[Critique] Incognito

Par Leblogcine

Quand une comédie évoque l’histoire -fictionnelle- d’un artiste chanteur, rien de mieux qu’un chanteur -réel- pour interpréter le personnage principal. Et quand le chanteur en question -Bénabar- s’improvise compositeur de la BO et co-scénariste du film, on en oublierait presque que c’est Eric Lavaine, le succulent scénariste de la série H, qui signe le tout.

J’suis chanteur, je chante pour mes copains

Bénabar s’offre donc le début d’une carrière d’acteur en jouant Luka, un ancien contrôleur RATP devenu subitement star de la chanson. Une aubaine pour ce futur papa passionné de musique depuis toujours. Le hic, c’est que malgré son titre d’auteur-compositeur reconnu par les médias, Luka a été rendu célèbre par les chansons de son meilleur ami Thomas qu’il croit mort depuis dix ans. A son grand étonnement, pas si mort que ça puisqu’il refait surface, ignorant encore tout de la carrière de son vieil ami. Luka n’a plus le choix, s’il veut garder son public et l’amitié de Thomas, il doit prétendre qu’il est toujours controleur RATP le temps que son ami reparte en Inde… Sans se rendre compte de la célébrité de Luka. Mais il n’est pas si facile de passer incognito quand son visage est placardé sur tous les murs de Paris, et qu’on habite une villa ultra moderne ! Le plus simple, c’est de faire passer son copain squatteur Francis pour un acteur plein de succès. Enfin, le plus simple…

Dans la veine de Lavaine

Par le biais d’un scénario plutôt simple au départ, Lavaine aurait pu tomber dans une comédie linéaire et insipide, gangrenée d’humour lourd comme on en voit trop souvent. Heureusement, Incognito n’est pas de ces films. La deuxième tentative cinématographique de Lavaine -Poltergay fut son premier film réalisé et un échec total- fleure bon les comédies cultes de Weber ou de la troupe du Splendid. L’esprit à la fois réaliste et loufoque, ainsi que des personnages loin d’être de parfaits héros rappellent le cinéma des années 1980. L’histoire, malgré son happy end gentillet, sait sortir des chemins battus et propose même un sympathique renversement scénaristique vers la fin. Question humour, on se rapproche beaucoup des quiproquos et des répliques bien envoyées de H. Impossible de ne pas succomber aux situations incongrues ni aux blagues parfois potaches mais jamais vulgaires. Principal défaut, le film est trop court pour donner de la profondeur à certains personnages, notamment à ceux de Thomas, joué par Jocelyn Quivrin, et de Marion, la femme de Luka.

Incognito, mais pas anonymes

La tripotée d’acteurs présents dans le film peut impressionner. Outre les agréables apparitions de Pierre Palmade ou encore de Yolande Moreau, on retrouve Jocelyn Quivrin qui cartonne actuellement dans LOL, et Virginie Hocq fait une prestation éclair hilarante.

Dans son premier rôle, Bénabar s’en sort bien mieux que la plupart de ses collègues chanteurs. Certes, il ne s’agit pas d’un rôle de composition, mais il se montre en général très naturel devant la caméra. On le sent tout de même un peu mal à l’aise, un peu rigide de temps en temps.  Pourtant, dès qu’il est dans son élément -face à un piano ou un micro- il se métamorphose et parvient à nous faire oublier les imperfections. Les fans du chanteur prendront un pied absolu à le voir évoluer sur grand écran, sans compter que la BO créée par lui s’avère tout à fait réussie. De plus, il fait preuve d’une grande auto-dérision à saluer.

Dans un second rôle purement comique, Frank Dubosc avait de quoi nous faire craindre un second Disco.  Il est vrai que le comique ne renouvelle pas vraiment son registre et compose un loser ringard, lourdeau et picassiette très stéréotypé. Cependant, les blagues ne sont visiblement pas de lui, alors ça passe merveilleusement bien : Lavaine parvient à le rendre tout à fait drôle et crédible, même à demi nu. Mais s’il incarne ce personnage avec brio, c’est moins le cas de ses collègues féminines. Anne Marivin a beau être mignonne, elle fait figure de potiche. Quant à Isabelle Nanty, elle parvient difficilement à nous faire rire tant son jeu est exagéré.

Au final

Très proche de classiques de la comédie, bien réalisé et offrant de bons acteurs, Incognito vous fera passer un bon moment. Il ne tombe jamais dans le sentimentalisme, et vaut la peine rien que pour les cascades de répliques vraiment drôles. Mais l’apparition de Bénabar fait vraiment la différence. Qu’on l’apprécie ou non, il apporte une dose de fraîcheur à un genre sérieusement en manque de renouveau.

S’il vous tarde de vous rendre dans les salles obscures pour confronter votre opinion, sachez tout de même qu’il vous faudra attendre le 29 avril 2009 !