Copyright ICONO CLAST - LYLY FILMS - FRANCE 2 CINEMA - 2024
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Pourquoi voir Roqya ?
La sorcellerie dans l’islam, appelée sihr en arabe, mêle théologie et croyances populaires, explicitement mentionnée et condamnée dans l'islam, le Coran la considère comme une pratique réelle mais diabolique associée aux forces du mal, notamment aux djinns et à Satan (Shaytan).
Pour contrer la sorcellerie, l’islam préconise la roqya, une pratique de guérison spirituelle basée sur la récitation de versets coraniques, de prières et d’invocations prophétiques, la roqya doit être légitime (char’iyya), c’est-à-dire exempte de charlatanisme ou de recours à des forces occultes, si la roqya est mal exécutée (par exemple, en invoquant des djinns ou en utilisant des rituels douteux), elle peut elle-même être considérée comme une forme de sorcellerie.
Dans de nombreuses cultures musulmanes, on trouve des pratiques folkloriques comme des talismans ou rituels de désenvoûtement, des pratiques qui flirtent avec l’interdit, les marabouts ou guérisseurs autoproclamés, parfois accusés d’exploiter la crédulité des personne en souffrance, il est donc assez compliqué de différencier la roqya pratiquée par des personnes légitimes et celle pratiquée par des charlatans.
Cette frontière mince entre véritable croyance et dérives est abordée par Saïd Belktibia dans le film Roqya avec Golshifteh Farahani, Jérémy Ferrari et Amine Zariouhi dans les rôles principaux.
Premier long métrage de Saïd Belktibia, Roqya est un film fais du bien dans le paysage cinématographique français un film qui n'est pas parfait mais qui tente de nouvelles choses et propose un film avec un sujet très voir pas du tout exploité dans le cinéma français, une véritable curiosité qui n'embrasse pas pleinement le fantastique mais qui s'y frotte tellement qu'on vient à se demander la véritable frontière entre réalité et illusion.
Roqya suit Nour (Golshifteh Farahani), une mère célibataire vivant dans une cité de banlieue parisienne, qui gagne sa vie en faisant de la contrebande d’animaux exotiques pour des guérisseurs, lorsque l’une de ses consultations tourne mal, elle est accusée de sorcellerie par les habitants de son quartier, séparée de son fils Amine (Amine Zariouhi) dans la foulée, Nour devient la cible d’une chasse aux sorcières moderne, amplifiée par les réseaux sociaux.
Le cinéma de genre français est une facette fascinante et souvent sous-estimée de la production cinématographique hexagonale, historiquement, la France est reconnue pour son cinéma d’auteur, ses drames introspectifs et ses comédies populaire, mais elle a également une tradition riche et variée dans les films de genre.
Depuis les années 2000, le cinéma de genre français connaît un regain d’intérêt, notamment avec ce qu’on appelle parfois le New French Extremity, des films comme Haute Tension (2003) d’Alexandre Aja, Martyrs (2008) de Pascal Laugier ou Frontière(s) (2007) de Xavier Gens repoussent les limites de la violence et de l’horreur, souvent avec une réflexion sociale en toile de fond.
Après La Tour (2022), La Gravité (2023) et Vermines (2023), c'est au tour de Roqya d'installer son histoire en banlieue, certainement le nouveau terrain de jeu du cinéma de genre français, une bonne chose au vu du résultat.
Avec Roqya, le cinéaste transpose le concept de la chasse aux sorcières dans un cadre contemporain, en l’ancrant dans une banlieue française où se mêlent croyances traditionnelles, mysticisme et modernité technologique.
Le film multiplie les thèmes sans toujours les approfondir, on y trouve une critique des dérives ésotériques, la misogynie de certains hommes, l’abandon des banlieues, ainsi qu'une critique des réseaux sociaux (harcèlement, fausses informations, rumeurs), le film n'a pas réellement d'identité propre mais le résulta est plaisant et plus que réussi.
Grace à Roqya, Golshifteh Farahani se voit offrir un rôle puissant, elle livre une performance intense et nuancée, incarnant avec brio une femme à la fois vulnérable et combative, sa présence magnétique porte le film, notamment dans les scènes où elle passe de la peur à la rage.
Le personnage de Nour n'est pas tellement diffèrent de son interprète, Golshifteh Farahani n'est pas en odeur de sainteté en Iran, son pays natal, une hostilité due après que l'actrice ait remis en cause le fondamentalisme du régime iranien, un régime autoritaire sans pouvoir de contestation.
En ce qui concerne le reste du casting, on retrouve Jérémy Ferrari, connu comme humoriste, il surprend dans le rôle de Dylan, l’ex-compagnon toxique de Nour, il apporte une froideur inquiétante, on retrouve également Amine Zariouhi, dans le rôle du fils, impressionne par sa sensibilité, Denis Lavant, Mathieu Espagnet, Isma Kébé, Issaka Sawadogo et Anne-Laure Gruet.
Le film repose sur la performance Golshifteh Farahani et son ambiance terriblement pesante, cette chasse aux sorcières livre des scènes de tension bien construites, la mise en scène nerveuse et immersive, typique du style brut des productions Kourtrajmé (le film est produit par Ladj Ly, réalisateur des Misérables) fait vivre une expérience intense aux spectateurs.
Œuvre qui oscille entre thriller, drame social et touches horrifiques, Roqya est un premier film audacieux qui possède une idée originale et des acteurs talentueux, film qui mêle cinéma de genre et critique social, le film de Saïd Belktibia sort des sentiers battus et propose une œuvre différente qui fait plaisir à voir.
Une œuvre intense
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Synopsis :
Nour, une mère célibataire qui vit dans une cité de banlieue parisienne, elle gagne sa vie en faisant de la contrebande d’animaux exotiques pour des guérisseurs, lorsque l’une de ses consultations tourne mal, elle est accusée de sorcellerie par les habitants de son quartier, séparée de son fils Amine (Amine Zariouhi) dans la foulée, Nour devient la cible d’une chasse aux sorcières moderne, amplifiée par les réseaux sociaux.
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Anecdotes :
Le scénario du film a été écrit par Saïd Belktibia et Louis Pénicaut.
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Le film a été sélectionné hors compétition au Festival international du film fantastique de Gérardmer en 2024.
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Golshifteh Farahani, de son véritable nom Rahavard Farahani, est née le 10 juillet 1983 à Téhéran, elle est la fille de l'acteur et metteur en scène de théâtre Behzad Farahani et de la comédienne et peintre Fahimeh Rahimnia.
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Le personnage de Nour a été écrit spécialement pour Golshifteh Farahani.
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