Le Système Victoria (2025) de Sylvain Desclous

4ème long métrage après "Vendeur" (2016), "La Campagne de France" (2022) et "De Grandes Espérances" (2023) pour Sylvains Desclous qui adapte cette fois le roman éponyme (2011) de Eric Reinhardt. Rappelons que l'auteur a déjà eu un de ses romans porté sur grand écran avec "L'Amour et les Forêts" (2023) de Valérie Donzelli. C'est l'écrivain qui propose au cinéaste de porter son livre sur grand écran dont le sujet touche son passé quand le réalisateur était organisateur de séminaire : "En effet à la satisfaction d’avoir trouvé à la fois un travail rémunérateur et un bon poste d’observation s’était substitué le sentiment que tous les discours entendus sur l’engagement, la cohésion et la collaboration dans l’entreprise étaient vains et faux. (...) J'étais au coeur d'un fonctionnement quu résume définitivement Eric Reinhardt quand il écrit : "Ce n'est pas parce qu'un objectif est irréaliste qu'il ne faut pas essayer de l'imposer." Le réalisateur-scénariste co-écrit son scénario avec l'auteur lui-même, accompagné de Laurette Polmanss à qui on doit "La Belle Saison" (2015), "Un Amour Impossible" (2018) et "La Fracture" (2021) tous trois de Catherine Corsini ou plus récemment de "Maria" (2024) de Jessica Palud, puis avec Lauren Lazin qui vient du documentaire. Le cinéaste avoue avoir réuni un liste de référence dont la plus inspirante serait le film "Les Hommes du Président" (1975) de Alan J. Pakula... 

Directeur de travaux, David est à la tête d'un gros chantier pour une tour à La Défense. Retards insurmontables, pressions incessantes et surmenages des équipes, il ne vit que dans l'urgence. Lorsqu'il croise Victoria, ambitieuse DRH d'une multinationale, il est immédiatement séduit par son audace et son indépendance. Entre relation passionnelle et enjeux professionnels David va se retrouver pris au piège d'un système qui le dépasse... Le directeur des Travaux est incarné par Damien Bonnard vu récemment dans "Niki" (2024) de Céline Sallette ou "Trois Amies" (2024) de Emmanuel Mouret, et retrouve après "Les Misérables" (2019) de Ladj Ly et "Le Processus de Paix" (2023) de Ilan Klipper sa partenaire Jeanne Balibar vue dans "Boléro" (2024) de Anne Fontaine ou "Ma Famille Chérie" (2024) de Isild Le Besco. Citons ensuite Cédric Appietto qui retrouve son réalisateur après "De Grandes Espérances" (2023) et vu dernièrement dans "Borgo" (2024) de Stephane Demoustier et "La Fille d'un Grand Amour" (2025) de Agnès De Sacy puis retrouve après "À son Image" (2024) de Thierry De Peretti l'actrice Antonia Buresi  vue dans "La Belle Saison" (2015), "Une Vie Rêvée" (2024) de Morgan Simon et "Le Beau Rôle" (2024) de Victor Rodenbach, Sharif Andoura aperçu dans "Second Tour" (2023) de et avec Albert Dupontel ou "Hors-Saison" (2024) de Stephane Brizé, Ouassini Embarek apparu dans "Athena" (2022) de Romain Gavras et "Une Femme de notre Temps" (2022) de Jean-Paul Civeyrac, François Busnel surtout producteur surtout vu dans son propre rôle dans dans "Des Illusions" (2009) de Etienne Faure et "Moi et le Che" (2017) de Patrice Gautier, puis enfin n'oublions pas Eric Reinhardt lui-même dans un petit rôle... Il y a deux différences notables avec le roman, celle de la différence d'âge avec une Victoria/Balibar plus expérimentée et plus mature qui fonctionne bien, permet un ascendant sur David/Bonnard bien vu à tous les niveaux, puis la dimension sexuelle et charnelle, plus crue et frontale dans le roman et qui est ici arasé dans quelque chose de "normal" et qui se retrouve biaisée avec une séquence qui arrive presque comme un cheveu sur la soupe... ATTENTION SPOILERS !... David timoré voir coincé ose soudainement proposer un club échangiste, comment pourquoi sur le fond comme sur la forme c'est très mal amené... FIN SPOILERS !... 

L'histoire se met en place de façon classique mais prenante, entre les enjeux techniques concernant la tour et la rencontre avec une femme d'exception. Premier bémol on remarque que le couple David/Bonnard et Victoria/Balibar manque d'étincelles, on acquiesce au départ mettant cela sur la réserve et la maladresse de David, mais au fil du temps cette mauvaise sensation se confirmera malheureusement. Ca manque donc de passion. Mais l'intrigue se met en place, et on a bien mal à comprendre qu'un homme aussi réservé et peu sûr de lui ait autant de responsabilité, qui a besoin qu'une femme de pouvoir comme "détonateur de virilité". Par là même, le scénario est façonné de telle façon qu'on tente de nous faire croire à un suspense alors même qu'on se doute et qu'on s'attend à ce que Victoria soit le poison qui se révélera à la fin, et dans le même temps comment peut-on croire qu'une femme de cette stature s'abaisserait à faire la prostituée ?! Finalement tout semble bien fonctionné, rien de choquant dans ce film intéressant. Damien Bonnard joue parfaitement sa gamme, mais c'est surtout Jeanne Balibar qui impressionne en maîtresse du jeu, que ce soit dans le sexe, la culture, l'argent ou l'intellect, c'est d'autant plus dommage qu'ils ne se soient pas réellement trouvés. En conclusion un thriller érotico-financier qui ne s'assume pas mais qui n'est pas dénué d'intérêt.

Note :                 

Système Victoria (2025) Sylvain DesclousSystème Victoria (2025) Sylvain Desclous

13/20