The Grill (2025) de Alonso Ruizpalacios

Après ses films "Güeros" (2014), "Musuem" (2018) et "Notre Histoire Policière" (2021) le réalisateur-scénariste mexicain Alonso Ruizpalacios revient en adaptant la pièce de théâtre "The Kitchen" (1959) de Arnold Wesker qui plonge dans les coulisses d'un resto à Manhattan. Depuis quelques petites années on connaît une recrudescence des films culinaires, ce film surfe donc sur cette mode mais avec une certaine singularité même si, à choisir, il pourrait faire penser au film "The Chef" (2022) de Philip Barantini... C'est le coup de feu dans la cuisine du Grill, restaurant animé de Manhattan. Alors que Pedro, cuisinier rebelle tente de séduire Julia, l'un des serveuses, une crise va chambouler tout le service. Le patron découvre que l'argent de la caisse a été volé, soudain tout le monde devient suspect et l'ambiance commence à déteindre sur le service... 

Pedro est joué par Raul Briones qui retrouve son réalisateur après "Güeros" (2014) et "Notre Histoire Policière" (2021) ainsi que dans "Los Adrioses" (2018) de Natalia Beristain Eggurola, la serveuse dont il est épris est incarnée par la star Rooney Mara vue notamment dans "Carol" (2015) de Todd Haynes, "Marie Madeleine" (2018) de Garth Davis, "Nightmare Alley" (2021) de Guillermo Del Toro ou "Women Talking" (2022) de Sarah Polley. Citons ensuite Anna Diaz apparue dans "Totally Killer" (2023) de Nahnatchka Khan, Motell Gyn Foster aperçu dans "Marriage Story" (2019) de Noah Baumbach ou "The Ballad of Suzanne Césaire" (2024) de Madeleine Hunt Césaire, Laura Gomez surtout pour la série TV "Orange is a New Blak" (2013-2019), Oded Fehr vue essentiellement dans la franchise "Resident Evil" (2004-2012), Edward James Olmos remarqué dans les "Blade Runner" (1982-2017) mais surtout connu pour la série TV "Deux Flics à Miami" (1984-1990), Soundos Mosbah actrice française aperçu dans quelques séries TV, James Waterston fils de Sam Waterston et demi -frère de Katherine Waterston, à savoir membre de "Le Cercle des Poètes Disparus" (1989) de Peter Weir. Citons encore Lee R. Sellars apparu dans "Traqués" (2009) de John Polson ou "Tàr" (2023) de Todd Field, Spencer Graneses aperçu dans "Landline" (2017) de Gillian Robest, puis enfin John Pyper-Ferguson aperçu dans "Impitoyable" (1992) de et avec Clint Eastwood ou "Drive" (2011) de Nicolas Winding Refn... D'entrée on note les choix du réalisateur qui sont particulièrement judicieux, comme penser la cuisine comme un sous-marin qui fait naufrage (promiscuité, panique, stress...), penser la bande sonore par un mixage des sons de la cuisine comme musique (bruit de la caisse enregistreuse, la friture, des ustensiles qui s'entrechoquent... etc...), puis enfin le choix du Noir et Blanc plutôt inédit dans un film "culinaire" car le cinéaste voulait que le spectateur se concentre plus sur les personnages et les enjeux que sur l'art culinaire. Mais c'est un peu l'inverse qui se passe car quand on voit les plats c'est à l'image de la cuisine en entier niveau hygiène et art culinaire : dégueulasse ! C'est le gros défaut du film (ou de la gastronomie américaine tout simplement ?!).

L'hygiène de cette cuisine n'est clairement pas une priorité, le plus flagrant restant le tabagisme omniprésent, l'art culinaire est inexistant et à part la présence du homard on est dans un simple fast food. Rien ne séduit les papilles bien au contraire. Le pire est que la production prévient pourtant que les acteurs ont reçu une formation "rigoureuse" et que de vrais chefs préparaient les plats (?!). Les dialogues se résument en gros à une collection d'injures et d'insultes primaires et gratuits, exception faite peut-être de la relation entre Pedro/Briones et Julia/Mara et de la pause clopes où les employés se racontent leur rêve ; d'ailleurs cette partie est particulièrement longue, très longue, et finalement symptomatique du film qui aurait gagné à être raccourci de 20 bonnes minutes. On comprend le message politique et moral, d'où le panel tiers-mondialisé des employés du resto avec plusieurs passages qui martèlent le Rêve américain, ou pas ! Mais si le fond reste lourd et poussif la forme est elle éblouissante. La mise en scène oscille entre élégance et panache, la fluidité est remarquable notamment dans le gros rush qui nous laisse pantois. Mais à force de vouloir impressionner dans cette immersion brutale dans une cuisine-usine on frôle le pathétique et le ridicule... ATTENTION SPOILERS !... inondation mais tout le monde continue à bosser comme si rien n'était, pas de soucis que des serveuses trempées continuent à servir en salles ?! Et que dire des plats visuellement immondes ?! Et ce délire pitoyable de Pedro surréaliste ?!... FIN SPOILERS !... En conclusion, on adore le visuel technique de la réalisation, la mise en scène inspirée et immersive, des acteurs remarquables dans un cirque à peine croyable, mais dans le même temps rarement le culinaire n'aura donné aussi peu d'appétit.

Note :                 

Grill (2025) Alonso RuizpalaciosGrill (2025) Alonso Ruizpalacios

11/20