire est prenante et particulièrement bien construite, la mise en scène manque sans aucun doute de puissance et de fluidité. C'est souvent un peu statique créant parfois un effet théâtral mal venu. Néanmoins, Paul Haggis signe un drame choral qui fait un effet miroir sur la société américaine qui peut aussi bien renvoyer un reflet universel. Un très bon film malgré ses imperfections.

Note :                 

Collision (2005) Paul HaggisCollision (2005) Paul HaggisCollision (2005) Paul Haggis

14/20