Grand réalisateur avec des films mythiques comme "Le Dernier Tango à Paris" (1972), "1900" (1976) et surtout "Le Dernier Empereur" (1987), l'italien Bernardo Bertolucci revient avec une adaptation du roman éponyme (1949) de Paul Bowles, auteur américain qui vécut la plupart de sa vie au Maroc. Pour le cinéaste ce livre "raconte une belle histoire d'amour, une histoire d'amour banale entre deux personnes très compliquées qui s'adorent mais ne peuvent pas trouver le bonheur ensemble." Notons que ce romancier a connu une unique expérience cinéma en étant un des dialoguistes du film "Senso" (1954) de Luchino Visconti. L'auteur accepte la proposition du cinéaste italien, et si il ne participe pas à l'écriture du film il en est le narrateur, apparaissant au début et à la fin du film. Bernardo Bertolucci est comme à son habitude réalisateur-scénariste et retrouve à l'écriture Mark Peploe déjà en collaboration sur "Le Dernier Empereur" (1987), qui va devenir réalisateur juste après avec "Double Vue" (1991). Précisons que certains considèrent comme le second film d'une trilogie spirituelle et orientale entre justement "Le Dernier Empereur" (1987) et le prochain "Little Buddha" (1993). Le cinéaste a fait appel des techniciens de talent qui vont apporter une valeur ajoutée certaine, on pense d'abord aux compositeurs Ryuichi Sakamoto remarquée pour "Furyo" (1983) de Nagisa Oshima et qui retrouve le maestro après "Le Dernier Empereur" (1987), puis Richard Horowitz pour sa première B.O. cinéma mais qui se fera discret ensuite malgré la B.O. de "L'Enfer du Dimanche" (1999) de Oliver Stone, néanmoins les deux artistes reçoivent pour leur travail le Golden Globes 1991 de la meilleure musique de film, puis citons le Directeur photo Vittorio Storaro fidèle de Bertolucci depuis qu'il a été son cameraman sur "Prima Della Rivoluzione" (1964) et dont on peut aussi citer le travail sur "L'Oiseau au Plumage de Cristal" (1970) de Dario Argento, "Apocalypse Now" (1979) de F.F. Coppola ou "Ladyhawke" (1985) de Richard Donner, l'artiste lui sera primé du BAFTA 1991 de la meilleure photographie... En 1947, un couple d'américains, Port et Kit Moresby arrive en Afrique pour tenter entre autre de raviver leur amour que l'après-guerre à éroder. Mais ils sont accompagnés d'un ami, George Tunner qui aimerait bien devenir plus pour Kit. La relation en trio devient trouble alors que la magie du Sahara fait aussi son oeuvre mais pas que pour leur bien...
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Le couple Moreby est incarné par Debra Winger alors au sommet après "Officier et Gentleman" (1982) de Taylor Hackford, "L'Affaire Chelsea Deardon" (1986) de Ivan Reitman et "La Main Droite du Diable" (1988) de Costa-Gravas, puis John Malkovitch alors en pleine reconnaissance mondiale après "La Déchirure" (1984) de Roland Joffé, "Empire du Soleil" (1987) de Steven Spielberg et surtout "les Liaisons Dangereuses" (1988) de Stehen Frears. Leur ami est joué par Campbell Scott qui va connaître son unique décade de qualité dans la foulée avec notamment "Le Choix d'Aimer" (1991) de Joel Schumacher, "L'Innocent" (1993) de John Schleisnger et "La Prisonnière Espagnole" (1997) de David Mamet. Citons ensuite Jill Bennett remarquée dans "Moulin Rouge" (1952) de John Huston ou "La Vie Passionnée de Vincent Van Gogh" (1956) de Vincente Minnelli et vue entre autre dans "La Charge de la Brigade Légère" (1968) de Tony Richardson ou "Rien que pour vos Yeux" (1981) de John Glen, Timothy Spall qui est encore méconnu mais qui a déjà visité l'Afrique dans "Drôle de Missionnaire" (1982) de Richard Loncraine et "Chasseur Blanc, Coeur Noir" (1990) de et avec Clint Eastwood, Amina Annabi vue plus tard dans "La Belle Histoire" (1992) de Claude Lelouch ou "Polisse" (2011) de et avec Maïwenn, Philippe Morier-Genoud vu dans "Au Revoir les Enfants" (1987) de Louis Malle et "Cyrano de Bergerac" (1990) de Jean-Paul Rappeneau, Sotigui Kouyaté vu dans "Black Mic-Mac" (1986) de Thomas Gilou ou "Le Mahâbhârata" (1988) de Peter Brook, Tom Novembre apparu dans "Agent Trouble" (1987) de Jean-Pierre Mocky ou "Jour après Jour" (1988) de Alain Attal, Nicoletta Braschi surtout connue comme étant l'épouse et muse de Roberto Begnini de "Tu mi Turbi" (1983) à "Pinocchio" (2005) en passant évidemment par le magnifique "La Vie est Belle" (1998), puis enfin Veronica Lazar acteur fétiche de Bertolucci depuis "Le Dernier Tango à Paris" (1972) mais vu aussi dans "Inferno" (1980) de Dario Argento ou "L'Au-delà" (1981) de Lucio Fulci... Après quelques minutes on se demande si ce George Tunner est un ami réel pour le couple , ou s'il est seulement une connaissance du voyage. Ensuite on suit un couple en voyage, à la sexualité plus ou moins libre, et qui reste surtout des touristes en dilettante sans qu'on sache vraiement quel est le but de tout ça. La musique est envoûtante, et sert d'un joli écrin des sens pour des paysages magnifiques entre dune et atlas, en rappelant que le tournage s'est déroulé essentiellement au Maroc, mais aussi à la mosquée d'Agadez au Niger et à Timimoun en Algérie.
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On constate que le scénario n'est pas assez dense pour un film de 2h15. Le film est presque contemplatif, les personnages pas assez approfondis, le couple reste en crise sans qu'il y en est vraiment une, et l'ami est sans intérêt autre que d'être plus ou moins un grain de sable au sein du couple. Le rythme est à l'image du récit, lancinant, plutôt envoûtant au début mais qui devient souvent ennuyeux tant on se demande ou veut nous emmener Bertolucci. L'osmose entre Kit/Winget et Port/Malkovich apporte beaucoup et reste avec la qualité visuel l'atout d'un film ambitieux mais dont on ne perçoit jamais le résultat. Le pire arrive à la fin, après la césure funeste où madame Moresby se perd très et beaucoup trop vite chez les bédouins. Un deuil expéditif et une histoire qui devient presque un autre film. Cette dernière partie aurait pu et dû être fortement raccourcie. En conclusion, un film qui oscille entre beauté visuel et récit vain, une dernière partie moins étoffée et un rythme plus passionnel aurait sans aucun doute changer la dimension du film qui reste finalement trop sage.
Note :