Lire Lolita à Téhéran (2025) de Eran Riklis

Le réalisateur israélien Eran Riklis revient avec un nouveau portrait de femme, ou plutôt avec de beaux portraits de femmes après entre autre ses magnifiques films "La Fiancée Syrienne" (2004) et "Les Citronniers" (2008). Il revient en adaptant le roman autobiographique éponyme (2003) de Azar Nafisi (Tout savoir ICI !) qui l'avait marqué à la première lecture en 2009, puis après avoir redécouvert le livre en 2016 il a décidé de contacter l'autrice en lui demandant si elle acceptait de parler à un réalisateur israélien. Le cinéaste a acquis les droits après une rencontre avec l'autrice à Washington. Le cinéaste a engagé pour le scénario Marjorie David qui a surtout travaillé pour la télévision notamment comme productrice-scénariste sur les séries TV "Wildfire" (2005-2006) et "Life" (2007-2008). Le financement a été compliqué, finalement le réalisateur a trouvé des financements principalement en Italie où il a donc pu tourner ; c'est la première fois que le réalisateur tourne un film intégralement en Italie... Après des années à l'étranger, Azar Nafisi revient en 1979 en Iran où elle devient professeure à l'Université de Téhéran. Mais le pouvoir est désormais aux mains des fondamentalistes de l'Ayatollah Khomeini qui impose le voile et interdit la lecture des grands classiques de la littérature occidentale. Malgré les risques Azar donne des cours secrètement à sept de ses étudiantes... 

Azar Nafisi est incarnée par la franco-iranienne Golshifteh Farahani vue entre autre dans "A Propos d'Elly" (2009) de Asghar Farhadi, "Syngué Sabour" (2012) de Atiq Rahimi, "My Sweet Pepper Land" (2013) de Hiner Saleem, "Un Divan à Tunis" (2019) de Manele Labidi ou "Roqya" (2024) de Saïd Belktibia, qui retrouve surtout son réalisateur israélien après "Le Dossier Mona Lina" (2017), et retrouve aussi après "Shirin" (2008) de Abbas Kiarostami sa partenaire, compatriote et amie exilée Zar Amir Ebrahimi vue dans "Les Nuits de Mashhad" (2022) de Ali Abbasi, "Les Survivants" (2022) de Guillaume Renusson sans compter son propre film "Tatami" (2023) co-signée avec Guy Nattiv. Citons ensuite l'autre franco-iranienne Mina Kavani vue dans "Argo" (2012) de et avec Ben Affleck, "Enquête sur un Scandale d'Etat" (2021) de Thierry De Peretti ou "Aucun Ours" (2022) de Jafar Panahi. Citons encore Bahar Bejhaghi apparu dans la série TV "Blue Bloods" (2021), l'actrice allemande Lara Wolf vue dans "Hot Hair" (2018) de Frank Coraci ou "The Performance" (2024) de Shira Piven, Arash Marandi vu dans les séries TV "Téhéran" (2020-2022) et "All you Need" (2022-2025) ou les films "A Girl walks Home Alone at Night" (2015) de Ana Lily Amirpour et Under the Shadow" (2022) de Babak Anvari, Shahbaz Noshir aperçue dans "Pari" (2021) de Siamak Etemadi, Reza Diako qui retrouve après "The Persian Version" (2024) de Maryam Kershavarz son partenaire Ash Goldeh qui était aussi dans "Tatami" (2024) et vu "The Covenant" (2023) de Guy Ritchie retrouvant ainsi l'actrice Sina Parvaneh vue dans "Les Nuits de Mashhad" (2022) retrouvant donc Zar Amir Ebrahimi ainsi que l'acteur Arash Ashtiani. N'oublions pas de citer également les actrices Isabella Nefar et Catayoune Ahmadi dans leur premier rôle au cinéma... Tout d'abord on peut saluer la jolie réussite de la reconstitution iranienne en Italie, le tournage ayant eu lieu chez nos voisins latins. Eran Riklis explique : "Tout ce qui était capté par la caméra. J'ai aussi fait en sorte que tous les sons - dialogues, les bruits de la rue, la musique - soit d'un réalisme total. Je crois qu'on peut affirmer qu'on a réussi à reconstituer Téhéran à Rome." On confirme. Précisons également la gageure du réalisateur israélien de tourner un film sur l'Iran en langue farsi. Là aussi un pari gagné.

La thématique de la liberté intellectuelle et de l'importance des livres au sein d'une dictature n'est pas nouvelle dans le cinéma. On pense notamment aux autodafés de l'Inquisition ou sous les nazis. Sous le régime ayatollah de l'Iran le système est plus pernicieux, plus insidieux mais pas moins violent puisqu'au lieu de s'attaquer aux livres directement ils frappent les lecteurs et donc l'éducation qui y est liée. Si la ligne directrice reste le destin de Azar Nafisi/Farahani de son retour en Iran en 1979 et son départ en 1997, le parallèle essentiel et central du film repose sur l'oppression du régime envers les femmes, face à la littérature comme porte vers une liberté de pensée et donc source d'émancipation du moins intellectuelle. Malheureusement c'est sur le traitement respectif des deux parties que le film s'avère peu convaincant, où comment la partie oppression reste efficace sur le fond et sur la forme (torture, persécution, conséquences sociales...) mais qui reste plus laborieux voir cacophonique sur la partie littéraire, la psychologie inhérente aux réflexions, la philosophie scolaire effleurée, les discours plus ou moins téléphonée et/ou plus ou moins pertinents mais convenus, parvient difficilement à créer un réel lien tangible avec les événements. Sans compter une petite interrogation... ATTENTION SPOILERS !... on se demande comment et pourquoi Azar n'a jamais strictement été réellement inquiété ... FIN SPOILERS !... Le film manque un peu de passion et de lyrisme mais il n'en demeure pas moins vraiment intéressant d'un point de vue historico-social et donc à conseiller, forcément.

Note :                 

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14/20