Qui est donc Jamal Malik, jeune adolescent intriguant originaire des bidonvilles de Mumbai, sur le point de remporter la fabuleuse somme de 20 millions de roupies ?
C’est à cette question que tente de répondre le scénario en nous plongeant dans le quotidien et les déboires de ces gamins des rues.
Dès le commencement, Slumdog Millionaire est un uppercut : mise en scène nerveuse et montage très serré, osant toutes les ellipses et les folies de caméra.
Nous ne sommes surtout pas ici en tant que touriste. Les images léchées style “carte postale” de l’Inde serviraient plutôt à montrer les contrastes fabuleux d’un pays que nous occidentaux sommes bien en peine de pouvoir comprendre. On est ici loin, très loin des du récent film de Wes Anderson : A bord du Darjeeling Limited (2008) où le voyage se voulait avant tout “spirituel”.
On serait plutôt dans la trame quotidienne brute de décoffrage d’une certaine classe de société indienne : Malgré la misère et les souffrances, ces enfants n’oublient pas de “sur”vivre avant tout. Il y a cette rage de vivre aidé par un culte des idoles (les stars du cinéma indien) qui permets de masquer un petit peu un quotidien scabreux et, pour la plupart d’entre eux malheureusement voué à l’échec. A ce titre, le film s’aventure dans quelques séquences surréalistes qui apportent un plaisir de cinéma indéniable. En rassemblant au fur et à mesure ces fragments de vie, on comprend pourtant qu’il existe plus fort que l’exploitation inhumaine de l’être humain, plus fort que l’avidité et la soif de possession. Quel dommage cependant qu’au terme de rebondissements aussi riches que palpitants que la fin verse dans le sentimentalisme très ”bollywoodien“.
Après avoir réalisé le fabuleux Sunshine (2007), Danny Boyle, réalisateur touche-à-tout talentueux réussit un très grand film jouissif et irrévencieux, attaquant en règle nos sociétés occidentalisées : Dieu est grand et c’était écrit !