Premier long métrage de Hélène Merlin, qui a d'abord été journaliste avant d'intégrer la Fémis avec entre autre son court métrage autoproduit "Un Commencement" (2014). Elle a commencé à écrire son histoire il y a près de dix ans pour devenir son premier scénario de long métrage alors intitulé "Cavale" qui a être sélectionné sur la liste des meilleurs scénarios de femmes au Festival de Cannes 2022. "Cavale" va alors devenir "Cassandre où la mécanique des ombres" puis simplifier ensuite lors du tournage fin 2023. Membre du collectif 50/50 qui promeut l'égalité des sexes dans le cinéma, la réalisatrice-scénariste s'inspire en fait de sa propre histoire lorsqu'elle a été victime d'inceste quand elle était adolescente dans les années 90. Elle co-signe son scénario avec la collaboration de Anne-Claire Jaulin scénariste de "Cherry" (2024) de Sophie Galibert puis de Clara Bourreau qui a co-écrit "A mon Seul Désir" (2023) de Lucie Borleteau ou "Le Paradis" (2023) de Zeno Graton. Précisons que le titre "Cassandre" n'est pas un choix anodin, il fait référence à la mythologie grecque, en échange de s'offrir à lui, le dieu Apollon lui octroie le don de dire l'avenir, mais finalement elle se refuse à lui alors Apollon décrète que ses prédictions ne seront jamais crues par quiconque. Le mythe sert ainsi la métaphore du film..
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Eté 1998, Cassandre a 14 ans grandit. Dans le petit manoir familial à la campagne, sa famille remarque aussi le changement ce qui la met mal à l'aise. Heureusement, Cassandre se passionne pour l'équitation et intègre un petit centre équestre... Cassandre est incarnée adolescente par Billie Blain aperçue dans "L'Astragale" (2015) de Brigitte Sy, "Les Eblouis" (2019) de Sarah Suco ou "Le Règne Animal" (2023) de Thomas Cailley, et adulte par Agathe Rousselle révélée dans "Titane" (2021) de Julia Ducournau et vue entre temps dans "Cash" (2023) de Jérémie Rozan. Ses parents sont joués par Zabou Breitman vue dernièrement dans "14 Jours pour aller Mieux" (2024) de Edouard Pluvieux, "Super Papa" (2024) de Léa Lando ou "On fait Quoi Maintenant ?" (2024) de Lucien Jean-Baptiste, puis Eric Ruf vu récemment dans les deux films "Les Trois Mousquetaires" (2024) de Martin Bourboulon, et il retrouve après "Poupoupidou" (2011) de Gérald Hustache-Mathieu son partenaire Guillaume Gouix vu dans "Toni, en Famille" (2023) de Nathan Ambrosioni et "Rosalie" (2024) de Stéphane Di Giusto. Citons ensuite Florian Lesieur remarqué dans la série TV "Plus Belle la Vie" (2020-2021), Laïka Blanc-Francard vue dans la série TV "The Walking Dead : Daryl Dixon" (2023-2024), et enfin la toute jeune Shanna Keil révélée dans "Mystère" (2019) de Denis Imbert... Le film est composé d'emblée avec une atmosphère singulière, imposant ainsi le fait que le drame est là tapis dans l'ombre, la mécanique narrative prend forme. La réalisatrice annonce ses idées de mise en scène par exemple la mise en place de plusieurs formats d'image (Super 8, 4/3, 1.33 puis 1.85) afin que le format s'élargit au même temps que Cassandre grandit ; on pense entre autre un peu à la scène culte de "Mommy" (2014) de Xavier Dolan, où voir aussi son film comme un conte noir non dénué de fantaisie avouant rendre ainsi hommage à l'humour noir de ses parents tout en usant de certains codes du conte avec les parents comme la Reine mère et le roi, l'importance de la forêt (dés-)enchantée et la figure du loup, puis enfin la cinéaste dit instaurer le quatrième mur... Malheureusement l'évolution du format d'image n'est pas assez parlant, le quatrième mur reste bien discret et surtout, vu le sujet, vu l'aspect autobiographique on a bien du mal à comprendre cet "hommage" et cet "humour noir".
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Par contre,on est particulièrement séduit par l'importance symbolique autour de la marionnette. Si la mise en scène n'est pas aussi inspirée qu'annoncée le récit reste sincère et immersif même si d'emblée l'environnement familial reste particulièrement malaisant... ATTENTION SPOILERS !... père militaro-rigide jusqu'au cliché et donc complètement antipathique, mais surtout mère aussi libérée qu'intrusive voir abusive au point de parler sexe de façon bizarrement ouvert en présence de ses enfants, avec un prime une nudité qui peut paraître anormale surtout au sein de l'intimité de la salle de bain, ou même entre frère et soeur ado, tout un contexte prédisposé à l'inceste finalement, jusque dans le cahier intime de Cassandre qui retire toute culpabilité à la famille puisqu'elle est mature et intelligente et pas son frère. Finalement la cinéaste elle-même semble ainsi metre en avant un inceste "normal" et pas si illégitime que ça... FIN SPOILERS !... Malaisant et bizarre, on ne sait que penser à tel point qu'on se demande vraiment ce que la réalisatrice-scénariste veut dire ou faire passer comme message ?! Notons que la production précise que "le tournage des scènes de viol, la cinéaste a choisi de ne pas faire d'ellipse et d'aborder le sujet de manière frontale..." Pourtant la question du viol est elle-même biaisé (voir spoilers), et non, ce n'est pas traité de manière frontale mais en hors champs ou plus ou moins suggéré. Par contre, les acteurs sont impeccables, les personnages magnifiquement croqués même si cela participe au malaise que la légèreté de traitement accentue encore plus et perd le propos de la cinéaste, et le côté chronique familial demeure intéressante même si l'humour noir a ses limites. Certainement maladroit le film reste intéressant car le thème de l'inceste ainsi montré est assez inédit, ébranle et questionne sans pour autant être convaincu ou convaincant...
Note :