Adapté d’un roman d’Alice Ferney ; Carine Tardieu réalise un film sur le thème des recompositions affectives après un drame familial. Ici, un père accompagne sa compagne à l’hôpital pour la naissance de leur second enfant, ils déposent l’aîné chez la voisine ; le père rentrera seul au domicile avec sa petite fille. Le prologue est lourd ; cependant faut bien placer le contexte, mais elle parvient à ne pas rendre ce moment larmoyant. L’affiche du film parait donner le ton du scénario en montrant la voisine enlaçant le petit garçon ; mais elle est trompeuse. On peut penser au début que cette relation est le centre de l’histoire, ce ne sera malheureusement pas le cas ; et si cela avait été le cas, en 2023 « Ama Gloria » avait placé la barre tellement haut que celui-ci aurait fait pâle figure. Carine Tardieu décide de faire un film chorale, donc c’est très vite, trop vite le veuf qui sera au centre du jeu ; et ce seront la construction et reconstruction des relations autour de lui qui nous seront donné de voir ; avec plus ou moins d’intérêt pour nombre de ces relations transverses. De fait, elle réussit peu son film chorale et délaisse trop tôt le cœur du film pour des traitements secondaires sans guère d’importance ; donc au premier chef, le féminisme de la voisine libraire qui n’apporte rien au propos et tombe bien souvent comme un cheveu sur la soupe. Si on ajoute, les baisers imposés d’un homme sur deux femmes, regardés par Carine Tardieu avec beaucoup de complaisance ; comme si le deuil permettait d’être grossier et déplacé. Donc même si elle parvient à donner beaucoup de douceur et de tendresse à toutes les relations jalonnant le film et rentre très honnêtement tous les personnages très sympathiques, le lien ne se fait pas ; faute aussi à une mise en scène purement fonctionnelle (champ-contre champ) et à des dialogues sursignifiant ; dont les répliques du petit garçon tout droit sorti d’un livre avec une sagesse quasi bouddhiste.
« Les jeunes amants » et maintenant le très ancien « Du vent dans les mollets » m’avaient émus ; salué comme étant son meilleur film ; je le juge plus sévèrement, les maladresses des précédents étaient attendrissantes ; ici, elles m’ont trop souvent sorties du film voire irritées.
Sorti en 2025
Ma note: 12/20